Un climat de grande violence

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De notre envoyé spécial, Mohamed Bessa

Les affrontements qui avaient repris de plus belle dans la matinée auront cessé à la mi-journée. Si beaucoup de blessés sont encore dénombrés parmi les « belligérants » des deux côtés, on ne déplore, pour ce troisième jour d’affrontements intercommunautaires, aucun mort. Ce qui, relativement, constitue une forme d’avancée vers la « paix ».

Il semble que les autorités ont entendu les notables mozabites qui ont dénoncé le laxisme des forces de police. « L’entrée en scène de la gendarmerie a permis d’instaurer une meilleure maîtrise des choses », nous dit « Mazigo », dont les commerces situés en face du siège de l’APC viennent d’être gravement endommagés par des assaillants furieux.

Lui et une dizaine d’autres membres de la société civile s’apprêtaient à se réunir avec le maire pour dégager une voie de paix. « Le maire va réunir, dans un premier temps, les notables mozabites puis tenter d’étendre la médiation aux Chaâbis », nous dit-on.

Une réunion qui pourrait aboutir au dénouement de la crise d’autant que l’implication de la gendarmerie semble agréer les notables mozabites. « La police n’a pas joué le rôle d’interface que nous pouvions espérer, elle a même, par certains comportements, fait le jeu des Malékites », dénoncent les représentants de la communauté mozabites. Ceux-ci exigent même le départ du chef de daïra.

Un impressionnant dispositif policier est néanmoins installé dans la ville. Tous les chemins qui débouchent sur la RN 1, qui sépare quartiers mozabites et chaâmbis, sont bouclés.

Des CRS sillonnent à pied la ville et se tiennent prêts à toutes les éventualités. Il arrive même que ceux-ci parlementent avec des jeunes qui montrent d’évidents signes d’hostilité.

C’est aussi eux qui recommandent à un confrère de ne pas trop s’exposer avec son appareil photo. «On peut facilement vous tirer dessus avec un tire-boulettes», lui explique-t-on.

Mais c’est, selon les notables mozabites, la manière forte de la gendarmerie qui aura ramené le calme, un calme des plus tenus certes. Ceux-ci ont, dès leur arrivée la vielle, opéré plusieurs arrestations. «Si, vendredi, la police avait arrêté les énergumènes qui avaient tout déclenché au lieu de jouer les spectateurs, on n’en serait pas là aujourd’hui», estime « Mazigo ». Comme il y a huit mois quand une banale affaire de pétards qui auraient éclaté entre les jambes d’un jeune adolescent avait provoqué un embrasement général, cette fois-ci ce furent des disputes déclenchées au sortir de la grande prière qui auront sonné l’hallali. Benzaït Bachir Ben Abdelhamid, âgé de 17 ans, décède quelques heures seulement après les premières échauffourées. Samedi, ce sera le tour de Kerrouchi Omar, 47 ans, enseignant de son état. On ne parle pas des blessés, souvent très graves au vu de la haine tenace que se vouent les deux communautés, qui se combattent sans merci, des frayeurs et de angoisses.

M. B.

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