Les populations des villages touchés par les derniers incendies ont fait la démonstration éclatante que l’esprit de thiwizi est toujours vivace. On doit, d’ailleurs, à cet atavisme bienfaisant, héritage des ancêtres qui ont dû affronter des adversités encore plus dangereuses, le bilan, somme toute modéré des feux multiples qui se sont déclarés presque simultanément aux quatre coins de la commune. Partout, la population se mobilise spontanément pour aller au devant des flammes. A Belias, en amont de Tizi Rached, un agent de la Protection civile a avoué : “Je n’ai jamais vu un incendie d’une telle ampleur dans toute ma carrière de 25 ans”, le village a été évacué rapidement. Les hommes se sont portés au devant du feu, protégeant les maisons, coupant l’alimentation des flammes en abattant les arbres et défrichant les ronces.
Les femmes apportaient des jerricans d’eau et sans fausse pudeur ont participé activement à la lutte. Et c’est ainsi que pas une maison n’a brûlé. Dans cette guerre contre le feu, les hommes se désaltéraient souvent, car le risque de déshydratation est grand. Il en fut ainsi partout d’ailleurs. Quand d’une maison cernée par le feu, les appels au secours jaillissaient, les hommes accouraient rapidement, délaissant des secteurs momentanément moins exposés. Et tout était fait pour empêcher le feu destructeur d’entrer dans les demeures. On faisait courageusement rempart aux flammes. Certains jeunes hommes téméraires durent même être rappelés à la prudence. Toute la population s’organisait en une longue chaîne humaine, chacun apportant sa part à l’effort général. La solidarité prit aussi d’autres formes, comme cette prise en charge du ftour des agents de la Protection civile, dont il faudra saluer au passage l’abnégation.
Les services forestiers ont été aussi engagés dans cette lutte vitale pour les hommes et l’environnement. Un émigré de longue date, rentré au pays pour se ressourcer, confia : “Cet élan de solidarité qui fait que les gens n’hésitent pas à risquer le danger pour les autres, je croyais qu’il n’existait plus. Ailleurs c’est chacun pour soi dans ce genre de situations.”
Cette mobilisation de tous fit qu’il n’y eut aucune perte en vie humaine à déplorer. Même le bétail fut sauf. Les pertes furent essentiellement en espace forestiers et arbres fruitiers. A signaler toutefois que beaucoup de hangars à fourrages ont été brûlés, ce qui obligera les éleveurs à délier leur bourse pour acquérir des réserves hivernales ou se résigner à vendre une partie de leur cheptel. Pour juguler les effets dévastateurs de ce sinistre, les agriculteurs espèrent tout de même un soutien de l’Etat.
M. Amarouche
