Plume
« On ne s’est jamais quitté »
l “J’ai connu Brahim il y a dix-huit ans et étant musicien j’ai joué avec lui, depuis on ne s’est jamais quitté de vue et on se voyait souvent et au moment de la sortie d’un de ses récents disques, moi, j’étais directeur artistique chez Polydor et comme on se retrouvait toujours dans ses concerts, je suivais sa carrière marquée surtout par ses problèmes de santé.Un jour, je l’appelle pour travailler ensemble il me fait savoir qu’il a rechuté et qu’il ne lui restait pas beaucoup de temps à vivre et qu’il avait des chansons qu’il voulait enregistrer, il m’a demandé un coup de main et je n’ai pas hésité un seul instant, donc on a commencé à travailler chez moi puis au studio Davou et plus avançait dans le travail, son état de santé se dégradait ce qui m’a marqué le plus c’est son courage et sa dignité face à la mort et son amour pour la musique. Il faut savoir qu’il venait au studio avec son appareil et ses bouteilles d’oxygène et le médecin lui disait: » n’allez pas au studio vous risquez d’y mourir! », Brahim lui répondait: » je préfère mourir au studio qu’à l’hopital » c’était émouvant.Un jour il m’a dit: « Si je meurs avant la fin du travail continue-le pour moi, » chose que j’ai faite et qui m’a pris deux années”.
Aldjia
« Il était un grand militant de l’émancipation de la femme »
l “J’ai rencontré Brahim Izri plusieurs fois dans des concerts et autres événements culturels, on se disait bonjour et on avait un respect mutuel. Je connais bien son militantisme pour la liberté et l’émancipation de la femme en général et algérienne en particulier, une initiative qui me touche personnellement et à chaque fois que je le rencontrait, il véhiculait cette image honorable, des personnes qui se devouent comme lui envers la femme sont rares aujourd’hui. Ce qui m’a marqué, c’est son courage et son enthousiasme même sur son lit d’hopital où je lui rendais visite, il gardait le cap sur la musique et sur son dernier projet, il quittait même l’hopital pour enregistrer au moment où il était à la fin de sa vie et de son combat contre la maladie. Ce qui me désole aujourd’hui c’est qu’on n’a pas pu lui montrer assez cet amour et ce soutien durant son vivant”.
Lounès Kheloui
« Il était respectueux et chaleureux »
l Je suis très heureux de participer à l’hommage à Brahim Izri, je souhaite que les prochains hommages soient encore plus grands. Je lui souhaite la miséricorde de dieu. On s’est connus à Alger, on s’est revus quelques années après ici en France. C’était un artiste respectueux et très riche en relationnel avec un parcours très riche en rencontres. L’hommage d’aujourd’hui est à la hauteur de sa personnalité, je remercie personnellement tous les organisateurs.
Nanou, sa veuve
« Après mes deux enfants, la musique reste la plus belle chose qu’on ait faite ensemble »
l “Avec cet hommage de tous les amis et proches de mon mari qui se sont tous réunis. Je me sens émue car je ne suis plus toute seule et heureusement que ces personnes sont toujours autour de moi il ne m’ont jamais abandonnée que ce soit en Algérie ou, ici, en France. Cette mobilisation est à l’image de Brahim car avec tout ce qu’il a apporté à notre culture et surtout son militantisme pour l’émancipation de la femme, à une époque où les choses étaient difficiles à faire, il aurait fallu avoir beaucoup de courage! en effet, il n’avait pas de tabous c’était quelqu’un de très libre dans sa pensée et dans ses actes. Il prenait la vie comme elle venait sans jamais baisser les bras. il était combatif. Je me souviens même que j’ai chanté et dansé avec lui, c’était lui qui m’avait mis dans le bain car après un concours de circonstance j’ai perdu mon travail, j’étais effondrée, il m’a rassuré en me poussant à travailler avec lui dans la musique. La musique était son oxygène, il vivait grâce et pour la musique et il n’a jamais baissé les bras même pendant les moments les plus difficiles. Depuis qu’il est parti il m’a laissée trop de vide, trop de peine mais quand je retrouve tous les amis et musiciens ça me fait. Brahim m’a mis du baume au cœur je n’aurais pas épousé quelqu’un d’autre que lui car il a su m’apporter ce réconfort par sa passion pour sa musique, il était mon remède, la musique est la plus belle chose qu’on ait pu faire ensemble bien sûr après nos deux enfants
Yani et Tanina.”
Akli D, chanteur :
« C’était le précurseur de la chanson kabyle moderne »
l “C’est avec un grand plaisir que je suis venu rendre hommage à un chanteur que j’admire énormément. La chose qui m’a marquée le plus est la convivialité mais aussi la richesse de cette rencontre où beaucoup d’amis et artistes out été conviés. Je crois que par sa simplicité, cette initiative est louable et doit rester comme une tradition car Brahim Izri mérite d’etre traité beaucoup d’egards après tout ce qu’il a pu apporter à notre culture comme ouverture vers l’extérieur, il était le précurseur de la chanson kabyle moderne. Les gens qui sont là sont venus avec cœur ouvert pour rendre hommage au grand artiste qu’est Brahim Izri et j’espère que demain d’autres générations lui rendront hommage car c’est le premier qui a traversé la méditerranée avec une harmonie moderne traversant les frontières et faisant rassembler les frères de tout bord.”
Ali Amrane, chanteur
« Il a su synthétiser les styles traditionnels kabyle et occidental »
l “Je connaissais l’œuvre et l’artiste quand j’étais au pays avec la chanson achouyi. Quand je suis venu en France je l’ai rencontré sur les plateaux de berbère tv où on faisait une émission ensemble, il sortait de l’hôpital, on avait bien discuté musique je l’ai revu une dernière fois à l’hôpital. Musicalement ce qu’il faisait est très riche car d’un côté il a côtoyé la musique traditionnelle kabyle issue des zaouïas et de l’autre il s’intéressait beaucoup à la chanson occidentale Bob Dylan et Maxime le forestier, il a pu marier les deux avec un style particulier et je pense que c’est grâce à ça qu’il a pu s’ouvrir à d’autre cultures. Je suis venu aujourd’hui pour participer à cet hommage et pour témoigner de ma sympathie et de ma reconnaissance envers l’artiste talentueux et courageux qu’il était.”
Propos recueillis à Paris par D. D.
