Jusqu’à l’avènement de la crise financière mondiale, qui a dangereusement réduit la demande présente sur le marché et fait entrevoir les perspectives les plus pessimistes pour les deux années à venir, les choses en matière de cours du pétrole étaient autrement plus simples. Deux facteurs d’inégale importance étaient à l’origine des chutes majeures des prix. Le plus évident et le plus déterminant est bien sûr le fait que de gros producteurs, à l’instar de l’Arabie Saoudite qui n’a ni les problèmes des petits ni les soucis de souveraineté arrosent régulièrement le marché aux moments où celui-ci donne précisément les signes les plus visibles de saturation. Ou alors de la Russie et avant l’URSS qui joue en solo, ses intérêts de grande puissance et ses calculs stratégiques coïncidant rarement avec les préoccupations des pays aux économies dépendantes des hydrocarbures. Le deuxième facteur est la spéculation dont l’impact, même difficilement quantifiable, est de l’avis de tous les experts négligeable. Régulièrement donc et parfois à titre exceptionnel, l’OPEP se réunissait et parvenait souvent à faire ce qu’il fallait faire, réduire la production. Ce n’était pas toujours évident, mais on y arrivait en dépit de résistances qui se sont terminées parfois par des claquements de portes. Mais dans le meilleur des cas, on s’entendait sur des volumes de réduction bien en deçà de ce qui était attendu pour stabiliser ou booster les cours. On en arrive alors aux quotas de production. Si leur répartition pose plus un problème d’équité que d’efficacité sur les cours du marché, leur respect, pas du tout évident pour l’ensemble des pays de l’organisation est un vrai casse-tête. D’abord pour cette raison de bon sens qu’un engagement non tenu est un non-engagement, ensuite parce qu’il n’y a dans l’espace OPEP aucun mécanisme de contrôle de la production, encore moins de contraintes et de dispositions coercitives à l’égard des contrevenants. Pour une fois que les exportateurs de pétrole dépassent les prévisions les plus optimistes en matière de réduction de la production, le reste, c’est-à-dire le plus important, va-t-il suivre ? Avec une réduction de plus de 4 millions de barils/jours en quelques mois, dont 2,2 à l’issue de la réunion d’Oran, on ne voit pas comment les prix ne remonteront pas dans les prochains jours même si les effets de la crise peuvent atténuer les retombées de ce sursaut presque inespéré des membres de l’organisation. L’OPEP, comme disait Elias Sarkis, une autorité parmi les experts, « est en train de revenir aux fondamentaux, mais elle doit aller plus loin en faisant de ses pays des militants et non des régulateurs de leurs propres intérêts. » Et le militantisme peut commencer par le respect des engagements. D’Oran et de ceux à venir.
S. L.
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