Il faut quand même bien reconnaître au secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, une certaine constance dans la démarche : il refuse systématiquement ce que personne ne lui a proposé ! Et les offres virtuelles, M. Belkhadem ne met pas la politesse et la courtoise habituelles pour les décliner. Normal, il n’y a ni “solliciteur” dont il aura à appréhender les représailles à l’outrage, ni structure interne à qui rendre compte d’une décision en solo. Il peut donc faire son spectacle dans le spectacle, parce que, après tout, c’est dans une “conférence scientifique” qu’il vient de déclarer que le poste de vice-Premier ministre ne l’intéressait pas. Tout le monde sait à quoi servent ces rencontres, que le FLN, comme d’autres partis et institutions convoquent régulièrement pour dire des choses sans vraiment les dire, lancer des ballons sondes et esquisser quelque plan pour des échéances dont on ne maîtrise ni le temps ni les termes. Comme ces “conférences” permettent aussi de mettre une certaine liberté de ton qu’on n’ose pas en temps normal, elles sont particulièrement prisées à l’heure des grandes manœuvres. Pour faire pression sans en avoir vraiment l’air, pour faire semblant de s’opposer ou carrément donner l’impression qu’on est capable de coups de gueule. Dans le cas de Belkhadem, ce genre d’initiatives a toujours deux destinataires. Aux centres de décision, auxquels il a toujours besoin de prouver qu’il a les choses bien en main à l’intérieur de son parti, et aux membres de son propre état-major qu’il doit convaincre qu’il est toujours dans le secret des dieux, ce qui fait de lui le meilleur défenseur de leurs intérêts.
Aux premiers, il doit rappeler qu’il est le chef aux seconds, qu’il a toujours les faveurs des chefs. Sa tactique opératoire est maintenant archi connue, mais il ne donne pas l’impression de vouloir la changer.
Il croit “savoir” ce qui va se passer, alors il s’empresse de le revendiquer et d’en annoncer l’imminence.
Et quand il a pris quelque revers sur ses prévisions-exigences, il en a seulement déclaré le report, sans jamais songer à faire amende honorable. Il n’y a pas eu d’augmentation de salaires dans les délais et les proportions qu’il avait annoncées ? Belkhadem a “patienté”. La révision de la Constitution n’a rien à voir avec ce qu’il avait prédit ? ça viendra. On a ignoré la mouture pour laquelle il a constitué une commission de travail ? Celle de Bouteflika fera quand même l’affaire, en attendant une autre plus consistante qui va bien venir un jour. Il n’y a pas de vice-président ? Il n’en a jamais parlé puisqu’il n’est pas comptable des “discussions informelles”.
On ne lui a encore pas proposé le poste de vice-Premier ministre ? Il veut la présidence du Sénat dont les prérogatives seront revues lors de la prochaine révision constitutionnelle… annoncée par Belkhadem. Et ça continue.
S. L.