Djamila Bouhired à la Dépêche de Kabylie

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Toujours combative et sincère, l’ex-maquisarde, reçue par le directeur du journal et le personnel, a émerveillé le collectif par la grandeur avec laquelle elle aborde cette page de notre histoire, celle de la guerre d’Indépendance dont elle était, avec beaucoup d’autres hommes et femmes, le porte-voix de tout un peuple. Elle a aussi évoqué la grandeur des autres maquisards, tombés au champ d’honneur, ou, pour la plupart, torturés sauvagement par les sbires de l’armée coloniale. «Taleb Abderahmane était un homme d’exception», a-t-elle tenu à témoigner. Elle a insisté aussi sur le fait que la jeunesse algérienne doit être fière de l’histoire de son pays. «Nous avons fait notre devoir et c’est à vous de continuer le combat, vous êtes l’espoir de ce pays», a-t-elle dit. Elle a adhéré au combat du peuple algérien contre l’oppression coloniale dès son jeune âge. Etudiante, elle rejoindra les combattants de La Casbah pour devenir, quelque temps après, officier de liaison entre Ali la Pointe, Yacef Saâdi et les autres. L’ancien bras droit de Yacef Saâdi sera arrêtée en 1957 par des éléments de l’armée coloniale alors qu’elle était blessée, elle subira les pires sévices. Traînée dans les couloirs de la justice coloniale pour terrorisme, appartenance à un mouvement armé, elle sera condamnée à mort. La médiatisation de sa condamnation a soulevé un tollé de par le monde. Déclarations de soutien, film, celui de Youssef Chahine en 1958, manifestation, ont brisé l’omerta sur la torture et les violations massives des droits de l’Homme pratiquées par l’armée française. L’ancienne condamnée à mort dans l’affaire des poseuses de bombes à Alger, sera défendue par M. Vergès, dont elle sera l’épouse quelque temps. 46 ans après l’Indépendance, Djamila Bouhired se dit toujours en deuil. «J’ai toujours une pieuse pensée pour les chouhada, et je pense aussi à leurs enfants», a-t-elle souligné.

Loin de toute considération idéologique, l’héroïne de la Guerre d’Algérie a souligné que l’histoire de la guerre doit s’écrire afin de permettre aux générations d’aujourd’hui et à celles de demain de connaître ces nobles pages.

M. Mouloudj

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