Tigzirt en quête d’un véritable développement

Partager

La population totale de cette daïra est estimée à près de 45 000 habitants. En dépit de la multitude d’atouts dont elle jouit, la région souffre d’un sous-développement par le chômage.

L’absence d’une relance économique de l’eau et de l’aménagement pénalise les habitants. Parmi les atouts de la région, l’on compte plusieurs kilomètres de côtes qui restent en jachère, des routes interdites à la circulation, des projets de développement qui traînent, les mauvaises gestions des ressources et des sites touristiques, etc.

Près de deux mois après sa nomination, nous avons demandé audience à M. Mesrar. Le nouveau chef de daïra de Tigzirt avoue to de go : “A Tigzirt, beaucoup de projets traînent, les choses semblent patiner et la région souffre d’un isolement et de sous-développement ” “Je viens de faire mon diagnostic, j’ai déploré beaucoup de retard dans plusieurs secteurs…” enchaîne-t-il.

Pour ce responsable, la première priorité est “de discipliner les esprits”. Par cela, il entend imposer une rigueur dans la gestion des affaires de la cité. L’un des moyens privilégiés est “le dialogue et la communication, viendront par la suite les sanctions et les récompenses” nous explique-t-il.

Les logements, les locaux pour jeunes, le revêtement des routes, des projets qui avancent à rythme d’escargot

Contrairement à beaucoup d’autres localités du pays, presque la totalité des projets de développement, lancés dans le cadre du Plan quinquennal sont en souffrance.

L’on cite entre autres, le programme de plus de 450 logements LSP, et sociaux, à l’arrêt depuis presque deux ans, de même que les 303 locaux pour les jeunes répartis à travers les trois communes. La reconstruction des classes d’écoles endommagées par le séisme de 2003.

Le revêtement des routes, à l’exemple de celle de Tizi Bouali-Tikiouache vers Tigzirt, etc.

“Il y a absence de dialogue entre administration, entreprises et citoyens”

Le nouveau chef de daïra soulève le problème de déliquescence et du laisser-aller dans la gestion des projets. Plusieurs opérations inscrites et lancées depuis 2007, traînent toujours, selon lui, cela serait le résultat d’un manque de rigueur et de dialogue entre l’administration et les entreprises.

Pour parer à cela, il ne cesse de sommer les entreprises de livrer les projets dans les délais. “Faute de quoi, on aura recours à l’application de la réglementation”, déclare-t-il. Quarante-huit heures auparavant, il avait reçu tous les responsables des entreprises dans son bureau. En plus des orientations et de la rigueur exigée le nouveau chef de daïra les a assuré d’user de toutes ses prérogatives et de son expérience en tant que commis de l’Etat afin d’éradiquer définitivement toutes les entraves auxquelles se heurtent ces entreprises dans la réalisation et la finalisation des projets. Par ailleurs, pour parer aux risques des inondations qui pèsent sur la ville, il a invité les entreprises à un volontariat durant ce week-end. “A ma surprise, tout le monde a répondu présent, je me réjouis de cette motivation et de l’esprit positif des entrepreneurs disponibles à aider et sauvegarder l’intérêt général”, nous a-t-il déclaré. “J’ai du pain sur la planche”, ne cessait-il de nous dire. Parmi les prioriété tracées, après la sécurisation de la ville contre les inondations, l’on compte l’achèvement des opérations de l’exercice en cours.

Il nous annonce que depuis son arrivée, il y a eu accélération du rythme des réalisations. A Iflissen huit sur dix des opérations ont été lancées, à Mizrana, l’on compte neuf sur onze, à Tigzirt cinq sur sept. Selon lui, d’ici la fin de l’année, il ne devrait subsister aucune opération non lancée. “Il est inacceptable de bloquer le lancement des projets pour des futilités bureaucratiques”, dira-t-il. Parmi les opérations en souffrance, l’on compte la réalisation d’un nouveau siège pour la Garde communale à Mizrana pour un montant de 8 millions DA, la construction d’un bloc scolaire de 7 classes pour 11 millions DA dans la commune de Mizrana.

A Tigzirt, l’on compte également la réalisation d’un nouveau siège de la Garde communale, et la réalisation de 2 réservoirs de 50 m3 chacun à Tifra pour un montant de 10 millions DA, un projet inscrit dans le cadre du PPDR.

Le motif avancé pour justifier ces retards est le retard pour le payement des factures. Cela est inacceptable aux yeux du nouveau responsable qui somme les entreprises concernées de lancer les travaux en les rassurant d’une réavaluation des prix sera faite après le lancement “soit je suis responsable, soit non. J’exige de la rigueur et en contrepartie je rassure quant à la protection et la prise en charge des problèmes des entreprises. L’unique prioriété et le développement de la région”, martela-t-il.

Les fausses estimations du taux d’avancement des travaux

La daïra de Tigzirt a bénéficié de 303 locaux pour les jeunes répartis comme suit : 102 à Mizrana, 100 à Iflissen et 101 à Tigzirt. Ce projet qui devait être livré en 2009 patine toujours. A Mizrana, 42 locaux seront réalisés au chef-lieu, les 60 autres au lieu dit “La Crête”. Selon le responsable, l’assiette choisie ne correspond pas du tout à ce type de projets. A Tigzirt, le programme est réparti en deux lots : le premier de 51 à la Grande-Plage et le second, soit 51 locaux au stade municipal. Le chantier du stade a été relancé après intervention de ce responsable pour régler le problème de l’entreprise et de dénoncer : “Regardez sur le tableau, on m’annonce que le taux d’avancement des travaux des locaux à Tigzirt est de 70%. C’est faux ! Après une visite des lieux, j’ai constaté que ce taux ne dépasse pas les 45%”. Et d’avertir : “les locaux ne sont pas destinés à un usage commercial mais à un usage professionnel.

“Le complexe de construction navale ? Je n’en ai jamais entendu parler !”

Nous avons posé également la question sur le fameux projet d’un complexe de construction navale, qui devait être implanté à la sortie est de la ville de Tigzirt. Pour rappel, ce projet annoncé, il y a plus de deux ans, est d’une grande importance. Il est d’un coût de près de 230 millions de dollars et pourrait générer près de 5 000 postes d’emploi. Depuis, la confusion et le flou entourent ce projet capable de révolutionner les choses au niveau de la région et de toute la wilaya de Tizi Ouzou.

“Je suis surpris, je n’ai jamais entendu parler de ce projet”, nous a-t-il répondu. Nous avons posé beaucoup d’autres questions à ce nouveau responsable, en relation avec le sport, la jeunesse, la fermeture de la route Tigzirt-Dellys, l’économie touristique et les projets d’aménagement des plages et du nouveau port, lesquels avancent lentement.

L’absence d’une zone d’activité, la mauvaise gestion des projets de logement, l’environnement, la décharge publique. Notre entrevue qui a duré plus de deux heures, n’a pas suffit à dénombrer tous les manques, dus à la gestion passive de la cité, qui a fait de Tigzirt une région qui recule, en dépit de ses potentialités et atouts multiples. Le chef de daïra laisse croire qu’étant commis de l’Etat, il maîtrise sa mission et serait déterminé à donner des coups de pied dans la fourmilière et propulser ainsi la région de Tigzirt vers l’épanouissement et le véritable développement.

Mourad Hammani

Partager