La fripe omniprésente mais chère !

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Le marché hebdomadaire de l’ex-Fort National accueille de plus en plus d’étals de vêtements usagés. Il y a, en moyenne, jusqu’à six grands étals de vêtements et quatre ou cinq de chaussures plus ou moins usagées, autour desquels s’affaire une grande foule. L’abondance de ce type de vêtements est révélatrice de l’indice social de pauvreté. On y trouve de tout : chemises, pantalons en tous genres, vieux jeans, pantalons classiques, survêtements, vestes en toile, de simili cuir, ou en cuir véritable quelquefois. Mais les prix laissent parfois pantois. Un monsieur demandant le prix d’un vieux pantalon, qui devait servir pour les travaux des champs, se vit répondre 350 DA. Juste un peu plus loin le même pantalon, cette fois tout neuf, est proposé à 500 DA ! Le choix est vite fait. Les vendeurs de fripe, aux ventes dopées par la misère sociale, en profitent pour faire monter les prix graduellement. Parfois la marge avec un vêtement neuf est réellement minime.

Il y a aussi énormément de souliers usagées proposées. Pour cette catégorie également, la tendance est au renchérissement. Il n’est pas rare qu’une paire de souliers usagés soit proposés aux deux tiers ou même au-delà du prix d’une neuve. Aussi, si beaucoup de gens regardent, soulèvent, demandent le prix, peu de transactions se concrétisent. Les mêmes méthodes sont au fond utilisées par les vendeurs de fruits et légumes. Le prix d’un fruit de bien moindre qualité est tout juste inférieur de quelques dinars à celui de qualité nettement supérieure. Les acheteurs cherchant toujours à économiser, pour tenir le plus possible jusqu’à la prochaine paye, sont forcés de se rabattre sur les produits de seconde qualité. Ainsi, si on peut trouver du raison dattier de Beyrouth ou même du Cardinal succulent à 80 ou 100 DA, le raison blanc ordinaire, vieilli sur les étals, à tel point que les grains tombent tous seuls, n’est pas cédé à moins de 65 ou même 70 DA.

Il y a donc une sorte de chantage insidieux sur les consommateurs qui, forcés de s’approvisionner, optent, à leur corps défendant, pour un choix médiocre qui gruge quand même leur bourse.

M. Amarouche

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