Le relief ralentit les travaux

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Celui-ci sera livré finalement, avec un leger retard, au début de l’année prochaine. Plus que quelques mois donc et Tizi pourra enfin pousser le grand ouf de soulagement qui l’étouffe depuis tant d’années. Pour ceux qui ne le savent pas, le projet date, en fait, de 1994. Actuellement les travaux tirent à leur fin, les différents chantiers sont en voie de finition et dans certains endroits, on a déjà procédé à la pose des rails. C’est ce que nous avons constaté, en effet, lors de notre virée effectuée sur les lieux, avant-hier. Les responsables du projet affirment aussi que le chemin sera prêt au plus tard le mois de janvier 2009.

“Le projet sera livré dans les tout prochains mois, très probablement le mois de janvier”, dira en substance, le directeur du bureau d’études et réalisation (Bertho) de Tizi-Ouzou, M. Aït Issad en l’occurrence qui nous a reçu dans son bureau. M. Aït Ouahioune, le coordinateur technique du même bureau, lequel est chargé du suivi du projet en tant que bureau d’étude affilié à l’une des entreprises réalisatrice du projet, l’ETRHB Haddad, explique lui que le plus gros des travaux a été réalisé. “On est à 80 % des travaux”, résume, en somme, le directeur du groupement ETRHB-Ozgua, M. Kadi.

La gare Kaf Naâdja, un vrai chef-d’œuvre

Il est vrai, en effet, qu’il ne reste plus que “quelques bribes” pour la livraison du chemin, au niveau des différentes installations et ouvrages réalisés, à porter les dernières touches, comme c’est le cas par exemple, à la gare Kaf-Naâdja qui fut la première halte de notre visite. La gare, avec ses deux blocs, reçoit, en effet, sa couche de peinture. Il était environ 14 h lorsque nous arrivons sur les lieux. Les ouvriers travaillent d’arrache-pied. Certains d’entre eux terminent le vitrage des passages, alors que d’autres effectuent d’autres travaux de finition. “Il ne reste plus grand-chose à réaliser ici. Comme vous pouvez le constater, tout est pratiquement fin prêt”, nous dira M. Aït Ouahioune qui nous a accompagné tout au long de cette visite.

“ Cette gare sera d’une capacité de 10 000 passagers / jour”, a expliqué notre guide et de poursuivre : “ Comme vous le voyez, elle est dotée de deux blocs. L’un servira de bureau et l’autre pour recevoir les passagers.” Cette gare, signalons-le, est distante de près de 3,5 km de l’ancienne gare de Tizi-Ouzou.

Nous quittons la gare de Kaf Naâdja pour aller parcourir l’itinéraire du chemin de fer. A peine avons-nous entamé la route que nous avons été attirés par une installation faite de gabions. Nous marquons ainsi une halte. Il s’agissait, en fait, d’une installation en pierres qui permet la canalisation des eaux d’un oued venant des montagnes. “Nous avons pratiquement fini”, nous dira un des travailleurs trouvé sur place, vraisemblablement le chef d’équipe. lls étaient une dizaine, ces ouvriers qui effectuaient ces travaux. “Vous voyez dans quelles conditions ils bossent !”, ironise M. Ait Ouahioune. En effet, les ouvriers avaient l’eau jusqu’aux genoux, ils tissaient la ferraille, dans le lit même dudit oued.

Nous allions quitter les lieux, qui puaient, en fait, car tout juste à côté du chantier gisait une marre d’eaux usées, lorsque notre guide, le sympathique, M. Ait Ouahioune, nous interpella : “ Vous cherchiez à photographier un des tunnels qui jalonnent l’itinéraire du chemin de fer. En voilà un !”. Le tunnel qu’on n’a pu pénétrer du fait qu’il était fermé, est immense et s’étale sur plusieurs mètres.

3 tunnels, 6 viaducs et 2 ponts réalisés

On signalera que sur les 14 km, il a été réalisé en tout trois tunnels, l’un à Tassadort qui est de 225 mètres, l’autre à Bouhinoun et le dernier à Ihesnaoune. Celui-ci est long de 652 m. “ Les trois tunnels ont été réalisés par la société turque Ozgun”, a tenu à préciser notre interlocuteur, ajoutant que le reste des ouvrages et autres sont l’œuvre de l’ETRHB. En fait, outre ces trois tunnels, six viaducs et deux ponts ont été construits.

Notre halte au niveau du chantier entrepris pour la canalisation des eaux de l’oued ne durera que quelques minutes. Nous reprenons la route à bord du Partner appartenant à l’entreprise ETRHB, sur une piste sinueuse au bout de laquelle nous parvenons à la localité de Chamlal où est implanté l’un des viaducs. “Il s’étale sur une distance de 450 mètres”, explique M. Ait Ouahioune. Il est vrai en effet que cet ouvrage est gigantesque. Il est à se demander d’ailleurs comment a-t-on procédé à son installation. “ C’est grâce à une nouvelle technique qui consiste à pousser les rails à l’aide de vérins”, dira encore notre guide. En effet, sur les lieux, ll n’y a avait ni grue ni un quelconque autre engin. On n’y a trouvé que quelques ouvriers qui effectuaient des travaux de soudage en assemblant des pièces métalliques servant de rails. “ Avec cette technique, on n’a plus besoin de grue. Cela dans la mesure où l’on ne soulève pas les rails, mais on les pousse après leur soudage”, explique encore M. Ait Ouahioune, qui demande au chauffeur de nous rejoindre au niveau de ce qui reste de l’ex-campus universitaire de Oued Aissi. Nous continuons notre tournée à pied.

A vrai dire, on n’a pas fait un long chemin, puisqu’on s’est retrouvé sur les lieux du rendez-vous une poignée de minutes seulement après. “Ici, c’est une halte qui va être implantée”, poursuit le directeur technique du BERTO, lorsque nous arrivons à hauteur du portail de l’université Oued-Aissi.

Le chauffeur nous y attendait déjà. Aussitôt arrivés, nous prenons place dans la voiture, direction zone industrielle de Oued-Aïssi où prend fin le chemin de fer. Il était environ 15 h30 et une longue file de voitures commençait à se former au niveau du barrage de la Gendarmerie nationale d’Issiakhen. Il a fallu d’ailleurs passer une dizaine de minutes à suivre la file avant de parvenir à destination. Nous sommes entrés sur le site où sont stockés des tas de matériaux et où des engins étaient également garés. La journée tire déjà à sa fin, mais ça continuait quand même à fourmiller. Les va-et-vient des camions sont incessants. “ Là où nous sommes, ce sera le futur port sec”, dira en substance M. Ait Ouahioune. On est en fait exactement au niveau de l’ancien site du marché hebdomadaire.

Un peu plus loin, des ouvriers travaillent sur une conduite d’évacuation des eaux pluviales, installée le long du chemin de fer, un chemin qui a pratiquement reçu l’ensemble des rails à cet endroit. Un malaxeur arrive à l’instant même pour verser son contenu dans le caniveau. Combien d’ouvriers travaillent sur le chemin de fer? C’est la question que nous avons posée à Aït Ouahioune. “Je n’ai pas le chiffre exact mais c’est dans les environs de 700 travailleurs”, a-t-il répondu.

Quelque 700 travailleurs interviennent dans le chantier

Oued Aissi était la dernière halte de notre visite. Sur le chemin du retour vers la ville des Genêts, nous n’avons pu nous empêcher de jeter un coup d’œil sur le site où était implanté des années durant le bidonville de Oued Aissi. L’endroit a complètement changé de look. Le bidonville n’y est plus et le terrain a été terrassé pour le besoin justement du passage du chemin de fer. M. Ait Ouahioune ne s’est pas empêché aussi de faire remarquer que l’expropriation des habitants leur a pris beaucoup de temps. En fait, ce n’est pas seulement ce problème qui a “fait perdre” du temps aux entreprises en charge du projet. Il y a aussi l’état du terrain où est installé le projet qui dans son ensemble est accidenté, ce qui a d’ailleurs nécessité la construction de 6 viaducs, 2 ponts et 3 tunnels.

“Sans cela et sans toutes ces contraintes, le projet aurait été déjà livré”, nous a dit d’ailleurs le directeur du groupement ETRHB-Ozgun, M. Kadi en l’occurrence. Il est à signaler, en fait, que ce groupement n’a pris en main officiellement le projet qu’en 2004.

Auparavant, il était géré par les deux entreprises Cosider et l’ENGOA, Quoi qu’il en soit, Tizi-Ouzou peut, d’ores et déjà, se féliciter d’être dotée enfin d’un chemin de fer.

Quant à la longue attente, il ne faut pas trop s’en faire, Alger a également attendu une éternité avant de bénéficier du métro, l’essentiel c’est que le rêve se réalise et que l’attente n’ait pas été vaine.

M.O.B.

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