Rachid Tigziri, l’âme d’un combat

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Seule l’amnésie parviendra à les faire oublier. Ces militants démocrates, qui bravèrent, des années durant, aussi bien la répression du pouvoir que la lame assassine des terroristes islamistes. Ces femmes et hommes ont dans leur majorité, payé au péril de leur vie leur engagement patriotique contre la barbarie intégriste. Rachid Tigziri, opposant invétéré au projet théocratique de l’ex-FIS, militant berbériste infatigable et démocrate convaincu depuis son plus jeune âge, sera, un certain 31 janvier 1994, la cible d’une maladie algérienne, nommée terrorisme islamiste.

Rachid Tigziri, secrétaire national à l’économie au sein du Rassemblement pour la culture et la démocratie, RCD, quelques temps après sa création, était assassiné, en ce matin maudit du 31 janvier, il y a de cela 15 années, à la sortie de son domicile à Bachdjerrah, dans la banlieue est d’Alger. L’on se souvient que l’ex-président Liamine Zeroual devait prononcer un discours important dans la vie politique du pays le même jour. L’Algérie officielle festoyait ce jour-là, tandis que l’autre Algérie se donnait rendez-vous dans les cimetières pour enterrer ses meilleurs enfants. “On ne se rencontre qu’aux cimetières afin d’enterrer les cœurs assassinés par les ennemis de la lumière”, dixit Ferhat dans une chanson d’hommage à Rachid Tigziri.

Tout comme les milliers de militants démocrates, intellectuels, artistes…ciblés par les terroristes islamistes, Rachid Tigziri fut un militant exemplaire. Avec son sincère engagement politique pour la reconnaissance de la langue et culture amazighes au sein du Mouvement culturel berbère depuis les années 80, ses convictions anti-islamistes assumées, Rachid était respecté de tous. Avec ses compagnons RCD, bien Djaffar Ouahioune, Mustapha Bacha et tant d’autres militants, Rachid Tigziri était sur tous les fronts.

Il prenait part à toutes les réunions d’organisation de cette nouvelle formation politique. Il était toujours à l’avant-garde du combat identitaire et démocratique. Les quelques années de militantisme au sein du Rassemblement qui faisait, à cette époque, de la défense de l’amazighité et de la démocratie son credo, resteront à jamais gravées dans les mémoires des militants qui avaient côtoyés Rachid. Aujourd’hui, même si la formation pour laquelle il s’est sacrifié en défendant ses principes politiques, a tourné le dos à sa centaine de cadres assassinés par les intégristes, il n’en demeure pas moins, que le nom de Rachid est marqué en lettres de dignité et de bravoure dans les annales du combat démocratique algérien.

En choisissant la Famille qui avance comme son appartenance politique, Rachid savait que le pire le guettait tout comme l’ensemble de ses compagnons de combat politique. Il a choisi la résistance au lieu d’abandonner son combat. Il a choisi le pays à l’exil. Il a choisi la mort du guerrier à la vie du …lâche.

M. Mouloudj

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