La fin d’un cauchemar

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Après Mila et son fameux barrage de Beni Haroun (960 millions de M3), c’est la wilaya de Bouira avec ses trois barrages qui totalisent 840 millions de M3, et cela abstraction faite des autres ouvrages (retenues collinaires, forages, puits, captage de sources). Le vœu et les aspirations des populations et des agriculteurs de la wilaya de Bouira en matière de mobilisation des ressources en eau (en surface et en profondeur) deviennent de plus en plus des réalités palpables sur le terrain. Réputée comme région à climat continental à la porte des Hauts Plateaux du centre du pays, la wilaya de Bouira est, effectivement, caractérisée par la semi-aridité qui affecte la majeure partie de son territoire. La moyenne des précipitations annuelles sur la dépression centrale tourne autour de 500 à 600 mm. Cependant, vu la vastitude du territoire et des bassins versants des cours d’eau, les volumes d’eau qui se déversent dans les talwegs sont considérables. Et c’est pourquoi, la nouvelle politique de construction de barrages et de retenues collinaires, mise en œuvre depuis la fin des années 1990, vient à point nommé pour mobiliser toutes les potentialités hydriques qu’elles soient superficielles ou souterraines. Après des années, voire des décennies passées dans la pénurie du liquide précieux, les villes et les village de Bouira seront desservis, dans un proche avenir, d’une manière régulière, de même que de nouveaux périmètres irrigués verront le jour. Cela permettra au secteur agricole de se redéployer sur de nouvelles activités dans le cadre de la polyculture rendue possible par la présence de l’eau. Car, comme le reconnaissent ici les fellahs et des cadres agricoles, la vocation céréalière de la wilaya est mal assumée en raison de déficiences claires dans la gestion technique et en raison aussi des aléas et incertitudes qui pèsent sur le foncier agricole (les meilleures terres appartenant à des EAC où les nouveaux investissements sont maigres, pour ne pas dire nuls).

Les trois barrages hydrauliques situés sur le territoire de la wilaya – une fois achevé dans quelques mois celui de Koudiat Acerdoune dans la daïra de Lakhdaria- cumuleront quelque 840 millions de mètres cubes, ce qui dépasse largement les besoins locaux. A cela vont s’ajouter les volumes d’eau des retenues collinaires dont l’estimation donne 4,5 millions de mètres cubes.

Le plus grand barrage du Centre du pays, Koudiat Acerdoune, a une capacité de 640 millions de mètres cubes et ses travaux marquent un avancement assez appréciable pour qu’il soit réceptionné normalement à la fin de l’année en cours. De par sa position géographique, dans le cœur du moyen Isser, cet ouvrage fournira de l’eau pour cinq wilayas : Bouira, Médéa, Alger, Boumerdès et Tizi-Ouzou pour des besoins en eau potable et d’irrigation.

Le seul problème qui pourrait se poser pour de tels ouvrages est bien entendu leur entretien du fait que les risques d’envasement à moyen et à long terme ne sont pas exclus. Les bassins versants de ces barrages ont déjà fait l’objet d’une attention soutenue des services des forêts de la wilaya de Bouira puisque des travaux de stabilisation des terres y ont été initiés (corrections torrentielles, reboisements et autres plantations fruitières,…). Pour des besoins localisés ciblant des bourgades ou communes rurales, une politique d’exploitation des ressources hydrauliques locales a été initiée ces dernières années. Cela s’est traduit par la réalisation de forages, de puits de moyenne profondeur, de points d’eau issus de captages de sources, de diguettes le long des cours d’eau et de bassins d’accumulation approvisionnés à partir des forages. Une grande partie de ces ouvrages et équipements est prise en charge par des subventions et soutiens des fonds publics tels que les PSD, le FNRDA, le PSRE, PPDR…etc.

Les apports précieux de la petite hydraulique

Une autre catégorie d’ouvrages, les retenues collinaires, ont eu, ces derniers temps, les faveurs des techniciens. Par leurs grandes capacités de rétention, ces retenues représentent de substantielles réserves d’eau dans les zones rurales de la montagne et des piémonts.

A ce titre, le Projet d’emploi rural (PER 2) prévoit dans son programme pour les communes du sud de la wilaya de Bouira deux retenues collinaires dont les emplacements ne sont pas encore définitivement désignés. Les techniciens ont, d’emblée, jeté leur dévolu sur les sites de Oued El Malah, dans la commune de Dirah, et de Kherachiche dans la commune de Bordj Okhriss. La capacité totale de ces deux ouvrages est estimée à environ 500.000 m3.

Le projet de ces retenues est actuellement au stade des études d’exécution. L’autre programme qui vient renforcer la mobilisation des eaux de surface dans ces territoires étant celui des Hauts Plateaux initié à partir de 2006. Dans ce cadre, la direction de l’Hydraulique de la wilaya de Bouira pilote trois projets de retenues collinaires dans les communes de Ridane, Maâmora et Dirah. Leur inscription est intervenue en 2007 et la procédure de contractualisation est déjà enclenchée. En tous cas, une fois réalisées, ces retenues seront d’un apport considérable pour la région, d’autant plus que des terres agricoles de grande valeur agrologique sont présentes en aval de ces futurs ouvrages. Mais, jusqu’à présent, la seule spéculation pratiquée est la céréaliculture. Avec la disponibilité en eau, d’autres activités seront possibles (arbres fruitiers, maraîchages, élevage,…). Actuellement, le seul bassin versant qui continue à répandre ses eaux dans la nature c’est le bassin du Hodna qui ceinture la wilaya de Bouira par le sud. Les eaux des monts Dirah, Taguedite, Meghnine, El Ktef se déversent dans une dépression au niveau de la banlieue sud de la ville de M’sila, le Chott El Hodna. Les populations et les autorités locales des communes concernées ont toujours souhaité un barrage sur le M’Hezzem (à la frontière avec Bordj Bou Arréridj et M’sila). Dans ces régions pré-steppiques, l’eau constitue un élément vital pour l’activité agro-pastorale bien ancrée dans les traditions économiques locales. La sédentarisation des populations semi-nomades en dépend amplement. Dans la même zone, l’aménagement de certaines sources, comme celle de Aïn Ghorab présentant un très fort débit, s’avère un élément d’appoint important pour l’AEP et certaines activités secondaires de petite agriculture et de jardinage.

A. N. M.

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