Aseggas ameggaz !

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“L’histoire est la mémoire des peuples, elle est le juge et le témoin éternel de l’honneur lorsqu’il a tout perdu. Elle est le point de repère de tout un chacun.”

Voilà que les Ath Yenni passent à l’an 2959. Et encore une fois cette localité, ô combien connue pour son attachement à la culture, prouve que Yennayer n’a pas rejoint le cimetière de l’histoire.

Nombreux sont les habitants de Béni Yenni qui ont tenu à donner à cette occasion son cachet particulier et sa célébration revêt un engouement certain dans plusieurs foyers de la région.

“Imensi ou seggas” ou le dîner de l’an est une lculture qui a traversé des siècle et même des millénaires mais qui demeure encore vivace à ce jour chez les Ath Yenni avec ses coutumes et sa symbolique. A l’instar de tous les “hommes libres”, les Ath Yenni savent bien que c’est à cette date (1er Yennayer du calendrier berbère car répondant au 12 janvier du calendrier grégorien) que Scheshnaq débarquera dans le Delta du Nil pour sauver l’empire du pharaon menacé par un roi d’Ethiopie. Yennayer se situe à l’an 950 avant J-C, à la mort du pharaon Psoussens II il sera remplacé par le vaillant Scheshnaq qui régna sur la dignité royale d’Egypte.

Pour les séniors de Béni Yenni, ce fait historique se traduit par le rituel du sacrifice du poulet qui accompagnera le couscous aux sept légumes ( s’il vous plait !) formant ainsi le copieux repas de la veille de Yennayer, dégusté en famille.

A ce propos, une vieille femme, rencontrée au village de Taourit Mimoun, nous dira : “ A la venue de Yennayer, la maison doit être nettoyée et remise en ordre pour accueillir toute la famille autour du dîner n’Yennayer avec l’espoir de bien commencer la nouvelle année, et pour qu’il en soit ainsi pendant les douze prochains mois. Outre la préparation d’un couscous avec du poulet, j’ai appris de ma mère le rituel du Tbaq coloré et fabriqué à base de halfa, il est rempli pour l’occasion de fruits secs comme les dattes, les figues sèches ( inighmane), les amandes, les noix, etc. On y met aussi des mandarines et des oranges ( fruits de saison). Pour nos ancêtres, Yennayer était le symbole du début du calendrier agricole. Je tiens beaucoup à ces traditions et à leurs valeurs, et je veux que mes enfants les connaissent et les perpétuent à leur tour.” Tels sont donc quelques aspects de Yennayer à Béni Yenni, citadelle du “ nif” qui veille face au majestueux Djurdjura, sur la tradition. “Imensi ou seggas” est vraisemblablement une occasion de se réunir autour d’une table conviviale et de passer ensemble un moment agréable dans une ambiance chaleureuse et familiale. Ce qui est certain, c’est que comme toutes les régions kabyles, Béni Yenni espère que ce nouvel an berbère sera reconnu de manière officielle par les Etats de toute Tamazgha !

D.K.

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