»J’attend un geste des responsables pour ouvrir une école de judo »

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Le judo à El Kseur est considéré comme une religion chez toutes les couches de la société banlieusarde, au point où il est rare de voir une famille ne renfermant pas de judokas. Nous avons rencontré le père spirituel de cette discipline, qui active encore malgré son âge, et qui a bien voulu répondre à nos questions avec une amabilité inégalable et une pédagogie de haute facture.

La Dépêche de Kabylie : A l’occasion du 35e anniversaire de la naissance du judo à El-Kseur, pouvez-vous nous en faire un bilan ?

Sadek Ouaret : Pour évaluer les résultats positifs et négatifs, peser et mesurer les avantages et les inconvénients, il me faudra une citerne d’encre et une tonne de papier pour écrire, donc je vous donne en bref quelques points : J’ai crée le judo à El- Kseur le 22 décembre 1974 sous l’égide de l’OSEK (Olympique sportif El-Kseur) après mon retour de France. Effectivement le judo à l’époque était méconnu, j’ai débuté la pratique dans un garage sur un plancher en bois dans une ex-salle des jeux de la section football. Quelques mois après, le local était fermé et je me retrouvais tout seul face à mon destin et c’est à partir de là que j’ai opté pour un ex-FAJ (foyer de jeunes) en préfabriqué de 6m/4m sans portes ni fenêtres et c’est là que j’ai crée mon DOJO (lieu d’étude du judo).

J’ai ramassé des planches d’un peu partout et j’ai récupéré dans l’oued de la Soummam du dise, en kabyle (Idhles), la sciure de bois et une toile en bâche pour confectionner le tatami (le tapis). C’était très difficile de démarrer car j’habitais à l’époque Bougie et je faisais le trajet aller et retour quotidiennement mais rien ne me faisait reculer parce que l’espoir de réussir me taraudait l’esprit, et ce grâce aux trois critères principaux que j’ai pris comme devise, à savoir : discipline exemplaire – Education – Formation et la croyance en Dieu le Tout-Puissant.

Effectivement c’étais très difficile, parce que j’étais le seul entraîneur, arbitre, accompagnateur, soigneur et préparateur physique et psychique de mon école. C’était difficile parce qu’on n’avait pas les moyens de transport, on se déplaçait par train jusqu’à Oran, Annaba, parfois même par auto-stop, rien ne pouvait m’arrêter. A 4 h du matin on allait faire la compétition à Alger et nous prenions avec nous des sandwichs. Mais à chaque championnat, on revenait avec des résultats positifs et mes élèves étaient armés d’une grande volonté de réussir.

Qu’est-ce que vous attendez, après tout ça, des autorités locales comme récompense ?

Ma récompense je l’ai, c’est la satisfaction d’avoir réalisé mon objectif mais je ne me suis pas encore acquitté de la dette que j’ai envers les parents qui m’ont confié leurs enfants, alors je demande que justice soit faite, c’est à dire m’attribuer une assiette de terrain pour construire mon école de judo à El-Kseur. Cette école continuera à former d’autres champions avec les mêmes méthodes tels l’esprit sain dans un corps sain, l’égalité, pas de riche pas de pauvre, pas de faible pas de fort.

L’occasion vous est offerte de lancer votre appel…

Oui, je lance un appel aux autorités pour la protection de la jeunesse, le développement des jeunes talents, donner la parole et écouter les hommes et femmes qui ont de l’expérience, de former, les futurs gestionnaires, l’Algérie est notre pays et c’est à nous de la protéger et de la représenter. Je demande à votre journal de rendre hommage à tous les élèves qui ont pratiqué et qui pratiquent encore le judo sous ma responsabilité ainsi qu’à leurs parents. Je leur souhaite une année 2009 pleine de succès, de santé et de réussite sans oublier votre journal.

Entretien réalisé par Zahir Hamour

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