Yazid Zerhouni veut limiter le champ politique. Et l’a fait savoir lors du déplacement du président de la République, avant-hier, à Blida.
En faisant porter le chapeau du fort taux d’abstention lors des élections législatives du 17 mai dernier aux seuls partis politiques, trop nombreux à ses yeux, le ministre de l’Intérieur croit trouver le nœud du problème. Et le bouc émissaire est vite désigné. La thèse, en réalité, n’est pas nouvelle à ce niveau, puisque quelques jours auparavant, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, mais surtout Ahmed Ouyahia, patron du RND, avaient abondé dans le même sens.
Mais le plus énigmatique dans les déclarations de Zerhouni est le fait de se réveiller, dix-sept ans après l’ouverture du champ politique, pour demander « des comptes » aux formations politiques, mais aussi leur patrimoine immobilier. A qui s’adresse le message, en fait, lorsqu’on sait que le gros du patrimoine, financier compris, est entre les mains des partis de l’Alliance présidentielle, notamment le FLN ? Est-il normal que des organisations de masse, rattachées dans leur majorité au FLN, possèdent plus de biens que la majorité des partis réunis, excepté l’ex-parti unique, sans que personne ne se soucie ni de leur origine ni de leur utilisation ?
Nonobstant ces données, les visées de Yazid Zerhouni sont à chercher peut-être ailleurs. Parce que, ce n’est pas la première fois que les services du ministère de l’Intérieur font une telle déclaration, sans jamais passer à l’acte.
L’objectif recherché n’est-il pas en fait de laminer la majorité des partis politiques présents sur la scène pour laisser le champ libre aux seuls partis de l’Alliance présidentielle ? La thèse parait plus que jamais probable, si l’on se tient aux déclarations faites par les différents responsables politiques ces derniers jours. Pourtant, les choses ne sont pas aussi faciles que cela. Puisque à analyser les dernières élections législatives, le premier parti sorti des urnes, le FLN, ne représente en réalité que près de 10 % des l’électorat global. Sur 18 millions d’électeurs, le parti de Belkhadem n’a récolté que 1,3 million, sans parler de ses deux autres alliés. Où est donc le critère qui pourrait justifier une telle sélection entre les partis, si ce n’est un calcul tout simplement politicien ?
C’est cette dernière explication qui peut justifier les propos de Zerhouni. Parce que s’il est nécessaire de » nettoyer » la scène politique, les base de sélection doivent être d’abord clarifiées. Et les raisons de l’abstention sont à chercher ailleurs.
Ali B.