La France, et par extension l’Europe, sera particulièrement attentive à la rencontre aujourd’hui entre le président français Nicalos Sarkozy et le chef spirituel du Tibet, le dalaï-lama. L’intérêt de ce tête-à-tête n’est pourtant ni dans son ordre du jour ni dans ses résultats éventuels.
Et pour cause, il n’y en a pas ! Le dalaï-lama parcourt la planète et rencontre du monde, mais personne ne sait vraiment ce qu’il veut. Entre l’indépendance prônée par ses ultras, le fait accompli chinois bien visible dans le pays et « l’autonomie culturelle » toujours nette du dalaï-lama et ses élites, il est difficile de se faire une idée sur la démarche de ce mouvement et de se positionner connaissance de cause.
Alors si le leader tibétain est reçu par les grands de ce monde, les rencontres dépassent rarement les échanges de courtoisie. Mais on reçoit le dalaï-lama pour envoyer des signes à la Chine ou pour ne pas lui en envoyer. Nicolas Sarkozy, dont les rapports avec les dirigeants de ce pays traversent une période particulièrement tendue, sait qu’il ne peut pas se permettre un froid prolongé avec « un quart de l’humanité. » C’est ainsi qu’en inaugurant son mandat présidentiel, il avait particulièrement été irritant avec tous ceux qui n’envisageaient pas d’autre rapport à la Chine que celui de la fermeté et du boycott pour cause de non-respect des droits de l’Homme, d’absence de démocratie et de … la question du Tibet. Mais si Sarkozy défendait l’idée du dialogue politique avec la Chine, il n’en demeure pas moins qu’il agissait en appuyant là où ça fait mal à ce pays.
Nicolas Sarozy n’a jamais fait mystère du fait qu’il n’appréciait pas trop l’attitude de cette puissance qui est rentrée dans l’économie mondiale sans intégrer son système financier et souscrire à ses obligations. Ce qui revient à dire qu’elle en tire tous les avantages sans jamais avoir à redouter les inconvénients.
Ces agissements font d’autant plus mal à la Chine qu’elle a toujours considéré la France comme une chasse gardée. “Son” Tibet européen, ironise un analyste politique. Non seulement “son” Tibet européen s’est « retourné contre lui », en plus il préside l’Europe au mauvais moment. Ça ne pouvait pas plus mal commencer puisqu’un sommet euro-chinois a tout simplement été annulé, ce qui est une première à Bruxelles, et Sarkozy rencontre aujourd’hui le dalaï-lama.
Le président français reçoit le leader tibétain pour bien signifier qu’on n’impose rien à la France, et la Chine qui a menacé de représailles tient là son sujet de diversion. Pour Paris comme pour Pékin, les enjeux sont ailleurs.
S. L.