Somptueux et débordant de sensibilité est le roman signé pour Mohamed Kali et paru aux éditions “Alpha”. Avec ce don magique de nous arracher à notre réalité quotidienne pour nous emporter dans une autre époque, l’époque coloniale en l’occurrence, l’auteur, un ancien instituteur, nous raconte avec un art juste, sensible et précis le quotidien écrasant, fait de misère, de privations et de souffrances contenues, des populations du pays profond sous le joug du colonialisme français. Le cœur du récit est une famille du Sud-Ouest algérien dont le jeune Moumen, le héros principal, incarne les déboires et les espoirs des lendemains qui chantent, mais qui peuvent tout aussi bien déchanter. “Confronté à la vie nomade dans un contexte colonial particulier du Sahara du fait qu’il n’existe pas une colonie de parlement… Le récit de Moumen, c’est le regard d’une enfant qui révèle le quotidien d’une famille en butte à des conditions de vie difficiles…”
Du fil des 130 pages de ce roman authentique, truffé d’anecdotes, nous éclatons de rire ou nous écrasons une larme en goûtant des mots qui fleurent bon les fragrances de l’arrière-pays. Avec sa charge d’émotion intacte, Mémoires nomades nous fait révisiter une page d’histoire authentique et poignante et nous grise comme un vin de derrière les fagots. Dans ce roman, le style est linéaire, le ton est juste et l’analyse délicate. Mémoires nomades, pour ainsi dire, ne se résume pas. Il se lit et se vit avec passion.
N. M.