Fernane Hanafi ressuscité

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C’est dans une ambiance conviviale et de recueillement que se sont déroulés, hier et avant-hier, les deux premiers jours de commémoration de la mort d’un des grands noms de la révolution algérienne, Fernane Hanafi.

Ils ont été initiés par l’APC de Larbâa Nath Irathen, en collaboration avec le musée régional du moudjahid de Tizi-Ouzou, l’hôpital psychiatrique (EHS) d’Oued Aissi, le CHU de Tizi-Ouzou, l’Institut national de l’hôtellerie et du tourisme (INHT) et l’association Tagrawla (54 – 62), avec le concours de la famille du martyr et son village natal, El Kantra. Les commémorations ont été riches en témoignages et empreintes de recueillement, rehaussées par la présence des autorités locales, du P/APW et de membres de la famille révolutionnaire. 

Cet hommage s’inscrit dans une déontologie de reconnaissance du rôle de ce grand rassembleur, qui doit être connu de la nouvelle génération. C’était l’un des hommes qui ont joué un rôle clé lors de la préparation du déclanchement de la lutte armée. Dans ce sens, Djamila Fernane, nièce du héros, scénariste du film documentaire (52 mn), avec le concours du réalisateur Moussa Tertag, retraçant le parcours et la vie de fernane Hanafi, dira : « Ces journées commémoratives en hommage à mon oncle étaient attendues depuis fort longtemps. Cela me faisait mal de ne savoir quoi répondre quand on m’interrogeait sur lui. Cela me ronge depuis toute petite. Aujourd’hui l’occasion m’est donnée, pour faire connaitre cet homme courageux et dévoué. A ma façon, et en image, j’ai retracé son parcours. Et ce n’est que depuis l’achèvement de ce film et sa projection que je suis en paix avec moi-même. Voir autant de monde s’activer pour accueillir les invités aujourd’hui, à El-kantra, village natal de cette grande figure, me donne la chair de poule. L’émotion est à son comble ! Nous ressentons de la fierté d’appartenir à la famille de ce héros ». Dda Youcef, neveu de Fernane Hanafi, lui emboitera le pas en disant : « Cet homme avait la rage de vaincre et de convaincre des foules. D’ailleurs, il a pu convaincre ses 07 oncles de rejoindre la cause. Il était sociable et serviable toute en se faisant discret ». Et d’ajouter, les larmes aux yeux : « Il m’a marqué à jamais. Deux souvenirs de ce héros sont gravés dans ma mémoire. Le premier c’est quand il m’a envoyé au village Azouza, village natal de Abane Ramdane, pour dire à Me Alkama que la réunion allait se tenir à 7h00, le jour même. Etant au courant que ce dernier était surveillé il avait trouvé une parade, pour tromper la surveillance de l’armée française. Il m’a donné du lait que, soi-disant, je devais apporter au monsieur en question. Toute en lui disant : à 7h00. Chose que j’ai fait sans encombre. Et ce n’est que plus tard que je sus qu’il s’agissait d’une réunion secrète. Le deuxième souvenir remonte au jour de son arrestation. L’armée française l’avait arrêté et fait passer devant la mosquée du village. Histoire de faire peur aux autres. Et dès que je l’ai vu, je me suis approché de lui. Tout en souriant, il me dit : n’aie pas peur, ce ne sont que des chiens qui ne vont pas tarder à être en laisse. Ces deux souvenirs sont gravés à jamais dans ma mémoire ». Les témoignages des membres de sa famille ou des citoyens du village se sont succédé nombreux. Nous retiendrons que l’homme était sociable, aimable et serviable. Il aimait les siens et ne supportait pas la présence coloniale, surtout pas l’injustice et la servitude auxquelles elle a réduit le peuple algérien. Une injustice qui fit accroitre en lui le désir de vaincre et de libérer son pays. Et l’hommage fut digne de l’homme. La cérémonie d’ouverture de la commémoration, organisée au niveau de l’hôpital psychiatrique d’Oued Aïssi qui porte son nom, fut marquée par la communication d’Ali Yahia Abdenour. Il reviendra sur le rôle joué par Fernane Hanafi avant et pendant la révolution, soulignant qu’il été un agent de liaison remarquable qui a su rassembler les gens autour de lui. Dès son adhésion au parti PPA, en 1940, il prépara avec ses frères d’armes, Krim Belkacem et Ouamrane, le déclenchement de la guerre. Il avait d’ailleurs participé dans la nuit du 1er novembre 1954, aux nombreux attentats qui ont fait trembler la France.

Dans la deuxième journée, dont une partie s’est déroulée au niveau du village du martyr, El Kantra, on procéda au dépôt d’une gerbe de fleurs. Après la Fatiha, du saint Coran, les invités furent conviés à une Waâda organisée par l’APC de Larbâa Nath Irathen. La seconde moitié de la journée s’est déroulée au niveau du chef-lieu communal. Une projection du film documentaire intitulé ‘’Force de convaincre, rage de vaincre’’ a été proposées à l’assistance au niveau de la bibliothèque communale. Un film documentaire produit par la nièce du héros, réalisé par Moussa Tertag. Le film de 52 mn, se base surtout sur les nombreux témoignages des personnes qui ont connu le Chahid fernane Hanafi. Mais aussi des témoignages de plusieurs figures de la guerre de libération, à l’instar d’Ali Yahia Abdenour et Mohamed  Saïd Mazouzi, pour ne citer que ceux-là. La clôture de ces journées de commémoration se tiendra, aujourd’hui, samedi, au niveau du Musée régional de M’Douha. 

Y.Z

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