Ce n’était pas pour lui souhaiter un bon anniversaire, mais pour lui réclamer une fois de plus la restitution des fusils de chasse confisqués en 1993, que les propriétaires des armes à feu ont envoyé 3000 cartes postales, timbrées et signées au président de la République. Hier matin, la place publique de la ville de Bouira était bondée de monde. Des vieillards sont venus des quatre coins de la wilaya pour interpeller une fois de plus le premier magistrat du pays afin qu’il intervienne pour restituer ou indemniser les fusils de chasse confisqués. Dans un panier, 3000 cartes postales attendaient d’être acheminées vers la poste de Bouira et autour un débat animé entre plusieurs anciens maquisards sur les suites à donner à cette crise qui perdure. “De toutes façons, si nos biens ne sont pas restitués ou indemnisés, nous n’irons pas voter”, dira Ammi Brahim. Une idée partagée par tous ses compagnons qui ont applaudi à l’unanimité cette suggestion. Une suggestion qui deviendra, au bout de quelques minutes seulement de pourparlers, un leitmotiv approuvé par l’ensemble des présents.
Selon Ammi Moh, il n’est plus question de se faire manipuler une fois de plus à l’approche des joutes électorales : “En 1999, nous avons voté, idem en 2004, alors que les conditions étaient très difficiles à l’époque, mais cette fois-ci, nous n’irons pas aux urnes si nos fusils ne sont pas restitués, c’est une condition sine qua non”, dira l’octogénaire de Haizer. Pour Ammi Ali, septuagénaire bon pied bon œil de Ain Bessem, le président de la République peut faire un geste réconciliateur envers les propriétaires de fusils de chasse : “Le Président Bouteflika a fait un geste hier en épongeant les dettes des agriculteurs, il peut bien nous dédommager pour nos fusils, ce ne serait que justice d’ailleurs.”
Une approche partagée et applaudie par l’ensemble des vieillards qui, vers 10h00, se sont dirigés en groupe vers la poste du chef-lieu de wilaya. La marée humaine, composée de près de deux cents personnes, arrivée à l’agence postale a attendu sagement devant l’édifice, le temps aux délégués de remettre aux préposés des guichets les 3000 cartes postales. Des policiers en faction, visiblement dépassés par cet événement inattendu, ont toutefois, facilité l’accès vers l’agence postale. La foule s’est dispersée dans le calme, une fois que les délégués ont annoncé l’envoi de ce courrier assez exceptionnel. Il est sûr que les agents de la poste de Bouira, n’auront jamais eu autant de travail que durant la journée d’hier.
Hafidh B.