Une floraison de mots et d’images pour interroger l’homme moderne

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n Par Amar Naït Messaoud

Apparu tardivement dans la tradition littéraire occidentale, le roman est le seul genre dont l’évolution ait été presque toujours accompagnée par une production critique importante. Au-delà des types et des catégories de critiques (universitaire, académique, journalistique), il y a l’opinion des écrivains eux-mêmes sur ce fabuleux moyen d’expression qui accompagne l’aventure de l’humanité depuis des siècles.

Le ‘’roman-carrefour’’ à l’honneur

Au cours du 5e Festival international de littérature tenu en 2005 à Berlin, l’écrivain mexicain Carlos Fuentes, né en 1928, fit un discours inaugural porté sur une lecture personnelle de quelques grands romans qui ont marqué l’histoire littéraire du monde. Il s’arrêta sur Don Quichotte de Cervantès, Moby Dick de Herman Melville, Le Château de Franz Kafka et Lumière d’août de William Faulkner.

Il rappelle dans son intervention une question posée par l’Académie norvégienne à cent écrivains du monde : ‘’Quel est, d’après vous, le meilleur roman de tous les temps ?’’. La moitié des écrivains interrogés répondirent : Don Quichotte de Cervantès. Fuentes fait remarquer :  » Ce résultat soulève l’intéressante question de savoir si les ‘’longs-sellers’’ (livres vendus sur la longue durée) s’opposent aux best-sellers (livres les mieux vendus dans une saison). Il n’existe pas de réponse adaptée à tous les cas : pourquoi un best-seller se vent-il, pourquoi un long-seller perdure-t-il ? Don Quichotte fut un énorme succès lorsqu’il parut pour la première fois, il y a quatre siècles, en 1605, et continue de se vendre sans interruption. Alors que William Faulkner était sans doute une mauvaise affaire, si l’on compare les maigres chiffres de vente d’ Absalon ! Absalon !’’ (1936) et à ceux du succès de l’année, Anthony Adverse de Harvey Allen, une saga napoléonienne traitant de l’amour, de la guerre et du commerce. Ce qui signifie que, à ce sujet, il n’y a pas de réel thermomètre, et même si le temps ne porte pas uniquement conseil : le temps fera vendre « .

Le livre Don Quichotte dont l’écriture s’est étalée sur une dizaine d’année (1605-1615), derrière son héros Don Quichotte, évoque avec une ironique tristesse l’ambition déçue d’une Espagne décadente. Deux aspects de l’âme humaine se disputent dans cette œuvre : le bon sens commun et ses limites incarnés par Sancho Pancha et idéal d’amour, d’honneur et de justice au mépris des trivialités de la vie courante ; idéal incarné par Don Quichotte, redresseur de torts. Véritable patrimoine littéraire de l’humanité, Don Quichotte annonce le roman occidental dans la floraison qui sera la sienne au cours des siècles suivants.

Cervantès a démocratisé le roman

 » On pourrait penser, écrit Fuentes, que Cervantès était en symbiose avec son époque, tandis que Stendhal, par exemple, n’écrivait que pour quelques ‘’heureux élus’’ et se vendait mal de son vivant. Il ne fut reconnu, avant de mourir, que grâce aux louanges de Balzac, et ne parvint enfin à la célébrité que grâce aux efforts du critique Henri Martineau, au 20e siècle.  »

Des milliers de livres, spécialement des romans, ont été écrits au cours des cinquante dernières années ; mais leurs auteurs n’ont pas eu un destin exceptionnel. La longévité des ouvrages ne dépasse généralement pas quelques années.  » Mais la pérennité n’est pas une entreprise voulue. Nul ne peut écrire un livre en aspirant à l’immortalité « , ajoute Fuentes.

L’auteur pense que Cervantès, par son style d’écriture, le décor des scènes qu’il met en place et les personnages qui s’y meuvent, a en quelque sorte, ‘’démocratisé’’ le roman. Il s’explique :  » Lieux, noms, auteur, tout est incertain dans Don Quichott’. Et l’incertitude est aggravée par la grande révolution démocratique qu’a forgée Cervantès et qui est la création du roman en tant que lieu commun ; lugar com_n, c’est le lieu de rencontre de la ville, la place centrale, le polyforum, le square public dans lequel chacun a droit d’être écouté mais où nul n’a le droit exclusif à la parole. Ce principe conducteur de l’écriture romanesque est transformé en ce que l’essayiste Claudio Guillén appelle un ‘’dialogue des genres’’. Ils se retrouvent tous dans l’espace ouvert de Don Quichott’ (…) Le roman, depuis l’époque de Cervantès, en multipliant à la fois les auteurs et les lecteurs, est devenu un véhicule démocratique, un espace de choix libre, d’interprétations alternées du moi, du monde et de la relation entre le moi et les autres, entre toi et moi, entre nous et eux. La religion est dogmatique. La politique est idéologique. La raison se doit d’être logique. Mais la littérature a le droit d’être équivoque.  »

De l’autorité pour la fiction

Fuentes se penche par la suite sur Le Château de Kafka. La rédaction de cet ouvrage date de 1922. Comme l’ensemble des écrits de Kafka, celui-là n’échappe pas à l’atmosphère oppressante qui exprime une angoisse existentielle obsédante. “L’animal nous est plus proche que l’homme, affirme Kafka dans une conversation avec Janouch Gustav. Ce sont les barreaux. La parenté avec l’animal est plus facile qu’avec les hommes. On retourne à l’animal. C’est beaucoup plus simple que l’existence humaine. Bien à l’abri au sein du troupeau, on marche dans les rues des villes, pour aller ensemble au travail, aux mangeoires, aux plaisirs. C’est une vie précisément délimitée, comme au bureau. Il n’y a plus de miracles, il n’y a plus que des modes d’emploi, des formulaires, des règlements. On a peur de la liberté, de la responsabilité. C’est pourquoi l’on préfère étouffer derrière les barreaux que l’on a soi-même bricolés.”

Carlos Fuentes juge que  » la fiction de Kafka décrit un pouvoir qui attribue un pouvoir à sa propre fiction. Le pouvoir est une représentation qui, comme les autorités dans ‘’Le Château’’, gagne en force par l’imagination de ceux qui sont hors du château. Lorsque cette imagination cesse de donner au pouvoir encore plus de pouvoir, l’empereur fait une apparition, nu, et l’écrivain impuissant qui le signale est banni en exil, en camp de concentration ou envoyé au bûcher, tandis que le tailleur de l’empereur coud à celui-ci de nouveaux habits ».

Pénétration dans le ‘’moi’’, révélation à soi, une véritable épopée que permet le roman tel que mené par Herman Melville dans ‘’Moby Dick’’ et William Faulkner dans ‘’Lumière d’août’’. ‘’Entre le chagrin et le néant, je choisis le chagrin’’, disait Faulkner. Il ajoutera : ‘’A la fin, l’homme l’emportera’’. C’est ce que nous apprend magistralement Herman Melville en nous livrant les nouvelles du combat de l’homme solitaire sur lequel se déchaîne une adversité peu commune.  » Comment l’histoire pourrait-elle cesser, tant que nous n’aurons pas dit notre dernier mot ? « , s’exclame Carlos Fuentes.

 » Malgré les accidents de l’histoire, le roman nous dit que l’art restaure la vie en nous, la vie que l’histoire, dans sa précipitation, a méprisée. La littérature rend réel ce que l’histoire a oublié. Et parce que l’histoire est ce qui a été, la littérature va offrir ce que l’histoire n’a jamais été. C’est pour cela que nous ne pourrons témoigner de la fin de l’histoire- sauf si la fin du monde survenait « , ajoute-t-il.

Pourrons-nous oser l’affirmation que la vie est un roman du fait qu’elle n’obéit à aucune logique scellée et définitive ? Fuentes parle plutôt de la réalité qui aurait les mêmes contours protéiformes que le roman : « L’ambiguïté dans un roman est peut-être une façon de nous dire que, puisque les auteurs (et par là même l’autorité) ne sont pas fiables et sont susceptibles d’être expliqués de maintes manières, il en va ainsi également du monde. Car, la réalité n’est pas fixe, elle est changeante. Nous ne pouvons approcher la réalité que si nous arrêtons de prétendre la définir une fois pour toutes. Les vérités partielles offertes par un roman sont un rempart contre les avis dogmatiques. Pourquoi donc les écrivains, considérés comme faibles et insignifiants sur le plan politique, sont-ils persécutés par les régimes totalitaires, comme s’ils étaient vraiment importants ? « .

Les métaphores de la solitude et de l’errance

Le Prix Nobel de littérature 2008, Jean-Marie Gustave Le Clézio, n’a pas cessé, depuis l’âge de 23 ans, lorsqu’il publia son inénarrable Procès-verbal, ses pérégrinations qui lui ont permis d’explorer les espaces les plus reculés et de sonder les âmes et les cœurs les plus éprouvés à travers différentes contrées de la planète. Au cours d’un point de presse improvisé après l’annonce de son nom comme récipiendaire du Nobel 2008, l’auteur du Procès-verbal se dit inquiet quant aux répercussions de l’ébranlement du système financier international sur les petites gens, dans les communautés les plus précarisées de la planète.  » Il faut continuer à lire les romans pour pouvoir se poser les vraies questions sur le monde « , ajoute-t-il. Après moult pérégrinations, il se fixe actuellement aux Etats-Unis, dans l’Etat du Nouveau-Mexique.

Bien qu’il soit un auteur consacré, ayant à son actif une cinquantaine de romans, et dont les textes ont rejoint les classiques de la littérature mondiale dans les manuels de lecture, Le Clézio pense qu’une récompense comme le Nobel joue un rôle de légitimation des efforts de l’écrivain.  » Les écrivains sont très fragiles ; ils ont besoin de reconnaissance « . Il dira aussi, qu’  » on se remet en cause à chaque roman écrit « . De plus, ajoute-t-il,  » un roman écrit est plus une interrogation qu’une affirmation « .

Jean Marie Gustave Le Clézio est né le 13 avril 1940 à Nice de père anglais et de mère française. Issu d’une famille bretonne émigrée au 18e siècle à l’île Maurice, son père était médecin du gouvernement britannique au Nigeria. Le Clézio a travaillé à l’université de Bristol et de Londres. Révélé, à vingt-trois ans, par son roman Le Procès-verbal (1963), il a, par la suite, publié des nouvelles (La Fièvre, 1965) et d’autres récits (Le Déluge, 1966 ; Terra amata, 1967 ; Le livre des fuites, 1969). Il eut recourt à des techniques formelles assez personnelles (collages, substitutions de personnages, textes raturés,…) et à des descriptions très détaillées peu usitées par les nouveaux courants littéraires. Il y exprime, note Françoise Morel-Tiphine (dans le Robert des Noms propres),  » l’aventure d’être vivant « . A limage de son premier héros, ‘’désespéré ontologique’’, ses personnages sont habités par la hantise de la mort (Le Déluge), et c’est cette insatisfaction fondamentale qui les pousse à une errance constante (Le Livre des fuites). Acte de rébellion contre la société technocratique (La Guerre, 1970 ; Les Géants, 1973), contre la civilisation occidentale (Haï, 1971 ; Les Prophéties de Chilam Balam, 1976), l’œuvre se veut l’expression de  » L’Extase matérielle  » (titre d’un essai publié en 1967).  » Il faut se contenter de regarder, avidement, de tous ses yeux  » un monde présent dans chacun de ses phénomènes, de l’infiniment grand à l’infiniment petit. Le seul moyen, du moins le plus efficace, pour rendre compte des manifestations du vivant, demeure, aux yeux du nouveau Prix Nobel, l’écriture,  » l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance.  » Le professeur Henri Lemaître dira des œuvres de Le Clézio :  » Tous les livres de Le Clézio sont des paraboles de la solitude et de l’errance, inéluctable fatalité de la condition humaine.  » Après le prix Théophraste-Renaudaot et Le Femina pour Le Procès-verbal en 1963, Le Clézion obtint, en 1980, le prix Paul-Morand décerné par l’Académie française.

Le Procès-verbal et les avatars du repli sur soi

Reçu par certains critiques comme une œuvre faisant partie du ‘’Nouveau roman’’, Le Procès-verbal raconte l’histoire d’Adam Polo, reclus volontaire dans une maison abandonnée. Auparavant, il s’est consacré exclusivement à la lecture. De ce fait, note Henri Lemaître, il a contracté le virus du regard : il s’en sert pour se recomposer arbitrairement un univers qui ne soit qu’à lui, comme celui des terreurs enfantines, et, par exemple, il voit le soleil comme une gigantesque araignée. Quant aux gens qu’il regarde quand il descend sur la plage, il les regarde en dehors de toute relation éventuelle ou même hypothétique. De même avec les animaux : il suit chaque jour u chine jusqu’à la maison de sa maîtresse, mais il est bien entendu qu’il n’est pas avec un chien et que le chien n’est pas avec lui. Il trouve un rat blanc dans sa baraque : il le tuera. Les femmes ? Il en reçoit une, énigmatique, Michèle, mais ce sera pour s’enfuir hors de sa retraite et rejoindre le ‘’monde’’ : une lettre qu’à la fin du roman il écrit à sa mère dit bien que ce n’est pas pour y trouver une quelconque communication ; et quand il s’adresse aux gens, dans la rue, ceux-ci ont peur. Que va-t-il devenir ? Il est incapable de devenir :  » Il va dormir vaguement dans le monde qu’on lui donne « .

Schmitt Michel, maître de conférences à l’université de Lyon-II présente ainsi cette solide rampe de lacement qu’est le Procès-verbal:

« Maniaque du repli sur soi », Adam Pollo, jeune homme d’une trentaine d’années, sans profession, refuse l’idée de la mort. Ignorant s’il sort de l’armée ou de l’asile psychiatrique, il se sent isolé des vivants par son oubli ou sa folie. Asocial, il fait retraite dans une maison abandonnée au bord de la mer, loin de la ville, « attendant solitaire au bout de son corps grêle l’accident bizarre qui l’écrasera contre le sol, et l’incrustera à nouveau chez les vivants […] ». À longueur de journée, il contemple sa propre intelligence palpitante dans l’univers, sans relâche, à l’abri, comme immergé dans un monde préservé du mal, c’est-à-dire sans travail. Son inaction devient protestation contre une société suractive, où il ne trouve pas sa place. « Personnage sans épaisseur, sans qualités personnelles, simple destin en marche, aussi dénudé et vide que les héros de Beckett […] » (J.-L. Onimus), Adam Pollo incarne l’étrangeté d’exister. La sensation reste alors la seule évidence, l’unique certitude. Grâce à une attention obsédée et infinie, le jeune homme réussit à occuper le centre de l’Univers, qu’il voit en prophète. Son regard tourné vers la seule intelligence du monde descend vers la matière (la plage, le chien, le rat, les fauves du parc zoologique) et s’unit à elle. Conscience qui dit l’inépuisable existence de la chose tout en désirant la remplacer, Adam est voué à la perte. Son malheur vient de ce qu’il ne peut s’évader de soi et préfère se dissoudre plutôt que de participer. Égaré, sans avenir ni principes, prisonnier d’une existence sans mode d’emploi et bâtie à coups d’échec et de dégoût, Adam Pollo est finalement arrêté et jugé par les hommes dont il a voulu transgresser les interdits. Parce qu’il n’est pas entré dans le jeu, il est déclaré fou: « Adam, tout seul, étendu sur le lit sous une stratification de courants d’air, n’attend plus rien […]. Il va dormir vaguement dans le monde qu’on lui donne […]. Il est dans l’huître, et l’huître au fond.”

Rendre la complexité du réel

Le Procès-verbal place le lecteur devant une écriture du langage total qui exprimerait l’en deçà des mots, la musique des choses, une forme de mysticisme sans Dieu. Le tourment, la rupture, les blancs et les rayures font éclater le réel que le texte cherche à reconstituer comme un puzzle. Le Clézio tente de retrouver la fraîcheur et l’authenticité cosmiques. L’effraction fait écho au choc entre la répugnance à vivre et la nostalgie de la liberté proche de la nature où veut demeurer Adam Pollo. Le lyrisme discret de l’œuvre prouve ainsi le malaise et de la désespérance liés à l’expérience de la séparation. Du refus d’une écriture qui rejetterait le réel, Le Clézio prend conscience de la peur, au sein d’une civilisation qui détruit les valeurs et que motivent des principes truqués, à l’opposé du sourire de lever du monde qui voudrait dire le merveilleux. Derrière l’entreprise désespérée du Procès-verbal se dresse l’ombre immense des Chants de Maldoror et de Lautréamont, que Breton appelait « le grand serrurier de la vie moderne. »

Attention aiguë aux choses primordiales

 » Je voudrais faire seulement ceci : de la musique avec les mots (…) pour embellir mon langage et lui permettre de rejoindre les autres langages du vent, des insectes, des oiseaux, de l’eau qui coule, du feu qui crisse, des roches et des cailloux de la mer « , écrit Le Clézio.

Dans Désert, publié en 1980, l’auteur donne à sa quête une forme romanesque. La scène se passe au Maroc. Lalla, l’enfant qui devient femme, l’opprimée qui fait vivre le peuple touareg vaincu par l’armée coloniale, est en accord total avec la nature ; son voyage dans la grande ville sera la découverte du froid, de la saleté, de la séparation ; sa rencontre avec Radicz, un autre ‘’simple’’, finira par la mort de celui-ci, écrasé par un autobus ; Lalla reviendra dans son désert, portant l’enfant de Radicz, dont elle accouchera parmi les éléments, l’eau, le sable, l’arbre.  » Nous sommes à cent lieues du réalisme ordinaire et cependant toute la chair du livre est faite de sensations concrètes, de gestes quotidiens, d’une attention aiguë aux choses primordiales de la vie qui nous entourent et que nous ne voyons plus « , juge la critique Jacqueline Piatier le livre Désert dans une fiche de lecture publiée par le quotidien Le Monde.  » Avec ce livre, Le Clézio a peut-être trahi son ambition, celle de dire le monde sans recourir à la parabole ; mais, il a su, avec les mots les plus banals, les plus dépouillés, dire une histoire dont les implications multiples (le retour à la nature, le sort des travailleurs immigrés, la condition féminine, …) ont touché la sensibilité-ou peut-être la sentimentalité ?- d’un très vaste public pour qui la fiction demeure la voie d’accès à un univers qu’elle risque cependant de priver de ses dimensions les plus secrètes « , notent de leur côté les auteurs de “La littérature en France depuis 1968 (ouvrage collectif, éditions Bordas, 1982).

A. N. M.

iguerifri@yahoo.fr

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