Le roman Les Misérables II naitra-t-il ?

Partager

C’est une affaire protéiforme, en Hexagone, un scénario à rebondissements, une procédure judiciaire qui perdure à n’en plus voir le bout. C’est l’histoire des Misérables de Victor Hugo, œuvre majeure de la littérature françaises universelle et de Plon, une maison d’édition qui entend donner une suite au roman publié en 1862. Les éditions Plon sollicitent un de leurs sociétaire, l’écrivain François Cérésa, et lui commandent une suite au monumental roman de Victor Hugo. Mais les héritiers de Victor Hugo, particulièrement son arrière-arrière-petit-fils Pierre Hugo, “contestait le droit aux éditions françaises Plon de publier une suite au roman de leur ancêtre” et se voient déboutés par la cour d’appel de Paris et condamné à 10 000 euros de dommages et intérêts. La cour a “ estimé que deux ouvrages litigieux ne portaient pas atteinte à l’œuvre du grand écrivain français.” Cosette ou le temps des illusions et Marius ou le fugitif, deux ouvrages écrits par François Cérésa en 2001 et édités chez Plon. En inventant une suite aux Misérables les héritiers Hugo déposent plainte contre François Cérésa pour atteinte au droit moral. Les héritiers Hugo “ s’insurgeaient notamment contre la réapparition de l’inspecteur Javert, le sombre héros des “Misérables”, près d’un demi-siècle après sa création sous la plume de l’auteur François Cérésa. Noyé dans la Seine par Victor Hugo, Cérésa l’a ressuscitée et métamorphosé en gentil policier dans son “ Cosette ou le temps des illusions”, écrit Le Figaro dans son édition du 26 décembre dernier. L’avocat de Pierre Hugo s’était insurgé “ Les livres de François Cérésa dénaturent complètement l’œuvre originelle.” Le 31 mars 2004, la cour d’appel de Paris avait donné raison aux plagiants, jugeant qu’ “ aucune suite ne pouvait être donnée à une œuvre telle que “ Les Misérables” sans porter atteinte au droit moral de Victor Hugo”. Mais les éditions Plon forment un pourvoi en cassation, et le 30 janvier 2007, “ La plus haute juridiction avait donné raison à la maison d’édition et avait chargé la cour d’appel de Paris de réexaminer le dossier, en recherchant “ une éventuelle atteinte au droit moral de l’auteur”, rapporte toujours le quotidien Le Figaro. C’est alors que la cour d’appel de Paris juge qu’un “ auteur ne peut, en se fondant sur les attributs du droit moral qui n’est pas un droit absolu, interdire que son œuvre fasse l’objet de toute adaptation et spécialement de toute suite du même genre.” L’avocat de Plon, Me Lombard avait alors utilisé un discours de Victor Hugo, prononcé le 21 juin 1878, pour appuyer sa démonstration “ L’héritier du sang est l’héritier du sang. L’écrivain, en tant qu’écrivain, n’a qu’un héritier, c’est l’hériter de l’esprit, c’est l’esprit humain, c’est le domaine public. Voilà la vérité absolue.” Le Figaro conclut en écrivant : “ Mais si cette décision semble signer l’épilogue de cette longue affaire, un nouveau pourvoi en cassation reste théoriquement envisageable.” Une affaire à suivre donc dans ses méandres juridiques, tenant en haleine plus d’un amoureux de l’auguste et universel Victor Hugo, à titre posthume cette fois-ci

De Paris, Hakim Hadidi.

Partager