Réveillez-vous, c’est bientôt les présidentielles

Partager

Le vœu exprimé par le président de la République de réviser la loi fondamentale du pays afin qu’il puisse briguer un troisième mandat met les partis de l’Alliance dans tous leurs états. En fait, il est dans les mœurs politiques algériennes qu’on ne se présente jamais contre le chef du moment. Cependant, il est déjà acquis que la participation des formations de l’Alliance au projet présidentiel est certaine, vu, d’un côté, la désignation du patron du RND à la tête du gouvernement, et de l’autre la persistance du tapage au FLN. S’agissant du MSP, il est à parier que sa décision de porter à bras-le-corps le projet ne sera confirmée qu’une fois les divergences internes résolues. Depuis deux ans, le Front de libération nationale, FLN, fait de la révision constitutionnelle son cheval de bataille. On se souvient des menaces par Belkhadem, alors qu’il était président de l’Alliance, à l’endroit de ses pairs de la coalition pour qu’ils soutiennent la démarche du Président. Dans le cas contraire, le FLN sévira au sein de la troïka au pouvoir contre les récalcitrants. Le retour d’Ahmed Ouyahia à la tête de l’Exécutif et l’éviction de Belkhadem ajoute le doute aux calculs déjà entachés de suspicion du FLN qui ne devait sa survie qu’à Abdelaziz Bouteflika. La mauvaise posture que subit Belkhadem depuis son limogeage du poste du Premier ministre s’exacerbe notamment avec ses tentatives de diversion sur des questions liées essentiellement aux terrorisme, les mauvais choix économiques et la grogne sociale pour lesquelles il a tenté vainement d’être à la hauteur. Sa sortie lors de l’université d’été du Front à Blida sur l’arabisation et ses attaques contre les francophones ne sont que la traduction sincère de l’hallali qui sonne chez le barbéfélène. Cette sortie controversée de Belkhadem vient au moment où le terrorisme islamiste redouble de férocité, notamment avec l’attentat kamikaze qui a ciblé l’école de Gendarmerie des Issers, faisant une trentaine de morts.

Son appel du pied à Bouteflika pour procéder à la révision de l’article 74 de la Constitution confirme sa mauvaise posture et renseigne, désormais, sur sa périlleuse situation dont la survie tient au seul chef de l’Etat. Même topo du côté de l’opposition. Pour le RCD, où les démissions à répétition rongent une formation déjà amoindrie par l’omnipotence du chef. La guerre ouverte entre Djamel Ferdjellah et les adeptes de Sadi dans la wilaya de Bgayet en disent long sur la crise camouflée couvant au sein du Rassemblement. Par rapport aux élections présidentielles, l’appel de Sadi à une surveillance internationale des élections donne un avant-goût de la position du parti. Pour son frère ennemi, le FFS, la rencontre des contestataires légalistes à Akbou, le 29 du mois écoulé, sonne le glas pour la direction du vieux parti de l’opposition. Le secrétariat national que mène Karim Tabou n’est pas près de digérer l’idée de créer un FFS bis. Le remue-ménage qui secoue la maison FFS depuis sa débâcle lors des dernières élections risque de perdurer. Du côté islamiste, l’agitation oppositionniste d’El Nahda à l’APN avec son appel au rejet de l’ordonnance de la Loi de finances complémentaire ne s’inscrit que dans une stratégie de gesticulations pour manifester son existence.

Le silence caractérisant la scène politique nationale n’est que synonyme d’incertitudes de la part des acteurs. L’annonce de la candidature du Président relancera-t-elle les débats ou lancera-t-elle la course aux alliances?

Mohamed Mouloudj

Partager