Miriam Makeba nous a quittés

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La dame africaine la plus célèbre dans le monde a tiré sa révérence, dimanche dernier, à l’âge de 76 ans, avec son bâton de pionnière de la justice et de liberté à la main. C’est peu dire, son itinéraire de militante engagée depuis sa tendre enfance en est une preuve indélébile. Ayant tiré son épingle de ce monde, où l’injustice et les inégalités font rage, lors d’un concert en soutien à Roberto Saviano, jeune écrivain italien menacé de mort par la mafia à Naples…Elle semble vouloir léguer un message au monde, la dame qui aura consacré toute sa vie, jusqu’à son dernier souffle, au service de la liberté, de la justice, de la paix, de la tolérance et de la dignité humaine.

…Un parcours des plus riches, douloureux et symboliques

La célèbre dame africaine à la voix d’or, surnommée «Mama Africa» (en référence au fait qu’elle est la mère de toutes les luttes africaines), naquit un certain 4 mars, en plein printemps, de l’année 1932, en Afrique du sud. De son vrai nom «Zenzile Makeba», Zenzi (diminutif de Uzenzile) qui signifie «On ne doit s’en prendre qu’a soit même».

Elle inscrit son nom parmi les célébrités dés son jeune âge, à l’occasion d’une tournée aux états unis, en tant que chanteuse, avec le groupe sud africain «the brothers of Manhathan». sa participation au film anti apartheid «Come back Africa» de l’américain Lionel Rogosin lui a valu des démêlés inextricables dans son pays. Elle fut déchue de sa nationalité et contrainte à l’exile forcé après avoir dénoncé le régime Apartheid à l’ONU en 1963.

Elle obtiendra un titre de citoyenneté dans dix pays, dont l’Algérie…Elle fut propulsée sur les pics de la gloire par son tube «Pata Pata», écrit en 1956 et enregistré en 1962. Trois années plus tard, soit en 1965, elle fut la première femme noire à remporter un Grammy award qu’elle a partagé avec l’américain Harry Belafonte, pour la chanson An Evening With harry Belafont et Miriam Mikeba. En 1969, elle épousa Stokely Carmichael pour divorcer quatre années plus tard, suite à des ennuis de justice qu’a eu son mari avec la justice américaine et sera obligée de s’exiler à nouveau. Elle sillonnera le monde durant les années 70 et 80 pour les quatre coins du monde en participant à de prestigieux festivals de jazz.

En 1985, elle perd sa fille, Bongui, qui mourut à l’âge de 36 ans, qu’elle enterra toute seule. Elle, la légendaire Makeba, est digne d’être nommée «femme courage». Son destin exemplaire commença en prison, lorsque sa maman, qu’elle perdit en 1960, fut inculpée pour avoir fabriqué de la bière afin de subvenir aux besoins de sa famille. Son père mourut lorsqu’elle avait cinq ans.

La malédiction de l’exil répété Devenue vedette et star à 27 ans, en quittant son pays natal, l’Afrique du sud, elle ignorait complètement qu’elle serait interdite de retour par les autorités afrikaners.

Ainsi, elle est interdite de séjour dans son propre pays à 31 ans, après sa participation au film dénonçant l’apartheid. En participant aux coté de célèbres noms, dont Marlon Brando, Duck Ellington, Marilyn Monroe, à l’anniversaire du non moins légendaire président Kennedy, elle déclara : «Je suis très honorée, mais le lendemain, j’épluchais mes légumes dans ma cuisine». Elle su qu’elle est interdite de séjour dans son pays à la mort de sa mère qui sera enterrée en son absence. Son exil commença alors. Elle vécut libre et traquée partout, aux états unis où elle se lia au blacks panthers. Elle partit en guinée, puis en Europe, suite à sa liaison avec le chef des militants des droits civiques. Le vibrant hommage de Mandela et de l’Afrique. Dès l’annonce de la mort de la diva «Mama Africa» est parvenue au charismatique ex-président Mandela, celui-ci a rendu un vibrant hommage à la voix légendaire de la lutte anti-apartheid. Il dira à propos de sa compatriote : «Elle était la première dame sud africaine de la chanson et elle mérite le titre de Mama Africa. Elle était la mère de notre combat et de notre jeune nation». Même le gouvernement sud africain a tenu à rendre hommage à la chanteuse, à travers un communiqué diffusé par le ministre des affaires étrangères Nkosazana Dlamini Zuma qui a déclaré : «Mama Africa est morte en faisant ce qu’elle savait le mieux. Elle était douée d’une capacité à faire passer un message positif par le champ». Le président ivoirien a également rendu hommage à Makeba : «Une voix militante s’est éteinte. Avec elle, disparaît une des plus belles voix du continent, une voix qui s’était élevée, limpide et ferme, au dessus de l’apartheid, malgré les rigueurs ségrégationnistes de ce régime, pour chanter l’amour et la beauté mais aussi la noblesse du combat pour la liberté en Afrique et partout dans le monde.” De même, Mohamed Lamari, avec qui, la voix chaude de la grande dame Africaine, a chanté la chanson «Ifrikia» à Alger en 1969, a exprimé sa douleur et sa reconnaissance pour Miriam Makeba : «C’est une pyramide de l’Afrique, un monument de la chanson Africaine et le symbole de lutte contre le racisme. Nous avons perdu une grande dame. Elle est une femme à principes ; elle s’est consacrée par la chanson aux préoccupations de l’Afrique et du monde entier. C’est une femme irremplaçable», a-t-il déclaré. La diva, invitée de marque de l’Algérie, ne rate aucune occasion pour s’exprimer en faveur des combats libérateurs et contre toutes les formes de violence à travers le monde. Sa venue en Algérie en 1969 sur invitation du défunt président Houari. Boumedienne, restera dans les annales. Elle aura marqué toute une génération lors de son passage à Alger, lors de sa participation au festival panafricain qui s’est tenu à la même année (1969). La voix de l’icône sud Africaine ayant interprété la célèbre chanson «Africa» en duo avec Mohamed Lamari restera un souvenir indélébile dans la mémoire de la génération des années soixante.

Ahmed Kessi.

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