L’argent est disponible, la paie a été faite et “virée” par les services de l’éducation, mais le personnel du secteur de la wilaya de Tizi-Ouzou attend toujours son salaire qui ne veut pas venir. Et bien entendu, c’est la grève. Comme d’habitude, le cycle quasiment naturel de paie-grève-affrontements syndicaux est au rendez-vous. Bien sûr, il n’est pas difficile de réussir un débrayage quand des salariés attendent leur rémunération pour manger et se chauffer et que celle-ci, inexplicablement, ne vient pas. Pourtant la manœuvre est connue de tous. Avant qu’elle ne devienne une “tradition”, elle a été “lancée” il y a maintenant près d’une décennie, à un moment particulièrement trouble. Il fallait embraser la région dans tous ses recoins et ceux qui tiraient les ficelles ne pouvaient pas se permettre le luxe d’ignorer un secteur si sensible, qui ne manquait pas en plus de raisons d’apporter sa flamme au brasier. La région s’est “calmée” et “la grève de la paie” a été adaptée dans son usage. Facile, pas chère et elle peut toujours rapporter gros. un retard de quelques jours, une montée au créneau du SETE/UGTA et voilà les enseignants mobilisés comme il leur arrive rarement de l’être. Pendant ce temps, la paie attend tranquillement dans les caisses du trésor avant d’atterrir aux chèques postaux sur un magique claquement de doigts. Bien pathétique cette interrogation du secrétaire général de l’union de wilaya UGTA qui “ne comprend pas qu’il y ait un tel retard dans le versement des salaires”. Et c’est l’un de ses camarades du syndicat qui lui donne la réponse, peut-être bien sans le savoir, lui qui est “surpris qu’il faille la protestation de l’UGTA pour susciter la réaction des pouvoirs publics dans un problème devenu récurrent !”. Mais c’est pour que l’UGTA, le ministère et le wali “règlent le problème” pardi ! Parce que si on ne sait pas trop pourquoi les salaires sont bloqués, on sait par contre pourquoi ils vont être débloqués. Adaptée donc, cette grève “téléphonée” va maintenant participer à un mouvement de contestation sociale programmé. Curieusement, c’est au mouvement de contestation dans le secteur public ou règne l’UGTA que semble s’arrimer la grève du personnel de l’éducation de Tizi-Ouzou et non aux espaces de mobilisation où les syndicats autonomes sont en train de durcir le ton. Or on connaît “l’ébullition du front social” quand il se déclenche “spontanément” à partir de la SNVI, le port ou kanaghaz avec effet boule de neige synchronisé. Les grèves politiques ou tactiques ont ceci de caractéristique ; les enjeux étant ailleurs, on prépare alors les revendications, les délais de leur aboutissement et les structures ou les personnes qui viendront solennellement annoncer qu’il n’y a plus de problème. Curieux quand même ces syndicalistes de kanaghaz sûrs que… Sidi Saïd réglera le conflit !
S. L
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