La loi qui stipule notamment que ne sont éligibles au LSP que les personnes (conjoint compris) dont les revenus mensuels ne dépassent pas les 72 000 DA est effrontément bafouée. Quand ce n’est pas la complicité de l’OPGI, c’est l’évidente complaisance des employeurs qui délivrent des fiches de paie comme d’autres des talismans qui est en jeu. Nos lecteurs doivent toujours avoir à l’esprit que la loi parle de “revenus” et non de “salaire”, nuances de taille.
Rien que pour l’affaire des LSP 154 Sidi-Ali Lebhar et 170 Sidi-Ahmed, elle ne se limite, finalement, pas à de simples remplacements d’acquéreurs par certains joueurs de la JSMB, mais, en consultant des documents qui nous ont été transmis, deux joueurs du MOB figurent aussi sur la liste des acquéreurs, sans oublier une longue liste de ceux qui ne devraient pas bénéficier d’un LSP en vertu de la loi en vigueur. Le plus important dans ces affaires, c’est qu’il s’agit d’un scandale encore plus grave ! D’ailleurs, le cadre dirigeant chargé du département finances et comptabilité de l’OPGI de Béjaïa, qui a “osé” saisir le DG par intérim pour demander des explications et des pièces justificatives sur certaines opérations douteuses a été “remercié pour sa vigilance” en octobre 2008 par un… licenciement ! En fait, il s’agirait surtout de détournement de LSP et de dilapidation de biens de l’Etat et, même, de faux et usage de faux. Ces pratiques auraient commencé depuis des années dans l’impunité totale puisque le scandale a toujours été étouffé par l’ancien DG de l’OPGI, Riyad Benraïs et ses complices.
En tout cas, les attributions se sont toujours faites en faveur des cercles intimes de l’ex-DG de l’OPGI et leurs “ramifications.” Plus grave encore, beaucoup de prête-noms ont été utilisés. Même les 392 LSP de Tala-Ouariane sont concernés puisque trois réservations ont été faites à la fin de l’année 2007 et un dossier ficelé à la veille du départ de Riyad Benraïs, l’ancien DG de l’OPGI, en juillet 2008, alors que le projet était achevé à 80% et la majorité des logements… habités.
Il suffit de jeter un coup d’œil attentif sur la liste des souscripteurs aux trois projets LSP de Béjaïa, (392 Tala-Ouariane, 154 Sidi-Ali Lebhar et 170 Sidi-Ahmed), pour remarquer que les familles Ouar et Khima (sept membres), parents par alliance, et Hamsi (trois membres), reviennent souvent et disparaissent avant d’être remplacés par… désistement ou annulation. Le nom du patron de la société de gardiennage, Menasria, est aussi mêlé dans ces scandales camouflés de l’OPGI. En tout cas, tout ce beau monde fait partie des cercles intimes de l’ancien DG de l’OPGI et leurs “ramifications.” Tout cela, sans compter les noms qui ne figurent dans les listes que pour faire du remplissage. Il est facile de deviner, dans ce cas, que sur le terrain réel, certains LSP sont vendus à titre promotionnel alors qu’ils ont un caractère social.
Du côté du préjudice causé à l’OPGI, en matière de cautions mises en jeux hors dates limites, le chiffre de 4 millions de dinars est avancé et plus de 50 millions de dinars de surcoût, pour les cinq cautions de soumission concernant les trois entreprises suivantes : ETB Bouchakel Md Tahar, ETB Ziani Yahia et ETB Aissat Djamel, pour les réalisations respectives de 75, 75 et 38 LSP. Dans tous les cas, tout fait penser à de la complaisance, voire même à de la complicité, ou encore pire, à des parts du “magot”.
Toujours concernant les entreprises, l’attribution de la réalisation d’un projet de 17 logements à l’entreprise ETB TCE Chelagha a été “annulée” plus de quatre mois après, le 19 octobre 2008, alors que cette entreprise avait presque… terminé l’infrastructure. Il aura donc fallu faire un “contournement” de la loi puisque l’éventualité de publier la consultation dans un journal non lu dans la région de Béjaïa et la vente du cahier des charges à l’entreprise qui sera retenue initialement, ont été retenues. Bien entendu, cette consultation “discrète” avait pour objectif de ne pas susciter la concurrence. Ce qui est une manœuvre frauduleuse contraire au code des marchés. Toutes ces irrégularités ont été signalées par le cadre dirigeant habilité à la faire. La conséquence a été, rappelons-le, son… licenciement.
Venons maintenant à certains détails sur les projets LSP. A première vue, tout donne l’impression, ou presque, que cela se fait conformément à la loi en vigueur, et pourtant…
En effet, malgré les retards accumulés dans la réalisation des 154 LSP Sidi-Ali Lebhar, l’OPGI a, d’abord, commencé par harceler les acquéreurs pour s’acquitter de leur dette représentant la deuxième tranche de paiement qui s’élève à 23 millions de centimes, et cela, en leur envoyant des convocations dès octobre 2007 avec des délais de… deux mois pour payer. Bien entendu, certains cas sociaux, que rien n’interdit de » ménager « , se sont retrouvés dans l’impossibilité de le faire. C‘est ainsi que le retard » n’étant toléré » que pour la » réalisation des LSP » et pas pour le paiement de la deuxième tranche, même pour les cas sociaux, ce qui est déjà anormal, le » processus légal » est entamé par l’OPGI pour commencer à… annuler des contrats, et cela, dès février 2008. On le saura plus tard, les objectifs réels de ces annulations n’avaient rien à voir avec le motif invoqué, à savoir le non-paiement de la deuxième tranche, mais, c’étaient juste pour effectuer des “remplacements” franchement scandaleux. Ce qui a été fait effectivement à partir du printemps 2008. On retrouvera ainsi la liste des postulants aux projets LSP 154 Sidi-Ali Lebhar et 170 Sidi-Ahmed avec les remplacements effectués y compris quelques logements des… 392 Tala-Ouariane ! Cette liste a été envoyée par le DPIF dans un courrier daté du 14 octobre 2008 sous la référence 657/DG/DPIF/2008, soit, dans un passé très récent.
Dans ces listes, on retrouvera ainsi des remplacements scandaleux et des postulants que l’on pourrait qualifier de “grands dribbleurs.” Citons des noms avec leurs “statuts”: Nassim Oussalah, joueur de la JSK, remplacé par un nom de la même famille ; quatre joueurs de la JSMB, à savoir, Kamel Marek, Mouloud Ismail, Mounir Zeghdoud et Mohamed Lamine Belkheir, un joueur du MOB, Karim Nait-Yahia. Bien entendu, les dossiers de tous ces joueurs ne seraient même pas passés par la CNL et la commission d’approbation de la wilaya, car, autrement, ils auraient été rejetés vu les conditions posées au préalable pour prétendre acquérir un LSP et notamment en matière de niveau de revenus. On retrouvera aussi les noms du fils et de la sœur de l’ex-DG de l’OPGI, Boubekeur et Fadila Benraïs. De plus, cette dernière habite… Constantine ! Le nom de Menasria (dont l’OPGI ne peut ignorer le niveau des revenus) revient, avec, éventuellement, des… prête-noms. On retrouve également des apparentés aux responsables de l’exécutif de la wilaya. La liste est longue…
En tout cas, on voit bien ce qui attend le “nouveau” wali de Béjaïa, Ali Bedrici, en matière d’enquêtes sur les scandales étouffés par l’ancien DG de l’OPGI, Riyad Benraïs, sous le “règne” de l’ancien wali, Rachid Fatmi.
Tarik Amirouchen