Des débats de fond ont été enclenchés par les spécialistes pour tenter d’analyser l’horreur, sans pouvoir, pour autant, endiguer l’hécatombe. De fait, une solution d’urgence s’impose pour que nos routes soient plus sûres. Une solution qui doit s’articuler prioritairemenet sur le facteur humain, responsable, selon les études, de 70% des accidents mortels.
Et c’est à partir de cette conception qu’est née l’idée de lutter contre le phénomène en renforçant les aptitudes du chauffeur, avant et pendant la conduite. Une conception qui a automatiquement débouché sur un débat intense, prenant parfois les allures d’une polémique, sur le rôle des autos-écoles algériennes et leur degré d’implication dans les boucheries routières.
Auto-école, candidat : qui est coupable?
Par les temps qui courent, le permis de conduire est complètement vidé de la vocation d’”aptitude de déplacer un véhicule à moteur.” Il n’est, pour beaucoup qu’un anodin papier rose, présenté à tout bout de champ pour des usages parfois inappropriés. Une main accusatrice est également pointée vers la tripartite candidat – auto-école – examinateur, à chaque fois qu’on évoque l’insuffisance de la formation routière ou l’inadaptation des évaluations.
Et c’est justement pour recentrer les débats que de nombreux spécialistes se sont prononcés pour un intérêt tout particulier pour le candidat lui-même, et ce, tout en imposant des consignes de plus en plus strictes aux gérants des auto-écoles.
Car selon ces mêmes spécialistes, le candidat est l’acteur principal dans tout ce circuit. Il est donc censé bien se former avant de se faire délivrer son permis de conduire. Dans le cas contraire, il sera considéré soit comme un candidat au suicide, soit futur assassin, et cela est un fait que la société tend malheureusement à ignorer.
Il faut donc un travail de fond à entamer pour, d’un côté, faire comprendre au candidat que la finalité n’est pas dans le document – lui même mais dans la qualité de la formation qu’il aura durant son stage de conduite et convaincre les mentalités que si un changement doit être opéré, il doit se faire prioritairement ( mais non exclusivement) sur le candidat, d’une manière à ce que sa part de responsabilité soit définie et tranchée.
Dans quelles conditions obtient-on un permis?
En décryptant le secteur de l’auto-école à Tizi-Ouzou, le constat établi est tout simplement déplorable : la wilaya ne dispose que de neuf examinateurs gérant un “flux” quotidien de 400 candidats en moyenne, et ce, pour 255 auto-écoles en activité. En plus clair, l’examinateur ne peut accorder plus de cinq petites minutes à l’élève candidat pour, à la fois évaluer son aptitude générale, ses réflexes, sa maîtrise du véhicule, sa connaissance du code de la route…etc.
Plus grave encore, la wilaya de Tizi-Ouzou ne dispose d’aucun circuit d’auto-école digne de ce nom. A l’heure actuelle, aucun circuit répondant aux normes n’a pu être homologué dans la wilaya. La plupart étant des aires de fortune. De nombreuses communes sont même dépourvues de cette structure, pourtant primordiale. Conséquence : Il n’est pas rare de voir des candidats de deux ou trois localités se disputer un circuit, même pas adéquat pour y jouer du foot, et y passer des examens devenus avec le temps d’une légèreté et d’une rapidité déconcertante. Tout en étant conscient des conditions désolantes du secteur dans la wilaya, la direction des transports de Tizi-Ouzou, questionnée sur le sujet, a tout de même affiché un optimisme avéré quant à l’amélioration de la situation. “Ce dossier est actuellement géré d’une manière prioritaire par nos services. Des rencontres régulieres s’effectuent avec les parties concernées, et des solutions sont en passe d’être dégagées…” nous confiait t-il, avant d’ajouter : “Notre mission s’est fixée trois objectifs principaux : améliorer la qualité de la formation, créer des centres d’examens appropriés et renforcer l’examen de conduite en le rendant plus sévère. Tout cela s’effectuera, bien entendu, avec un travail psychologique visant à responsabiliser le candidat, l’éduquer, le rendre plus conscient et plus apte…” conclut t-il. M. Rezig, qui a laissé apparaître un franc intérêt à ce dossier a également promis de régler les insuffisances constatées ça et là, et ce, d’une manière à satisfaire, l’auto-école, l’examinateur et le candidat. Le reste, nous dit- t-il, est à la charge d’une société qui a toujours considéré les accidents de la route comme une fatalité. En prenant attache avec quelques gérants d’auto-école, nous avons constaté que globalement, les soucis évoqués sont similaires à ceux déjà énoncés ci-haut.
Il partagent néanmoins la même ambition de restituer les choses et rendre le facteur humain moins violent sur nos routes.
Ahmed B.