Les prix de la viande flambent

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Les prix de la viande flambent et atteignent ces derniers mois des pics records. Dans toutes les boucheries, les prix de la viande bovine, préférée localement contrairement aux gens du Sud et des Hauts-Plateaux qui apprécient plus la viande de mouton et surtout de brebis, atteignent les 700 DA le kilo et descendent rarement en-dessous des 650 DA. Ce qui fera dire à un citoyen excédé : “Nous avons la viande la plus chère au monde”. Cette remarque est au fait confirmée par une étude de la FAO qui a classé, en 2006 (déjà !) l’Algérie au 2e rang des pays où la viande est la plus chère au monde. En effet, depuis environ trois décennies, les prix n’ont cessé de grimper de façon vertigineuse, se distinguant de tous les autres produits alimentaires. Pour certains hommes de terrain, les raisons, même complexes, peuvent être résumées ainsi : la première tient dans la “rapacité” des bouchers qui, même si les prix de la viande à l’étable du paysan baissent, eux, conservent toujours leur marge bénéficiaire intacte ! De plus, ils s’approvisionnent directement à la source et ramassent au passage à l’abattoir, gratuitement, tous les morceaux qu’ils vendent aux prix forts (têtes de veau, pattes, foie…). Un boucher gagne sur un veau en 2 ou 3 journées, voire une seule, ce que gagne le pauvre fellah en 5 ou 6 mois à engraisser son cheptel ! D’autres raisons tiennent à l’état du cheptel bovin. D’abord, la quantité de l’offre, très insuffisante pour couvrir les besoins et encore moins pour dégager une surproduction qui ferait baisser les prix. Ensuite, la qualité des vaches productrices de veaux. Les meilleures, celles dites “pies rouges” représentent un pourcentage insignifiant dans le cheptel algérien. La cherté et la pauvreté des aliments du bétail (maïs, son, foin) et la pauvreté des pâturages jouent aussi un grand rôle. Enfin, la multiplication des intermédiaires qu’ils soient professionnels (maquignons, chevillards) ou occasionnels, activant tous au noir et se revendant à l’infini la marchandise entre eux, complète le tableau. Et c’est le pauvre consommateur qui paiera l’addition au bout de la chaîne… chez le boucher. Comme d’habitude, comme toujours…

Bouammar Ahmed

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