Mourad Zimu, le souffle du renouveau

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La liberté des mots, des notes et d’esprit, tels sont ses gages pour la réussite. Jeune, ému par la vie qui ne vaut pas grand-chose à ses yeux, en dehors des notes de musique qui coulent à flot de sa guitare, Mourad Zimu, est de ceux qui s’accroche au train en délaissant au dernier arrêt les préjugés portés sur un art en plein dépérissement. Il incarne le renouveau, le souffle vivant pour nous faire oublier les travaux insipides et ternes qu’on nous ressasse à tout bout de champ. De son vécu, il a fait un trésor poétique et de ses penchants musicaux, une fontaine intarissable de musiques veloutées et suaves. De Moustaki à Renaud, des essais d’adaptations remis au goût de notre vie, Zimu passe en dénicheur de nouvelles mélodies douces et agréables. Ces mélodies, agrémentées par des textes évasifs, brisent les « jougs » que l’on impose à la poésie à sens unique, quelquefois abusif. Ses textes inspirés des quotidiens pâles de ses concitoyens, qu’ils soient chez eux ou à l’exil, répondent à cette envie de décortiquer avec une touche d’humour une société bloquée par ses propres préjugés.

En dehors des idées préconçues pour l’art de chanter, Zimu donne le véritable sens à la chanson, celui de dire les choses telles quelles sont. Loin de tout artifice qui la rendra, inéluctablement sans âme et sans énergie, Zimu met toute sa détermination dans ses travaux, qu’il interprète comme un maître. De sa voix douce et rocailleuse, au gré des tons, Zimu garde un cachet originel qui fait sa différence, celui de la liberté que lui assure son art : chanter pour la vie.

Il peint ses chansons de couleurs artistiques éclatantes, des visions épicuriennes et ésotériques. Il adoucit les temps chagrinés pour les rendre moins pénibles. Il récite sa vie, comme celle des autres, sous des airs doux sans enquiquiner l’auditeur, mais avec des mots justes, précis et souvent puissants.

La chanson de Zimu est un univers de révolte enveloppée de sagesse. Face à la société pétrie dans des incroyables stagnations, il crie sa colère et son refus de la conception de l’amour et de la vie en général que l’on nous dessine. A la situation politique du pays, il crie révolte dans l’union. Il  » s’égosille  » de toutes ses forces contre la mal vie, la manipulation.

Les trois albums de Zimu, l’un intitulé, Muhuc, l’autre, Ma3lic, (tant pis) et le dernier, Apapri kan, (à peu prés), procurent aux âmes battues de l’espoir une excitation de la vie sans limite. Ils constituent un remède aux férus de la chanson kabyle et un relâchement, notamment après des étés pleins de vacarmes charriés par le rythmé et le non-stop.

Cette nouvelle génération d’artistes, même si elle est mêlée à des « burlesques » de l’art sans queue ni tête, a la certitude de voir la chanson kabyle rejaillir avec eux, est permise. Le meilleur est semblable à la réussite. Avec Zimu, même sans faire dégainer ses instruments fétiches, il nous montre que rien n’est impossible avec l’engouement… Surtout quand on veut réussir.

M. Mouloudj

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