La vie reprend ses droits

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De notre envoyé spécial, Merbouti Hacène

Dès notre arrivée accompagnés des éléments de la Gendarmerie nationale, le colonel Mokhtar Benguedira nous propose une vidéo-projection le jour des inondations. Là nous prenons l’ampleur des dégats. Les principaux oueds, à savoir le M’Zab et Labiod n’ont pas résisté à l’importante masse d’eau qui les traversait et où des habitations ont été érigées, ce qui a réduit leur capacité de contenance en eau et a conduit à cette catastrophe inévitable. Prenons l’oued de Labiod, sa largeur est passée de 25 m à 42 m en à peine deux heures. Ainsi, c’est la quatrième fois que la ville est frappée par les inondations après 1901,1951 et 1991. Le colonel Mokhtar Benguedira nous communique les chiffres ainsi que les interventions effectuées par les unités de la Gendarmerie nationale. Le premier jour, 420 gendarmes ont été mobilisés, pour le deuxième jour 1200 éléments, une réunion d’urgence a été tenue avec à la clé la répartition des éléments en neuf secteurs dans les zones sinistrées (cité Baba Sâad, El Atteuf, El Guerrara, Metlili, Berriane, Zelfana, Bounoura, Ssebseb et Lâadira). Ainsi, les éléments de sauvetage et de soins ont pu retirer 22 cadavres dont 12 femmes à Guerrara, 6 à Baba Sâad, une en forêt, 2 à Béni Dhahou et une à El Atteuf. Les forces de la gendarmerie ont pu secourir 44 citoyens emportés par les eaux dans leurs champs dont 6 à Zelfana et 6 à El Guerrara qui étaient enfouies sous les décombres ainsi que quatre familles composées de 29 membres. La brigade de gendarmerie a procédé à la mise en place d’une équipe spécialisée dans l’évacuation des sinistrés, l’ouverture des routes, une équipe pour la protection des biens des citoyens, une équipe pour les enquêtes. Ainsi, 956 citoyens ont été entendus et 156 autres accompagnés par la Gendarmerie nationale.

Sur le terrain en compagnie de la gendarmerie et de l’armée

La vidéo-projection ainsi que la conférence finies, nous nous dirigeons en compagnie des éléments de la Gendarmerie nationale en direction des zones les plus touchées par les inondations. Sur place et à l’intérieur d’une mosquée, les travaux sont toujours en cours. Armées de brouettes et de pelles.

Les forces de la gendarmerie s’activent pour réhabiliter les lieux. Un citoyen nous dira : « Cette zone est parmi les plus touchées, lors de la catastrophe des fidèles étaient à l’intérieur de cette mosquée, ils l’on échappé in extremis ».

Le lieutenant colonel nous dira : « Nous serons sur place jusqu’à la fin des travaux, je ne peux vous dire exactement le temps d’avancement, mais d’ici quelque temps cette opération prendra fin avec le relogement de tous les sinistrés.»

Ainsi, 2650 chalets et 2000 logements ruraux sont en construction en dehors de la zone urbaine et de l’oued afin d’éviter toute autre catastrophe. Pour le moment les quelques sinistrés qui n’ont pas rejoint leurs habitations se trouvant dans l’oued et classées rouges par les autorités sont relogées dans des tentes au Palais des expositions. Les éléments de la gendarmerie s’activent aussi dans l’oued où un travail colossal a été fait pour dégager tous les objets qui ont été emportés par les eaux comme les troncs d’arbres, les pylônes, le matériel englouti avec lequel la population travaillait sur l’oued ainsi que les voitures où des grues ont été utilisées pour les en dégager. En compagnie du lieutenant colonel de l’armée Hakem Chikh, nous poursuivons notre tournée sur le terrain avec la visite de leurs campements et de leurs installations, où 18 porte-chars, 5 tracteurs, 5 grues et 5 girafes lumineuses et 2 niveleuses ont été dépêchés.

250 chalets réceptionnés

Pour la prise en charge des sinistrés, plus de 65 000 pains ont été distribués, le campement a été dressé à côté du stade pour le ravitaillement et la distribution des denrées alimentaires. Lors d’un point de presse tenu au siège de la wilaya, le lieutenant, colonel nous communique les activités de l’armée depuis le premier jour du sinistre. Ainsi et pour le 1er octobre, l’état d’urgence a été déclaré et une commission régionale installée, l’envoi de deux hélicoptères sur place, ainsi que 12 bus de Ouargla.

Les unités de Laghouat et de Hassi R’mel ont été dépêchées ainsi que les éléments de la gendarmerie spécialisés dans l’intervention rapide qui sont arrivés en renfort de Ouargla, El Oued, Hassi Messaoud et Biskra, un avion 630 a transporte des zodiaques depuis la base militaire de Boufarik.

Pour le deuxième jour, une plateforme de soutien a été mise en place ainsi qu’un avion B200 pour survoler, les lieux de la catastrophe. Le 6 octobre18 porte-chars ont été dépêchés et le 8 octobre 250 chalets ont été réceptionnés.

Côté intervention, 80 ont été effectuées par hélicoptère et 208 pour le transport de la Protection civile, l’acheminement des aides pour les citoyens.

Lors de notre visite sur les lieux, nous constatons un pont qui a été construit sur l’oued pour permettre aux aides de passer d’une rive à l’autre.

Nous nous arrêtons un moment dans la région la plus touchée appelée « la forêt » où les éléments de la gendarmerie sont toujours à pied d’œuvre pour surveiller les biens des citoyens. « Le rôle de cette équipe est d’assurer la sécurité des habitants jusqu’à ce qu’ils regagnent leurs domiciles », nous dira le lieutenant colonel. En ville, les routes ont été complètement dégagées et les eaux pompées. «L’objectif est d’effacer toute trace générée par les inondations, c’était une véritable épreuve et un élan de solidarité entre les forces de l’armée, la gendarmerie, la Protection civile et les citoyens. Les aides nous sont parvenues des quatre coins du pays ce qui a démontré à quel point le peuple est solidaire », nous dira le lieutenant colonel Hakem Chikh.

Les habitants rencontrés lors de cette virée avec la gendarmerie ont retrouvé leur sérénité ainsi que leurs habitudes et chacun y met du sien pour effacer les traces de cette tragédie nationale qui a frappé de plein fouet la paisible vallée du M’Zab.

Ainsi, des mesures de prévention ont été mises en place afin d’éviter toute autre catastrophe de ce genre qui a endeuillé des dizaines de familles.

Nous quittons la mythique Ghardaïa laissant derrière nous ses citoyens et nous ne devons que nous incliner à la mémoire des victimes et rendre hommage aux forces de la gendarmerie, de l’armée, de la Protection civile et des citoyens qui ont permis à cette région de renouer avec la vie.

M. H.

Quelques chiffres

43 morts dans les inondations

9 communes touchées

1200 gendarmes mobilisés dans cette tragédie

A certains endroits, les eaux ont atteint 15 mètres

El Guerrara est la commune la plus touchée par les inondations

2650 est le nombre de chalets réceptionnés

2000 logements ruraux en construction

Ghardaïa a été touchée quatre fois par les inondations, en 1901,1951,1991 et 2008.

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