«Le handicapé est doublement marginalisé»

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Le sport pour handicapés en Algérie est relégué à la seconde place, car nos responsables pensaient et pensent encore que cette catégorie de la société pratique le sport pour le plaisir et non pour la performance.

Les Jeux Olympiques de Pékin pour handicapés ont démontrés que nos responsables sont loin de la réalité du terrain malgré le manque flagrant de moyens dont dispose cette frange.

Nous avons eu le plaisir de rencontrer l’un des membres fondateurs de Handisports à Béjaïa et actuel président de l’Association sportive d’Handicapés de la wilaya de Béjaïa (ASHWB), Rabah Hmitri, qui a bien voulu répondre à nos questions.

La Dépêche De Kabylie : Pouvez-vous nous retracer l’historique de votre club ?

Rabah Hmitri : Notre club a été créé à la fin des années 80 par la ligue des sports des handicapés jusqu’à l’année 95 où on s’est détaché de la ligue locale pour devenir une équipe autonome et indépendante.

Au cours de tout ce parcours, nous avons joué au haut niveau du basket national, surtout sous l’égide de la ligue, à savoir la Division une ou par manque de moyens, on n’a pas pu garder notre place sur l’échiquier national. Après deux ans, on a connu une rétrogradation en Division deux jusqu’à nos jours.

Ne pensez-vous pas qu’il faut créer d’autres sections afin d’élargir le champ de la pratique sportive pour handicapés?

C’est un projet auquel je tiens énormément. On veut créer une section d’athlétisme et une autre de natation, les responsables de l’APC de Béjaïa nous ont promis des fauteuils roulants spécial athlétisme mais on attend toujours que cette promesse se concrétise sur le terrain, nos athlètes l’attendent avec impatience surtout qu’ils ont un capital expérience dans ce domaine en participant à plusieurs marathons.

Quels sont les problèmes que rencontrent vos athlètes ?

Le plus grand problème que rencontrent les handicapés, en général, est le moyen de transport, on ne dispose pas encore de fourgon aménagé pour handicapés afin de faciliter les déplacements de notre club. Nous disposons de douze basketteurs qui s’entraînent à partir de 18 h, et puisque les journées sont très courtes alors je vous laisse le soin de déduire les problèmes qu’endure cette catégorie pour rentrer le soir chez eux. On va essayer de trouver une solution à ce problème, qui restera temporaire, à savoir payer des taxis afin d’acheminer ces athlètes chez eux après entraînement. Le handicapé en Algérie est doublement marginalisé, socialement et sportivement.

Quel est l’objectif du club pour cette saison ?

La saison dernière, nous avons raté le championnat de justesse, on a terminé 3e. Par manque de moyens, on jouera encore cette saison le maintien. On aimerait bien avoir un peu plus d’aide pour retrouver l’élite le plus vite possible, surtout que nous sommes armés d’une grande volonté, mais on n’a pas le choix. Nous avons recruté un entraîneur pour cette saison, à savoir M. Samir Lalaoui, qui est un ancien basketteur, en espérant qu’il amènera du sang neuf et un plus pour le groupe.

Je vous laisse le soin de conclure…

Je veux lancer un appel aux autorités locales afin de venir en aide à cette équipe, ses responsables font de leur mieux pour donner un peu d’espoir à cette catégorie qui, il faut dire, est très marginalisée. Je lance un appel aux jeunes handicapés de venir pratiquer le sport, les portes du club sont grandes ouvertes.

Propos recueillis par Zahir Hamour

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