C’est en lecteur de Freud que Breton décide d’explorer l’abîme ouvert par les recherches psychanalytiques sur l’inconscient, véritable labyrinthe de l’irrationnel qui s’offre désormais à l’investigation littéraire. Il tient le taureau par les cornes pour poser les bases d’une nouvelle école littéraire, pour se démarquer du classicisme, où l’auteur est tenu par la rigueur des normes rigides et inflexibles.Il écrit dans le manifeste du surréalisme en 1924 “Ces lignes proposent une conception révolutionnaire de l’image poétique et plus particulièrement de la métaphore, figure favorite de l’esthétique surréaliste. Renversant le modèle aristolécien qui prévalait jusqu’alors fondé sur une analogie logique entre les termes”. Breton prône de façon provocatrice la force de l’arbitraire.André Breton, est né le 18 février 1896 dans l’Orne, d’origine bretonne et lorraine. Elevé par son grand-père maternel à Saint-Brieuc, puis s’installe avec sa famille à Pantin. En 1906, il entre au collège Chaptal et à dix-sept ans, il suit les cours du PCN, porte d’entrée des études médicales. C’est à cet âge, qu’il composa ses premiers poèmes, dont un sonnet dédié à Paul Valéry, qui paraîtra en 1914 dans la revue “La Phalange” de Jean Royère. Il est ensuite mobilisé dans l’artillerie, puis versé dans le service de santé à Nantes. Il entre en correspondance avec Guillaume Appollinaire. En 1917, il est affecté au centre psychiatrique à Saint-Dizier, où il s’initie à la psychanalyse. Rappelé à Paris, il rencontre Appollinaire, Aragon et Phillippe Soupault. Les trois contribueront à “Nord-Sud”, une revue qu’anime Pierre Reverdy. Il publie “Mont de piété” en 1919 où s’affirme sa rupture Malarméene, au même temps où il découvre l’écriture automatique. L’année suivante il écrit avec Soupault, “Les champs magnétiques” et crée avec la revue “Littérature” avec Aragon et Soupault qui passe en un an, de la recherche éclectique du moderne au soutien et à l’affirmation du mouvement Dada. En 1924, il donne avec un groupe d’amis naissance au “manifeste du surréalisme”, où il explicite les positions et les interrogations. Dès lors, l’histoire d’André Breton et du surréalisme se mêlent de façon indissoluble. La rencontre avec Nadja en octobre 1926 est à l’origine d’un livre qui pose déjà les problèmes essentiels soulevés par le surréalisme (le rapport de la poésie et de la vie).Depuis la guerre du Maroc en 1925, il reconnaît la nécessité d’une action politique et entre au Parti communiste deux ans plus tard, avec lequel il rompt définitivement lors du congrès pour la défense de la culture en juin 1935. Le second manifeste de 1929 est suivi de nouvelles arrivées et nouvelles ruptures, comme la rupture avec son ami de toujours, Louis Aragon. La rencontre avec Jacqueline Lamba, qui est au centre de “L’Amour fou”, a eu lieu en 1934, coïncide avec l’audience internationale du surréalisme. Aube, fille de Breton et de Jacquelline naît en 1935, et c’est à elle que s’adresse le dernier chapitre du livre.En 1937, Breton dirige une galerie surréaliste rue de Seine, à l’enseigne freudienne “Gradiva”, puis chargé de conférences sur la littérature et l’art au Mexique. Au retour, il rompt avec un autre géant de la poésie française, Paul Eluard. Pendant la guerre, il est mobilisé à Poitiers. Après la débâcle, il est l’hôtes à Marseille du “comité de secours américains aux intellectuels”, où il retrouve Max Ernst Brauner, Peret et Masson. Il débarque en Martinique en 1941, où il connaîtra Aimé Césaire, avant de partir aux USA, où il crée la revue WV et rencontre Elisa, inspiratrice de la méditation “d’Arcane 17”. Après leur mariage ils reviennent à Paris en 1946. Il se soulève contre la mode de l’époque et apporte son soutien à la lutte du Vietnam pour son indépendance, et est présent dans tous les combats du temps, comme la Hongrie contre le joug soviétique. Pendant la guerre d’Algérie, Breton est l’un des premiers signataires du Manifeste des 121.Hospitalisé en septembre 1966, à Lariboisière, il meurt le matin du 28. Ses obsèques ont lieu le 1er octobre au cimetière des Batignolles. Le faire du décès porte ces seul mots : André Breton (1896-1966) : je cherche l’or du temps.
Salem Amrane
