Satisfecit des agriculteurs et appréhensions des citoyens

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Depuis près de 24 heures les fortes précipitations enregistrées au quatre coins de la wilaya donnent des sueurs froides à plus d’un bouiri, et pour cause, le vieux bâti constituant une bonne partie du chef-lieu de wilaya date de l’ère coloniale. S’agissant des taudis de fortune implantés sur le lit tari de oued Dhous et ceux avoisinant le fort turc, le risque est encore plus probable. L’état des avaloirs rapidement suite obstrués et dépassés par le flux d’eau ne permet pas une meilleure évacuation.

Du coup, l’eau recouvre l’asphalte pour déborder carrément sur les trottoirs et va jusqu’à inonder des appartements du rez-de-chaussée. Cela a été le cas, le mois dernier, au niveau de la cité du 1er novembre à Draâ El Bordj où les appartements ont été submergés d’eau à hauteur de plus d’un demi- mètre. Fort heureusement, la flotte n’avait touché que le mobilier. Fort heureusement aussi que les fortes rafales de vent n’avaient pas suivi.

La même intrusion d’eau a été enregistrée du côté de la cité des 122-logements. Là aussi, la flotte a inondé les appartements du rez-de-chaussée. Au niveau du boulevard Zighout-youcef, le bitume a été le réceptacle du déversement d’eau entraînant dans son passage boue, branchages et autres détritus.

La circulation, aussi bien automobile que piétonne, n’était pas des plus faciles, voirs impossible à certains endroits. D’autres routes carrossables, à l’image du nouveau boulevard allant de Sofy à la cité universitaire, sont devenues de véritables mares d’eau mêlée à de la boue drainée au passage de la flotte. Durant la journée d’hier, le déluge n’a pas épargné la gare routière de Bouira. Même si elle ne présentait pas le visage auquel elle nous a habitué, dès les premières pluies, la gare a tout de même fait valoir son lot de boue et de mares d’eau infranchissables pour le commun des piétons.

Des piétons qui, soulignons-le, étaient très rares en cette journée de marché hebdomadaire. La peur de se faire mouiller sans doute. Mais cette ‘’aquaphobie’’ n’est pas le propre des habitants de la ville de Bouira, d’autres citoyens de la wilaya craignent en effet pour leur demeure. En 2007 déjà dans la ville de Sour El Ghozlane, dans le quartier d’El Wasfa, l’effondrement d’un mur avait coûté la vie à deux personnes. Les citoyens de Bechloul ont toujours à l’esprit l’hiver cauchemardesque qu’ils ont passé en 1998 à cause de la crue de l’oued. En une seule nuit, près de 40 millions de mètres cubes d’eau avaient envahi la localité de Bechloul et ses environs. Pour rappel, cela a causé la mort d’un citoyen et la destruction de la cité du regroupement ainsi que celle de huit locaux à usage commerciaux. Depuis ce triste événement, c’est la peur au ventre que les bechloulis accueillaient la saison des pluies. Le risque d’inondation que représentait l’oued n’existe plus aujourd’hui. Cela a été rendu possible grâce à la construction d’un canal en lieu et place du lit du cours d’eau et d’une retenue collinaire en parallèle.

Des projets qui ont coûté plus de18 milliards de centimes. De nombreuses agglomérations de la wilaya de Bouira pataugent à chaque averse que Dame Nature octroie généreusement. Au chef-lieu de wilaya, et plus précisément aux abords de la RN 5, écoliers, fonctionnaires, mères au foyer se démènent comme de beaux diables pour traverser la chaussée sans se mouiller, ni se faire mouiller par les véhicules qui passent en trombe. On se souvient pourtant, que dans un passé pas si lointain, il existait une passerelle à cet endroit permettant aux riverains habitant dans le quartier de Ras Bouira de traverser la route. Mais, ladite passerelle s’est ‘’ volatilisée’’ en laissant des centaines de vies humaines chaque jour à la merci des aléas du ciel. Cet endroit extrêmement dangereux pour traverser la chaussée ressemble plus à un marécage, et plus d’une personne est tombée dans ce méandre boueux. Lorsque l’on voit des mares de boues immenses au chef-lieu de wilaya, inutile de s’interroger sur ce qu’endurent les citoyens des autres localités. La RN 15, notamment sur le tronçon de Chorfa se révèle être un véritable bourbier.

Chaque année en pareille saison, le petit ruisseau qui se déverse dans l’oued Sahel se transforme en une rivière en furie.

La RN 5 littéralement submergée

Pourtant, un pont d’évacuation existe bel et bien, seulement son embouchure est trop exiguë pour contenir toutes les quantités des eaux de pluie. “Cette scène a tendance à se répéter à longueur d’année. Les services concernés auraient dû songer à installer des ouvrages afin de canaliser les eaux du ruisseau et éviter leurs débordements sur la route“, commentera un habitant de la localité de Chorfa en constatant la scène. Non loin de là, c’est dans le village de Selloum au quartier Lahlim que des trombes d’eau s’invitent sur la RN 15 en charriant boue, terre et même de grosses pierres. Ce qui n’est pas pour faciliter la circulation automobile.

La RN 5, un autre axe routier traversant la wilaya de Bouira, n’est pas épargnée par les inondations et ce, à chaque fois que de fortes chutes de pluies s’abattent. Hier encore, une partie de la chaussée a été envahie par les eaux pluviales sur ce tronçon contournant la ville de Bouira. En effet, dès les premières heures de la matinée, des hommes munis de pelles et de pioches tentaient d’extraire la boue et déboucher les avaloirs et permettre ainsi aux écoliers et aux habitants du quartier de Ras Bouira de regagner la ville. Durant le mois de ramadhan, la même scène s’était produite à cet endroit.

Pour tenter de regagner l’autre côté de la RN 5 et accéder à la ville, il a fallu alors traverser sur des madriers de fortune installés pour la circonstance au risque de tomber dans le bourbier qui s’était formé.

Durant la même période, le tronçon de la route traversant la localité d’El Esnam a été littéralement submergé par les eaux. L’on se demande si les abords de la route sont aménagés en avaloirs et autres conduits d’écoulement. Cette question, nous l’avions posé au P/APC d’El Esnam. Ce dernier nous expliquera qu’à son arrivée à la tête de la municipalité, la situation était déjà dans cet état, c’est-à-dire, pas d’avaloirs ni de conduites d’écoulement. Il indiquera par ailleurs qu’une enveloppe budgétaire a récemment été débloquée pour aménager des ouvrages. Il est temps que les autorités locales envisagent de doter les RN 15 et 5 de projets à même d’épargner au bitume l’ envahissement par les eaux de pluie.

Et du coup ce seront carrément des vies humaines qui seraient épargnées.

Ainsi, aussi bien les villageois des bourgades les plus reculées que les citadins ont cette peur au ventre, qui, il faut le dire, a été accentuée par les scènes des dernières inondations de Ghardaia.

Ceci dit, les autorités publiques sont appelées à prendre les précautions qu’il faut et à mettre en place, à titre prévisionnel, des plans d’action en vue de sauver des vies humaines en cas de catastrophe.

A commencer par déboucher tous les avaloirs de la ville, une opération qui tarde à être effectuée dans certains quartiers dits à risques telle la gare routière de Bouira. les agriculteurs quant à eux affichent clairement leur enthousiasme face aux bénéfices non négligeables que cette pluie apporte aux différentes cultures. Au final, cette manne providentielle qu’est la pluie ne fait pas que des mécontents.

Hafidh. B.

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