Les habitants de Chamlal bloquent la RN 12 et pénalisent… les citoyens

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Il faut dire que Chamlal se trouve dans un état de délabrement très avancé. C’est surtout le gigantesque égout à ciel ouvert qui s’est formé en contre-bas du village, le long de cette même RN 12, qui a fait sortir les villageois dans la rue. “C’est une situation qui dure depuis 10 ans !”, ironise un des manifestants précisant que les villageois ont soulevé le problème à maintes reprises mais en vain. “Ils ne font que promettre”. “Tous les responsables ont été saisis et tout le monde est au courant du problème, mais rien n’a été fait pour le régler”, nous dira encore un autre villageois.

La colère a atteint son paroxysme au sein des manifestants, qui ont procédé au blocage de la route à l’aide de pneus auxquels ils ont mis le feu. La fumée de ceux-ci se voyait de très loin. “Venez voir vous-même. Cette situation ne mérite-t-elle pas encore plus que ça?”, clame un villageois nous invitant à constater dans quelle situation est plongée la localité de Chamlal. L’image était en effet insoutenable.

C’est le moins que l’on puisse dire. Les eaux usées mêlées aux eaux pluviales ont formé un immense lac long et large de plusieurs mètres sur lequel surnageaient un tas d’ordures. Cette piscine immonde cerne quelques habitations inondés du fait. “Vous voyez cette maison, elle a été abandonnée par son propriétaire qui a préféré la quitter après avoir vu toutes les interventions échouer”, explique notre interlocuteur.

C’est à se demander en fait comment les maladies à transmission hydrique n’ont pas encore sévi dans le village, car la situation est vraiment propice pour la propagation de ces dernières. Selon quelques témoignages, les eaux usées du village se déversent à l’endroit incriminé. Ainsi, c’est une véritable fosse septique qui a ainsi vu le jour dans le village. En outre, les habitants disent que le réseau d’assainissement a éclaté en plusieurs endroits du fait que son installation date d’une dizaine d’année.

Aussi, les manifestants ont fait savoir que les conduites d’évacuation des eaux pluviales n’ont pas été réalisées, ce qui fait que les routes et les pistes de la localité sont défoncées. “Il est quasiment impossible d’accéder au village par cette route considérée comme étant la principale du village, la boue y est infranchissable”, estime un villageois. Celui-ci et ses nombreux compagnons étaient déterminés à rester mobilisé jusqu’à la satisfaction de leur revendication. Hier, ils voulaient surtout rencontrer le wali. La venue du P/APC de Tizi-Ouzou et du directeur de l’hydraulique de la wilaya n’a pas calmé les ardeurs. “Le maire et M. Abbas déjà sont venus à plusieurs reprises Ils ont promis de régler ça mais ils ont rien fait,” argue un manifestant. Il faut dire, en effet, que la situation qui expose à la catastrophe les villageois quotidiennement doit être prise en charge dans les plus brefs délais. Les pouvoirs publics connaisent pourtant la dimension du danger qui plane sur le village. Pourquoi alors avoir attendu que les habitants sortent dans la rue pour réagir. Cela si réaction immédiate il y a.

Encore une fois c’est la population qui doit payer les frais. Le blocage de la route a engendré des encombrements interminables. Toutes les routes qui mènent vers la ville des Genêts en venant des localités situées à l’est de la wilaya étaient parallèlement et quasiment bloquées.

En fait, il n’y a pas 36 chemins pour rallier Tizi. Outre la RN 12, les automobilistes n’ont le choix que d’emprunter le détour par Ouaguenoun ou celui de Tabarkoukt, et vu le nombre important de voitures qui ont afflué sur les deux routes secondaires, celles-ci étaient bloquées à cause de l’intensité de la circulation. “J’ai fait plus de quatre heures de temps pour arriver à Tizi”, dira un fonctionnaire exerçant dans la ville. D’autres ont pris leur courage à deux mains et ont continué le trajet à pied depuis le campus universitaire de Oued Aissi alors que plusieurs personnes ont dû rebrousser chemin et rentrer chez eux annulant ainsi toute affaire pour la journée d’hier.

C’est dire que l’action “légitime” doit-on dire, des villageois de Chamlal ne suscite que des désagréments à des milliers d’autres citoyens. Et encore une fois ce sont certains responsables, qui n’ont de responsables que de nom, qu’il faut accabler.

Cette action de rue est loin d’être la première du genre à travers la wilaya de Tizi-Ouzou. La protestation a même repris de plus belle dans la région. Avant-hier, le siège de l’APC de Freha a été fermé par la population. Tikobaine, chef-lieu de la commune de Ouaghenoun, a été complètement paralysé par une grève générale la semaine écoulée. Quelques jours auparavant, les habitants de la cité 600-Logements de la Nouvelle-Ville de Tizi-Ouzou ont également bloqué un axe routier.

M.O.B.

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