L’intrus

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Malek Chebel est connu dans son pays d’origine, l’Algérie, comme sociologue.

On ne lui connaissait pas, du temps où il intervenait régulièrement dans la presse nationale sur les questions d’actualité, d’érudication spéciale en religion. Homme de sciences, universitaire éclairé et moderne, il s’est toujours senti concerné par les palpitations de la société sur lesquelles il a souvent eu à s’exprimer en qualités sans les calculs intéressés des carriéristes froussards et sans le zèle des agitateurs professionnels. Devenu depuis quelques années islamologue, il a séduit par ses publications courageuses et ses interventions médiatiques toujours appréciées. Malek Chebel séduit, mais il provoque aussi l’ire des gardiens du temple musulman qui ne voient en lui qu’un révisionniste aveuglé par le désir de “plaire à l’Occident” et en ses livres d’impardonnables blasphèmes.

Il est vrai que ce n’est pas tous les jours que des islamologues parlent de “la beauté physique” et du plaisir sexuel dans l’islam. Sur le sujet, son livre Kamasoutra en Islam a été une véritable bombe.

Le succès de cette publication n’est pas seulement dû à son caractère “provocateur” mais aussi au sérieux de la recherche et au niveau de la reflexion qu’il contient.

Ce livre a bien sûr suscité l’intérêt qu’il mérite. Dans le camp de l’intelligence et de la curiosité intellectuelle, ils ont été nombreux à exprimer leur ravissement pour la qualité de l’œuvre et l’audace de son auteur.

Et comme Malek Chebel devait s’y attendre, il a eu aussi droit à l’anathème; même si miraculeusement, les dresseurs d’échaffauds n’ont pas été aussi loin qu’ils l’ont fait pour beaucoup moins que ça. Le sociologue multiplie pourtant les raisons de se voir promis aux bûches de l’intolérance.

Le voilà par exemple -suprême hérésie- qui se retrouve dans une émission hebdomadaire de la chaîne Direct 8 à dialoguer en toute sérénité et avec beaucoup de décontraction avec un évêque et un rabbin. Ce rendez-vous pertinemment intitulé Les enfants d’Abraham réunit donc des représentants des trois religions monothéistes réunis chaque semaine sur le plateau pour “se mêler de ce qui les regarde.” Succulent moment de télé où un rabbin, un évêque et un… islamologue s’appellent par leur prénoms, rigolent, se chambrent et disent des choses.

Le problème est que Malek Chebel, contrairement aux deux autres, n’est pas une autorité religieuse.

De ce fait, sa hauteur de vue reste un avis très peu représentatif. Et s’il est là, serein, ouvert et parfois embarrassé c’est que la direction de la chaîne n’a pas dû trouver un imam ou un mufti de cette veine-là. Et pour cause, ils ont mieux à faire. Dresser des échaffauds.

S. L.

laouarisliman@gmail.com

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