Cette expression, que les Algérois employaient autrefois, signifie : «désaltère-toi, ô assoiffé !». Elle était prononcée par cette multitude de jeunes garçons qui, à l’arrivée de l’été, dressaient sur un cageot un broc de citronnade dans lequel nageaient des morceaux de glace. Cette tradition est en train d’être récupérée à… Tizi Ouzou où des jeunes proposent aussi, dans une ville des Genêts brûlée par le soleil, des bouteilles d’eau minérale, des sodas ou des pots de glace, à des voyageurs assoiffés ! Voyageurs et non passants car le lieu de prédilection de ce négoce, il faut bien dire utile, est la gare routière ! A midi, à l’heure où le soleil au zénith darde des rayons à faire fondre les pierres, les petits marchands entrent dans les bus et proposent leur marchandises : aman, lagazuz, lakrim, eau, limonade, glaces ! La marchandise est transportée dans des cageots légers et elle est bien visible. Peu de voyageurs, assommés par la chaleur résistent à la couche de givre qui recouvre la bouteille deau minérale ou le soda. En d’autres temps, c’est les cacahuètes bien glacées ! Le cageot est vite vidé. Awid taqar’ât, «apporte une bouteille!» Il n’en reste plus ? Qu’à cela ne tienne, un autre gosse arrive avec un autre cageot : bouteilles givrées et glaces. C’est à croire qu’il y a, dans la gare un entrepôt de boissons glacées… Ces gosses travaillent-ils pour leur propre compte ou pour le compte d’une personne ou d’un groupe de personnes qui les emploient ?Mystère… En tout cas, ce «commerce» doit rapporter beaucoup puisque la bouteille d’eau minérale est vendue le double de son prix habituel : 30 DA au lieu de 15 !
S. Aït Larba