Tizi-Ouzou en effervescence

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Ainsi, pratiquement tous les magasins étaient achalandés, et ce, dès les premières heures de la matinée.

En fait, ce sont surtout les boutiques de l’habillement qui étaient les plus prisées, le marché des fruits et légumes a également pris des couleurs, et ce malgré les prix exorbitant affichés. En effet, les prix y ont dépassé le seuil de l’imaginable. Ainsi la pomme de terre était cédée à 60 DA le kilogramme, le haricot à 120 DA, la tomate à 130 DA, la carotte à 40 DA… Bref, les prix ont tout simplement flambé à l’occasion. Tout le monde s’accordait à dire en effet qu’il “y avait feu” au niveau du marché mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, les citoyens se bousculaient devant les étals qu’ils ont quasiment enveloppés à tel point qu’il était difficile de se frayer un chemin dans le marché si l’on ne joue pas des coudes.

“J’ai la tête qui tourne, je suis fatigué, ne m’en rajoutez pas SVP madame,” avons-nous entendu un marchand pourtant jeune, à une vieille dame qui le harcelait pour un éventuel arrangement des prix. Il n’était que 11h. En fait, si le jeune homme a senti la fatigue, c’est qu’il a beaucoup travaillé durant la matinée. Pendant les quelques minutes où nous le contemplions, il vacillait entre les étagères de fortune de son étalage à peser la marchandise pour ses clients. Ce marchand ne faisait pas exception car ses homologue ont également “souffert,” pour ainsi dire à leur grand bonheur, pour satisfaire la clientèle, une clientèle qui ne se retient pas malgré les prix pratiqués. En fait, qui a dit que le pouvoir d’achat est faible !? “On n’a pas le choix, on doit faire avec, comme tous le monde. J’avoue personnellement que son salaire ne me permet pas de faire toutes ces folies, mais j’ai une famille qui attend mon retour à la maison. Je ne la décevra pour rien au monde”, nous dit un citoyen à sa sortie du marché, deux sachets noirs la main. “J’ai passé pratiquement tout ce mois à faire mes petits calculs afin d’économiser quelques billets spécialement pour cette occasion de l’Aïd. Je crois que je vais m’en sortir,” avouera un autre. En somme, il était difficile de rencontrer ou de voir un citoyen les mains libres durant toute la journée d’hier, à Tizi-Ouzou comme ailleurs. Certains n’hésitent pas à emprunter de l’argent pour passer l’Aïd “comme il se doit”. L’Aïd est, en fait, un rite sacré en Kabylie.

Il garde intacte son ambiance “propre à lui” qu’il hérite depuis des siècles. Malgré la cherté de la vie, on essaye toujours tant bien que mal de célébrer cette fête dans la dignité. Il faut dire que l’Aïd a quelque peu perdu de sa spécificité dans certaines régions de Kabylie, du moins chez certaines familles. Force est de constater, en effet, que nombreuses sont ces familles qui ne sacrifient plus le mouton de l’Aïd à cause de leur pauvreté.

Cette année, il sera encore le cas, puisqu’on signale çà et là des citoyens qui feront l’impasse sur ce sacrifice, mais en préservant toutefois les autres habitudes ancrées à cette occasion. “Je n’égorge plus de mouton depuis plusieurs années. Mes moyens ne me le permettent pas”, avoua un de ces citoyens. D’autres affirment que s’ils le font, c’est surtout pour satisfaire leurs enfants.

Quoi qu’il en soit, l’Aïd a imprimé son ambiance sur la ville de Tizi et toute la wilaya. L’ambiance de fête qui se poursuivra et qui atteindra certainement son paroxysme aujourd’hui. Demain sera, en outre, un autre jour.

M. O. B.

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