L’affaire Hasseni ou l’affaire Mecili ?

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Tout est peut-être dit dans l’insoutenable légèreté de la lettre adressée par un sombre sénateur du tiers présidentiel au ministre des Affaires étrangères français Bernard Kouchner. On ne sait pas comment l’assassinat politique d’un opposant en exil devient une question humanitaire, mais on sait comment s’agitent certains responsables politiques pour montrer leur “ disponibilité” dans des circonstances où seul leur silence est souhaitable. Il en est donc ainsi de ce sénateur désigné et mortellement patriote qui s’adresse à M. Kouchner pour lui demander-simplement-la libération de Mohamed Ziane Hasseni soupçonné d’être mêlé à l’assassinat de Me Ali Mecili à Paris. Outre le fait que M. El Hadj Omar Mahdad—c’est le nom du sénateur-oubliée que M. Kouchner dirige la diplomatie d’une grande démocratie où les ministres ne “ libèrent” pas les suspects des mains de la justice, il le fait avec une maladresse et une discourtoisie bien révélatrices de la manière avec laquelle est géré ce dossier. C’est donc l’homme aux consistants états de service dans l’action humanitaire qui est sollicité et non le ministre lui serait impuissant parce qu’on “ lui impose des positions parfois” par rapport à lui-même! Cette lettre truffée de sottises semble répondre à une seule instruction : dans l’affaire, tout le monde peut parler et dire n’importe quoi, l’essentiel étant de ne pas revenir à… l’essentiel. Un opposant politique algérien a été liquidé il y a vingt et un ans. Le dossier classé vient d’être rouvert et peut aboutir à la manifestation de la vérité. Il est tout de même troublant qu’autant de monde soit mort d’inquiétude pour un fonctionnaire retenu dans le confort douillet de l’ambassade d’Algérie à Paris en attendant que son innocence soit avérée et que pas une seule voix d’indignation pour l’assassinat d’un officier de l’ALN ne se soit manifestée !

Parce qu’en fait, c’est de ça et uniquement de ça qu’il s’agit et une fois n’est pas coutume, il n’y a pas eu de lampiste au bon moment et le trouver vingt ans après peut être encombrant. Alors tout le monde y va de son numéro. Samraoui est trop intelligent pour confondre un ambassadeur en poste en Norvège avec un fonctionnaire en résidence surveillée à Paris. Hicham Aboud est trop revanchard pour ne pas avoir quelque intérêt dans l’affaire et Malek Oumellou -l’assassin présumé- est trop serein pour un meurtrier solitaire.

Et si le dossier, dont certains des “souteneurs” de Mohamed Ziane Hasseni regrettent presque “ouvertement la réouverture” plus de vingt ans après les faits, se referme avec la manifestation de la vérité, il semble bien que le lampiste soit déjà trouvé. On ne crie pas avec autant d’enthousiasme et de conviction que Hasseni est victime d’une homonymie si on n’était pas prêt à livrer Hassani !

Et Hicham Aboud semble l’avoir compris.

S. L.

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