La ville s’anime la nuit

Partager

Cette dernière, ne vivant que le jour durant la majeure partie de l’année, s’anime comme par enchantement à la faveur du mois sacré. Le mois de carême offre ainsi un prétexte aux amateurs de sorties nocturnes de faire “le plein” avant l’Aïd. Ils refusent de s’enfermer chez eux bien que le programme de divertissement soit loin d’être alléchant. Des loisirs, ils s’en procurent avec les moyens de bord. “On peut si on le désire égayer ses soirées sans artistes ni théâtre”, affirme un jeune. Comme tous les habitants des contrées montagneuses, les habitants de Aïn El Hammam continuent à meubler leurs soirées de la même manière depuis des générations. Si la télévision numérique et les cybercafés ont quelque peu changé certaines habitudes, l’essentiel demeure comme au bon vieux temps. En dehors des visites à des proches, les sorties en famille n’ont pas le droit de cité. Ce n’est pas l’envie qui leur en manque mais plutôt les endroits accueillants. “J’aimerais de temps à autre sortir avec mon épouse et mes enfants pour aller prendre une glace ou une limonade mais aucun endroit acceptable n’existe à cinquante kilomètres à la ronde”, nous dit un jeune père de famille. Il confirme que, la Télévision reste comme dans de nombreux foyers la seule distraction, particulièrement pour les femmes. Quant aux hommes, peu intéressés par les séries, ils se désolent de ne pas disposer de chaînes numériques pour suivre les matches de foot européens. La lecture de journaux ou un documentaire avant de dormir meublent l’essentiel de la veillée du Ramadhan. Pour les jeunes, chater sur Internet fait partie du programme qui dure parfois jusqu’aux aurores. Les cafés de la ville, affichant complets au début de la nuit, se vident progressivement. Il ne subsiste que ceux qui proposent des jeux de dominos, de poker ou de loto. Après une virée entre copains pour prendre “quelque chose” de frais, on revient faire un tour au café du village où un silence de cathédrale vous accueille dès l’entrée. Et pour cause : tous les présents sont concentrés sur la voix qui épelle des chiffres. C’est un peu l’ambiance du loto, qui revient à chaque Ramadhan. Les joueurs, assis sur des madriers faisant office de bancs, attendent impatiemment que tous les chiffres portés sur leur carton soient “tirés”. C’est le premier qui remplit son carton qui rompt le silence. Les parties se suivront et la mise montera à mesure que les petits joueurs se retireront. Les accrocs, eux, ne rentreront qu’à l’aube en compagnie de leurs “collègues” du poker.

A. O. T.

Partager