La mort de Salim D. toujours non élucidée

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Dans notre édition du dimanche 26 octobre, nous avions rapporté que l’origine du blocage de l’ascenseur de la tour Nabila Djahnine qui avait coûté la vie à Salim D. serait une coupure de courant sur la foi du témoignage de deux voisines du défunt qui s’étaient spontanément présentées à notre rédaction de Béjaïa après l’entrefilet paru dans l’édition du jour.

Dans la soirée, le directeur régional de Sonelgaz de Béjaïa avait cru bon démentir cette version sur les ondes de Radio-Soummam en déclarant qu’il n’y avait pas eu de coupure d’électricité ce jour-là.

Voulant en savoir plus, nous nous sommes déplacés sur les lieux le lendemain pour enquêter auprès des habitants de la tour et du voisinage ainsi qu’auprès des services de la Protection civile et de la police.

Il semblerait, selon la Protection civile, que le décès du défunt serait dû à une chute de l’ascenseur au 13e niveau provoquée probablement par une panique suite – laisse-t-on entendre – à cette coupure d’électricité.

La cellule de communication de la police, de son côté, déclare qu’une enquête a été ouverte par la sûreté urbaine concernée et qu’elle est en cours. Elle a été ouverte automatiquement comme il est d’usage pour toute mort suspecte, suicide et autre, ajoute-t-on.

« Il y a eu coupure de courant aux environs de 12h20 et qui avait duré entre 20 et 30 minutes et ça concernait tout le quartier jusqu’à la cité Zedma où résident les parents du défunt lesquels peuvent vous le confirmer », déclare avec beaucoup d’émotion une résidante de la tour.

Intervenant dans la discussion, le gardien de l’immeuble, fulminant contre le responsable de Sonelgaz, nous a montré le compteur alimentant en force motrice cet ascenseur et la bâche à eau ainsi que la dernière facture reçue de Sonelgaz, au nom de l’association T 14 qui s’occupe de la gestion de l’immeuble.

Il déclare que c’était la preuve irréfutable du « branchement de cet immeuble légalement et non illicitement comme l’avait déclaré le directeur régional de Sonelgaz à la radio ».

Par ailleurs, il se demande comment une tour aussi grande ne dispose pas d’un groupe électrogène.

Effectivement, la question mérite d’être posée quand on sait que les services publics exigent depuis quelque temps que les immeubles dépassant un certain nombre d’étages soient pourvus d’ascenseurs mais ont omis de rajouter un groupe électrogène dans le cahier des charges pour assurer la continuité de service et parer aux pannes intempestives qui risquent, comme en l’occurrence, d’engendrer le pire.

De son côté, le directeur de Sonelgaz persiste à dire que le « départ alimentant la tour Nabila Djahnine n’avait pas subi de coupure ce jour-là ».

Par contre, ajoute-t-il, d’autres départs défaillants étaient effectivement signalés, « et c’est la raison pour laquelle la cité dite Tedma par exemple était touchée ».

Et pour étayer ses dires, il rajoute que ses services « n’auraient pas pu rétablir le courant sans être informés de sa coupure et ils ne sont pas intervenus au niveau de cette tour, donc il n’y a pas eu de coupure ni de rétablissement de la part de Sonelgaz ».

Toute coupure sur une ligne, explique-t-il, est signalée par les citoyens et « consignée sur le registre du permanencier de la société, or pour le cas de cette tour, rien n’a été enregistré ». Et au directeur de se demander si « la panne dont parlent les résidants n’était pas interne ».

A ce niveau, il convient de retenir que Sonelgaz n’a en fait aucun moyen « scientifique » de confirmer ou d’infirmer la coupure. Et si personne n’a averti ? Et si la permanencier n’a pas noté ? Etc.

D’ailleurs, le directeur du district Sonelgaz fait son mea-culpa sur un autre aspect de son intervention sur les ondes de la radio locale.

Ainsi et concentrant le prétendu branchement provisoire de cette tour qu’il avait avancé lors de son intervention à la Radio Soummam, le responsable de Sonelgaz reconnaît qu’il s’était trompé de lieu car il pensait à la tour de Gni-Sider de la cité-Tabbal dont les travaux ne son pas achevés.

Qu’il y ait eu panne de courant au niveau du réseau de Sonelgaz ou à l’intérieur même de la tour, le problème n’est pas là. Le plus important c’est qu’il y a eu mort d’homme.

Comment cela est-il arrivé ? Est-ce que le défunt, sous la panique avait essayé de sortir par tous les moyens possibles de l’ascenseur ? Qu’est-ce qui aurait suscité cette panique ? Autant de questions qui restent sans réponses…

A. Gana

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