La triste affaire de l’école primaire Boutaouess de Ras-Bouira, et au-delà d’intéresser les manchettes des journaux, le temps de passer à autre chose, a le mérite de crever l’abcès de l’hypocrisie qui s’échine à placer l’école algérienne au-dessus de la mêlée, dans la sacro-sainte sphère des intouchables. Ne rabâche-t-on pas à l’envi que « kada al muâlimu an yakuna rasula (l’enseignant a presque la stature d’un prophète) ».
Mais c’est compter sans le sens des responsabilités d’une directrice qui refuse cette métaphore déplacée et refuse surtout d’adhérer à cette politique qui consiste dans de pareils cas à favoriser »l’arrangement », à étouffer l’affaire où, au pire des cas, à muter l’enseignant coupable vers un autre établissement. Non ! Madame la directrice refuse que son école soit »souillée », que ses élèves soient traumatisés, à vie peut-être, et que l’enseignant continue à sévir.
Elle dénoncera l’acte innommable. Mais voilà que l’on lui signifie, de la manière la plus officielle, qu’elle passera devant un conseil de discipline, le 22 du mois en cours (voir papier de B. Hafidh). Pourquoi donc? Parce que elle aurait du »camoufler », »couvrir »…? Vraisemblablement puisque cela semble être la politique adoptée par la sacro-sainte sphère. Sinon comment expliquer que l’enseignant pédophile qui capitalise une carrière de plus de vingt ans et qui a fait le tour des écoles primaires de la région, n’ a été jamais surpris ou soupçonné. Ce silence et beaucoup d’autres certainement, sont complices. Mais bon. De toutes façon les parents d’élèves et les enseignants soutiennent activement la directrice. Cependant, force est de constater l’absence de l’Association de la protection de l’enfance qui jusque-là ne s’est pas manifestée. Mais elle ne tardera sûrement pas à le faire pour apporter son soutien à “x” ou “y”… candidats à l’élection présidentielle. Que protège-t-elle donc ? Sous d’autres cieux une association de même profil se serait illico presto impliquée pour situer les responsabilités et surtout pour accompagner psychologiquement les victimes de »l’inceste » commis, faut-il le souligner, par un salafiste polygame (marié à trois femmes) et père de 14 enfants innocents.
Ce qui est triste dans cette »sale histoire », est que les victimes de ce pédophile ne bénéficieront sûrement pas du suivi psychologique : les parents ne sont pas en mesure de le faire, l’Association de la protection de l’enfance, on ne sait même pas si elle existe. Le cauchemar continue hélas pour eux.
T. O. A
