Les agriculteurs n’arrivent pas à rembourser les banques

Partager

Ces crédits allant d’un million à dix millions de dinars sont octroyés dans le cadre d’un financement, en général triangulaire incluant un tiers représentant le soutien de l’Etat, 15 % en apport personnel et le reste sous forme de crédit bancaire avec les intérêts pour la Banque de l’agriculture et du développement rural et sans intérêts quand c’est la Caisse nationale de la mutualité agricole qui est sollicitée. Un cadre de la direction de l’agriculture pense que le non-respect des échéances de remboursement concerne principalement les investissements importants tels que les huileries, lesquelles demandent un capital d’investissement de dix à quinze millions de dinars et où on n’enregistre pas de rentrées régulières.

Elles travaillent un trimestre dans l’année et la récolte n’est bonne qu’une année sur deux, ce qui ne permet pas aux fellahs de rembourser leur crédit sur la période accordée qui est de cinq années. Selon une source bancaire, la BADR à elle seule, n’arrive pas à recouvrer les créances détenues auprès de plus de 300 fellahs.

La même source nous parle de la possibilité offerte à ces derniers de restructurer leur dette par un autre échéancier à condition de procéder au paiement des intérêts et des pénalités de retard.

La même formule est proposée par la CNMA-Banque, filiale de la Caisse nationale de mutualité agricole qui prévoit dans ce cas de figure l’imputation d’intérêts car le crédit initial a été octroyé sans intérêts mais le défaut de paiement doit être sanctionné par le rajout d’intérêts. Le chef d’agence de la CNMA-Banque déclare avoir essayé de régler le problème à l’amiable en se déplaçant chez les concernés pour les sensibiliser tout en les invitant à régulariser leur situation avant de passer à la deuxième phase d’envois de mises en demeure et de lettres de sommation.

En dernier, il prévoit de saisir la justice pour les récalcitrants et d’ailleurs il nous informe qu’une trentaine de dossiers sont introduits en cette ultime phase.

D’après ce dernier, sur le millier d’agriculteurs ayant acquis du matériel et des produits par leur intérmédiare, 335 n’ont pas encore remboursé, soit près de 120 millions de dinars à recouvrer.

Unanimement, les pourvoyeurs de fonds reconnaissent que les intempéries, les feux de forêt, c’est-à-dire les catastrophes naturelles sont, principalement, à l’origine de ces difficultés de remboursement, mais ils soupçonnent l’attente par ces agriculteurs de l’intervention de l’Etat pour effacer leurs dettes comme cela a été fait auparavant créant ainsi un précédent, ont-ils affirmé.

Il est vrai que les incendies, par exemple, de l’été dernier avaient détruit plusieurs centaines d’arbres fruitiers et occasionné une vingtaine d’hectares de dégâts en chaume et en récolte sur pied ainsi que la perte de dizaines de bottes de foin. Concernant ces catastrophes, le chef d’agence de la CNMA-Banque affirme que ces cas sont pris en considération à leur niveau, y compris les faibles récoltes d’olives pour les huileries et rappelle qu’il est, en général, proposé le renouvellement de l’échéancier de payement afin de ne pas étouffer la situation financière des fellahs.

Il ajoute que seuls deux investisseurs en huilerie éprouvent des difficultés de remboursement à leur niveau ce qui n’est pas le cas pour la banque commerciale qui se fait payer des intérêts représentant un montant important pour ces huileries qui nécessitent un crédit bancaire de six millions à dix millions de dinars.

Quelle solution trouveront les pouvoirs publics à ces problèmes, du moment que le développement de l’agriculture, l’un des objectifs étatiques, passe impérativement par le recours au crédit bancaire?

A.GANA

Partager