La commune de Béni Maouche, situé à 80 kilomètres du chef-lieu de sa wilaya mère, Bgayet, se souviendra pour longtemps de cet été 2008. C’est une période qui a eu raison de sa survivance et qui aura joué un rôle important dans la détérioration de son état général à commencer par son développement économique qui n’aura malheureusement jamais lieu. Frappée dans sa chair par trois incendies ravageurs, la population est restée abasourdie par le laisser-aller des autorités qui n’osent pas la classer zone sinistrée. Le premier incendie a touché de plein fouet les citoyens de Trouna, lesquels ont perdu le 25 juillet plus de 106 hectares de broussailles et d’arbres d’une grande richesse. Ces habitants ont assisté impuissant à la disparition de centaines de figuiers et d’oliviers qui constituent la principale ressource durant leur existence. Le deuxième incendie, bien plus ravageur que le premier, a transformé en cendre, le 13 août passé, 900 hectares et a engendré l’évacuation de villages entiers. Le troisième feu dévastateur a ébranlé dans la soirée du mardi dernier une forêt de plusieurs centaines de sapins et a menacé le village de Bouikni situé en contrebas de la RN 74. Certes, le wali, en déplacement à Béni Maouche le premier jour du Ramadhan, a promis le dédommagement des sinistrés mais la promesse risque de s’éterniser et de ne jamais se concrétiser. La raison invoquée en haut lieu reste la difficulté de collecter les pièces à joindre au dossier d’indemnisation dans une région où les terres ne sont pas cadastrées et les pertes inestimables. Contactés par nos soins, un grand nombre d’agriculteurs fortement touchés par l’un des incendies veulent un dédommagement financier au moment où l’état proposerait un plan de reboisement et des plants d’arbres fruitiers. Dépassée par l’ampleur des dégâts, les autorités locales sont loin de maîtriser la situation et voient uniquement dans cette catastrophe une occasion d’inscrire sur leurs tablettes un nombre supplémentaire de nécessiteux, eux qui ne manquent pas dans la région. De leurs côtés, les responsables de la DSA ne proposent aucune solution du moment que les terrains touchés par le sinistre ne sont pas répertoriés et leurs propriétaires n’ont souscrit à aucune assurance. Comme un malheur ne vient jamais seul, le sombre tableau caractérisant la commune de Béni Maouche s’assombrit encore plus avec la sécheresse qui la guette et qui a fait que la distribution de l’eau potable soit sérieusement perturbée. C’est d’ailleurs cette calamité annoncée qui a poussé nombre de citoyens aisés à entreprendre le forage de sonde pour ne pas mourir de soif. Si l’on ajoute à ceci les coupures récurrentes de l’électricité, on pourra dire que la vie à Béni Maouche est devenue presque impossible cet été. Faisant fi de toute cette réalité contraignante, les autorités en place, loin de penser à classer cette zone comme sinistrée pensent plutôt sérieusement à organiser la fête de la figue à la fin du Ramadhan !
C’est ce que nos ancêtres appellent “avoir le derrière dans la flaque et penser aux pastèques” ! Si à l’ouest rien de nouveau, à Béni Maouche tout est à refaire et le discours que quelques élus tiennent à l’Assemblée frise le comble de la médiocrité.
Hilem Abdallah
