Ce ne serait déjà pas si mal pour la JSK s’ils arrêtaient de “penser”, mais on ne peut apparemment pas le leur demander. D’augustes “penseurs” donc se sont prononcés sur ce qui est bien et ce qui ne l’est pas pour un club de foot qui intéresse décidément trop de monde ces derniers temps. Les avis que personne n’a sollicités n’arrêtent pas de pleuvoir et des micros que personne n’a tendus sont saisis au vol pour émettre une opinion dans un débat biaisé. En lieu et place d’une réflexion profonde sur l’avenir d’un symbole majeur pour la région parvenu depuis longtemps déjà aux limites du statut et du mode de gestion qui ont présidé jusque-là à son fonctionnement, voilà qu’on propose à la vox populi de trancher un dilemme qui, au demeuran,t n’en est pas un : est-ce que son président peut partir ou non. Si le “débat” était aussi simple, la réponse l’aurait été aussi : Moh-Chérif Hannachi doit rester et vogue la galère. Au point où en sont les choses, et dans les limites de l’organisation actuelle de la JSK et du foot algérien d’une manière générale, il est le meilleur président possible. Ancien joueur, il a le club dans les tripes et un bilan qui plaide pour lui. Le problème est que les choses ne se présentent pas ainsi. Moh-Cherif Hannachi a sincèrement envie de se retirer, un entrepreneur, exemple de réussite dans son domaine d’activité, est candidat à la reprise du club et une autre envergure se dessine pour la JSK qui a besoin de passer à un autre stade. Pour prétendre à une autre envergure, elle a déjà l’ancrage et le palmarès. Elle peut désormais avoir les moyens et le savoir-faire. Et c’est Hannachi lui-même qui le dit, parce que paradoxalement, il donne l’impression d’être le plus lucide dans l’affaire. Il semble même être terriblement seul dans son enthousiasme à défendre l’option Haddad. Moh-Cherif Hannachi, qui a quand même dû esquisser un projet sportif avec son partenaire, semble avoir trouvé ce qu’il cherchait pour partir la paix dans l’âme et laisser le club entre de bonnes mains, dans la périphérie du club et dans ses prolongements populaires, on semble parler de tout autre chose. Habitués aux affrontements d’hommes plutôt qu’aux confrontations de projets, les supporters réagissent avec les mêmes réflexes manichéens, sans doute parce que personne ne leur a expliqué que cette fois-ci les données ont peut-être changé. Il faut qu’il y ait en effet une belle confusion pour qu’on continue à opposer Haddad, qui vient sûrement avec les meilleures intentions possibles, et Hannachi qui l’a fait venir parce qu’il pense que c’est ce qui peut arriver de mieux à son club. Il reste bien sûr que le projet se précise dans son contenu, ses moyens et ses ambitions. Voilà les termes d’un débat dont la JSK, à ce stade de son évolution, ne peut faire l’économie.
S. L