L’ironie du sort, premier thriller en kabyle

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Après avoir tourné Yura-di-Twenza, premier feuilleton en kabyle, Ahmed Djenadi récidive avec un premier film policier projeté en avant-première, jeudi, à la maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa. Synopsis : un jeune délinquant est renvoyé de France par son paternel. Au village, il s’installe chez son oncle. Désœuvrement et spleen. Le boulot de chantier s’avère vite une corvée insupportable pour notre héros. Les chants de belles sirènes villageoises ne transforment pas la bête en belle. Avec un fonctionnaire licencié et un type du milieu, il fonde un gang qui ne tarde pas à semer la terreur aux alentours. Du fil à retordre pour le commissaire (joué par Ahmed Djenadi lui-même) et son jeune adjoint (joué par le chanteur Yacine Zouaoui).

Le film s’écoule en un torrent rapide qui accentue la violence des situations.Les hold-up et autres faux barrages sont violemment crédibles. La direction photo est admirable avec de saisissants tableaux de la Kabylie rurale. On est dans le thriller psychologique, même si Ahmed Djenadi semble quelque peu s’emmêler les pinceaux vers la fin où il introduits des séquences qui jurent avec le réalisme qui accompagne l’intrigue.

Même si les comédiens surjouent un peu, l’interprétation est plutôt correcte.

L’Egypto-Kabyle Abdelghani Shehata campe à merveille le rôle du jeune Beur et Toufik Guelati semble être né pour le métier de dur à cuire. Sa présence timide en salle donne toute la mesure de la composition à laquelle il s’est astreint. Acteur fétiche de Djanadi, Saïd Bennatsou s’avère très à l’aise dans le rôle de gibier de potence.

Avec de très petits moyens, Ahmed Djenadi arrive à faire un film correct. Il prouve si besoin est, qu’il est capable de faire de grandes choses si jamais il pouvait disposer de budgets conséquents. Il ne faut surtout pas le répéter : le film a coûté moins de 50 millions de centimes. Ceux qui iront le voir auront, c’est garanti, beaucoup plus que pour leur argent !

M. Bessa

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