Vindicte et surenchère à Béjaïa

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A moins de cent jours de l’élection présidentielle, les partis politiques, qui encombrent l’échiquier politique dans la wilaya de Béjaïa, brandissent leurs lames et s’adonnent d’ores et déjà au langage de la vindicte à coups de communiqués de presse et de déclarations. C’est ainsi que le plus vieux parti de l’opposition le FFS en l’occurrence, a, par la voix du P/APW de Béjaïa, Hamid Ferhat, fustigé l’initiative de l’administration de wilaya et “des organisations satellitaires” qui ont organisé une kermesse au siège même de la wilaya sous “le fallacieux” prétexte d’une commémoration pour qu’en fin de compte, révèle-t-il, “la mémoire des martyrs soit dévoyée par ceux qui sont censés en haut lieu la protéger contre tout dénigrement.”

“Encore une fois, on convoque honteusement le sang des martyrs de la Révolution à la rescousse d’une hypothétique élection présidentielle sans électeurs ni candidats”, dénonce le P/APW dans une déclaration rendue publique en date du 20 janvier courant. Pour Hamid Ferhat cette démarche s’apparente à un flagrant parti pris de l’administration en faveur du candidat sortant Abdelaziz Bouteflika et ce, “aux frais du contribuable”, en soulignant dans le même contexte qu’“au lieu de commémore sobrement et dignement l’anniversaire de la mort des vrais officiers-martyrs, (…) on s’engage irrespectueusement dans une vraie opération de “souillage de leur mémoire.” Tout ce bal, estime-t-il, n’a été orchestré que “pour prier sa majesté le roi à garder sa couronne”, sachant, poursuit-il, que “le pouvoir, à travers ses relais s’en remet, comme par défi, à la recherche d’une introuvable légitimité populaire pour sa survie en garantissant la future échéance que la population a d’ores et déjà disqualifié.”

En répartie à la déclaration du P/APW, le FLN de Béjaïa se dit “choqué devant l’extrême gravité d’un contenu d’une déclaration porteuse d’un préjudice sans précédent à l’encontre de militants authentiques et sincères investis d’une double mission d’édification et de développement.” Dans une déclaration rendue publique hier la Mouhadadha de Béjaïa a condamné ce qu’elle a qualifié de “sinistre écrit”, tout en se déclarant “mobilisée pour la réussite du candidat du FLN, le frère moudjahid Abdelaziz Bouteflika.” La même instance, faut-il le rappeler, à adressé à la presse locale une note en date du 10 décembre 2008 dans laquelle il a été signifié que toute voix discordante au sein du FLN ne doit pas être prise aux sérieux. Il est clair à ce propos que le FLN de Béjaïa veut étouffer toute contestation au sein de ses rangs, sinon pourquoi une telle note ?

De son côté, le parti d’Ahmed Ouyahia à Béjaïa a laissé entendre, lors du conseil de wilaya tenu jeudi dernier à Akbou, que ses militants sont “mobilisés pour s’opposer aux forces d’inerties existant dans la wilaya.” Lesquelles forces d’inerties -une mi-insinuation, semble-t-il aux militants des deux partis les mieux implantés dans la région, à savoir le RCD et le FFS- estime le député du RND, Omar Allilat, “ne cessent de freiner et perturber son développement.” Dans le compte-rendu ayant sanctionné les travaux du conseil, le RND de Béjaïa a noté que les différents intervenants ont affiché leur “conviction, détermination et mobilisation pour un troisième mandat du président Bouteflika.”

Le RCD de Béjaïa en butte à une crise sans précédent, adopte pour le moment une stratégie de prudence et n’a fait, du moins jusqu’à ce jour, aucune apparition publique. C’est dire que la formation de Saïd Sadi n’a pas encore franchi la zone de turbulences ayant connu au passage l’exclusion de cinq cadres du parti.

La rue, quant à elle, reste toujours insensible par rapport à cette échéance électorale, car ne voyant rien venir en sa direction même si l’élection présidentielle en soi revêt un caractère important. “A quoi bon voter ! Une fois les élections passées aucun changement pour le citoyen lambda, donc je préfère rester chez moi le jour du vote”, nous confie Hamid, enseignant de son état. Comme lui ils seront des milliers le jour “J” à ne pas glisser l’enveloppe dans l’urne.

Dalil S.

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