Un dépotoir pour déchets industriels !

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En effet sur toute sa trajectoire qui commence de la wilaya de Bouira – où il prend sa source – jusqu’à la ville de Béjaïa où il se jette dans la mer Méditerranée, il s’est transformé en réceptacle pour d’impressionnantes quantités de déchets ménagers et industriels, un immense dépotoir à ciel ouvert.

Le lit de ce cours d’eau, autrefois limpide, est réduit en un cloaque gigantesque recelant une pollution indescriptible. L’action destructrice et assassine de l’écosystème ne s’arrête pas là : l’incommensurable exploration industrielle de ses alluvions est une véritable saignée qui accélère la mort préméditée et imposée de Dame Nature. A Aftis par exemple, l’hémorragie de l’extraction de sable suit son bonhomme de chemin. Toute la journée un cortège de camions se succède en file indienne sur le lit en quête d’une cargaison de gravats. Des engins s’activent sans répit à creuser dans les entrailles du cours d’eau en quête d’un gisement de sable.

Des camions dans un interminable mouvement de va-et-vient s’affairent sans relâche à approvisionner un impressionnant chantier chinois en charge de la construction d’un axe de l’autoroute Est-Ouest dans les wilaya de Bouira et de Bordj Bou Arréridj.

C’est un véritable essaim de poids lourds qui a été affrété par l’entreprise chinoise. Le défilé de camions, qui se succède sur le CW42 A, à un rythme effréné démontre l’ampleur de la saignée que subit oued Sahel : une opération criminelle tolérée et banalisée.

On se demande où sont passés les services de l’environnement, la société civile et les autorités, tous confinés dans un profond et coupable silence. Cela fait quelques mois, on évoquait la suppression des sablières. A présent, quel service de l’administration peut se targuer de pouvoir avancer le nombre de pilleurs de sable, déclarés ou agissant à l’insu des services fiscaux ? Sur la route reliant l’ouest à l’est du pays, la majorité des véhicules transportant des gravats, se sont approvisionnés à partir des sablières implantées dans la région de la Soummam. Si depuis le séisme de Boumerdès de mai 2003, une légion de camions assure, au quotidien, le transport de sable et dérivés vers d’énormes chantiers de reconstruction des zones sinistrées, à présent c’est un arsenal impressionnant de poids lourds qui effectue des transports similaires dans le cadre d’une sous-traitance avec une grande société chinoise, ayant pour mission la réalisation un tronçon de l’autoroute Est-Ouest. C’est dire que des millions de tonnes de m3 de sable et de gravats sont extraits des alluvions de l’oued : une activité juteuse pour une poignée de privilégiés qui continuent de perpétrer un véritable crime écologique sans être nullement inquiétés outre mesure. A quels barons profite ce business prospère ?

Z. Z.

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