DDK : Commençons par le service des urgences, le service le plus sollicité …
M. Lamouri : Il existe 5 services des urgences au niveau des cinq hôpitaux que recèle la wilaya de Bouira. Sur ces cinq services, trois ne répondent ni aux exigences ni aux conditions car les locaux sont exigus et les conditions de travail sont dures. Pour cela, nous avons inscrit déjà deux pavillons des urgences pour les localités de Lakhdaria et d’Aïn Bessem dont les travaux débuteront avant la fin de l’année en cours.
Il faut savoir que le Ministère de la Santé axe ses priorités sur la prise en charge qualitatives des malades qui arrivent aux services des urgences. Pour exemple, l’hôpital Mohamed Boudiaf de Bouira doit faire face à 300 à 500 malades en 24h, qui sont admis aux services des urgences, sans compter les multiples aléas de la route et les accidents domestiques, à savoir empoisonnement, intoxications et brûlures qui arrivent et qui compliquent davantage la prise en charge.
En sommes, beaucoup reste à faire…
Malheureusement, aux services des urgences même si nous avons renforcé les effectifs il reste à développer le coté psychologique à l’accueil. Je n’oserais dire également le savoir-vivre car de ce point de vue il existe un énorme problème des deux cotés, aussi bien chez les professionnels qu’auprès des accompagnateurs des malades ou des blessés, ce qui complique la prise en charge.
Dans la wilaya de Bouira, nous avons remarqué une spécificité : le service des urgences est débordé à partir de 20h. C’est-à-dire qu’il y a quelque part une certaine mauvaise habitude qui s’est ancrée dans les esprits des gens et dans la plupart des cas il s’agit de consultations nocturnes qu’une urgence à proprement parler.
On reçoit cependant tous les malades et l’on ne refuse personne en disant que ce n’est pas une urgence. Les médecins sont obligés de les examiner et de les ausculter.
Ce qui contraint donc la vraie urgence à patienter…
Hélas, oui ! Lorsqu’un blessé ou une personne reste plus de dix minutes aux urgences il n’est plus considéré comme une urgence, mais comme un simple malade venu en consultation. Une situation qui accentue, voire qui aggrave les problèmes relationnels avec les malades et les accompagnateurs. Il faudrait justement que les accompagnateurs de ces malades laissent travailler les praticiens et le personnel médical dans de bonnes conditions et dans le calme afin de développer le côté qualitatif des soins.
L’équipement aussi participerait à une meilleure prise en charge…
Les instructions ministérielles sont claires à ce sujet : il faut impérativement renforcer le plateau technique des services des urgences de façon à installer deux radios au minimum pour détecter les besoins du malade. Des instructions ont été données aux chefs des établissements hospitaliers pour veiller personnellement au respect du schéma organisationnel des urgences et de mettre à la disposition des praticiens médicaux tous les moyens et là l’argent ne manque pas pour acquérir tous les équipements nécessaires à utiliser dans les pavillons des urgences. En tant que DSP, nous avons multiplié les inspections inopinées dans de nombreux centres pour veiller au bon fonctionnement, cela de jour comme de nuit.
Les urgences en général dans la wilaya de Bouira avec l’achèvement des deux pavillons de Lakhdaria, d’Aïn Bessem et celui de Sour El Ghozlane seront menées à bien.
Cinq services des urgences pour 45 communes, soit 12 daïras, n’est-ce pas trop peu ?
C’est très, très peu en effet et c’est beaucoup à la fois. On entend par urgences un patient qui arrive dans un milieu disposant de tous les moyens. Lorsqu’on ouvre un point d’urgence au niveau d’une commune donnée, il faut que cette structure dispose d’un plateau technique et ce n’est pas le cas.
Il s’agit plus d’un endroit d’enregistrement et d’évacuation, mais nous nous attelons à faire fonctionner progressivement les unités, notamment les polycliniques 24h/24 à partir de la fin de cette année. Nous sommes actuellement en train de recruter massivement des médecins généralistes via des placards publicitaires et avec le renforcement des effectifs, les structures de la wilaya de Bouira fonctionneront de jour comme de nuit. Dès lors, la consultation, qu’elle soit diurne ou nocturne, sera une consultation suivie selon les cas d’une évacuation avec un personnel médical averti vers un hôpital. L’objectif n°01 est d’arriver à court et moyen terme à doter chaque commune d’une ambulance.
C’est le cas actuellement des communes hauts plateaux avec l’apport de l’APW qui a accordé une enveloppe pour l’acquisition de 5 ambulances dans le budget de l’année 2008. Pour 2009 nous avons réitéré notre demande ; nous essayerons de doter chaque commune d’une ambulance pour évacuer rapidement le malade qui pose un problème de niveau de prise en charge.
Le Ministère nous a accordé 75 postes budgétaires pour l’année 2008 et nous comptons demander deux fois ce chiffre pour l’année 2009.
Des médecins généralistes et spécialistes quittent les structures hospitalières à cause de l’absence de logements de fonction…
Le problème est définitivement réglé, nous avons pu obtenir 92 logements, y compris 4 pour la DSP. Nous disposons d’une liste de communes où le besoin de logements se fait ressentir. 37 logements ont été attribués à des médecins généralistes seulement. Actuellement, nous sommes en train de réaliser 7 polycliniques qui auront chacune deux logements, et le problème sera ainsi définitivement réglé en stabilisant le médecin auprès de l’infrastructure pour assurer son astreinte.
La région de M’chedallah souffre du manque de lits dans l’actuel hôpital. Que comptez-vous faire ?
Il n’y a pas seulement la région de M’chedallah, Aïn Bessem aussi se plaint de cet état de fait. Pour M’chedallah et Aïn Bessem, nous avons demandé l’inscription d’un hôpital de 120 lits. Actuellement, à M’chedallah la capacité d’accueil de l’hôpital est de 88 lits fonctionnant dans des conditions difficiles. La structure rend service mais n’est pas dotée de pavillon d’urgence. La polyclinique fait office d’urgence et en même temps de consultation. Chose qui est difficilement admissible. Un hôpital normalisé est une nécessité absolue pour la région de M’chedallah.
Des associations défendant les droits des malades se plaignent du manque d’aide…
Je souhaiterais que ces associations nous apportent de l’aide, tout du moins sur la sensibilisation, l’information et l’éducation du malade.
Une association qui vient nous réclamer un local ou des équipements nous n’en n’avons pas besoin. ça devient une sorte d’administration parallèle ou une annexe de l’administration.
L’exemple de l’Association des donneurs de sang est à saluer car elle fait du bon travail : elle sensibilise le public. Il faudrait avoir des vis-à-vis qui puissent nous aider à créer un plan d’action à mener pour leur assurer une éducation comme aux diabétiques.
Une, prise en charge simple mais qui, peut si elle n’est pas assurée rapidement dégénérer. Ces complications entraînent des coûts car les diabétiques deviennent aveugles, cardiaques, hypertendus, insuffisants rénaux et ces pathologies, pèsent financièrement.
Entretien réalisé par Hafidh B.