Après la sommation du directeur de l’EPH, Ali Akloul, à l’encontre des médecins spécialistes leur demandant de revenir sur leur préavis de grève, lancé en dernier, ces derniers ont apporté des compléments d’informations quant aux propos rapportés par nos soins en date du 27 février (voir la Dépêche de Kabylie n°2052). Le Dr A.Touahri, affirme : “La violation du secret médical dépasse de loin le fait d’apposer la signature du directeur de l’établissement sur le courrier accompagnant les malades transférés vers d’autres établissements”. Cette “entorse” à la loi s’étend, selon le Dr Touahri, qui se réfère aux correspondances du directeur, au “droit d’accès à toutes pièces médicales à la simple curiosité d’inspecter, or le secret médical, poursuit le Dr Touahri, n’est censé être partagé qu’entre le patient et son médecin traitant selon les termes de la convention de Genève ratifiée par l’ Algérie”. A. Abassene, directeur de l’hôpital, assure qu’il est de son devoir de veiller à ce que toute la réglementation soit respectée dans l’établissement et qu’il est habilité à constituer une commission d’enquête qu’ il convoquera à chaque fois qu’il suspectera une anomalie. “je suis tenu au secret médical moi aussi”, commente-t-il confiant.
Ce grief n’est pas le seul retenu par le “collectif des médecins spécialistes” lequel accuse les responsables de l’hôpital de faire dans “l’intimidation” sous diverses formes, à leurs égards. La colère de ces médecins est générée, selon le Dr Belbachir, par “l’injonction aux médecins du mode opératoire (traitement) à appliquer aux parturientes, ce qui équivaut à réduire le rôle du médecin à l’exécution de l’acte chirurgical”, et d’ajouter que c’est “une aberration que nous ne pouvions tolérer d’autant plus que nous assumons seuls la responsabilité pénale de nos actes !”. Ainsi pendant que les médecins font valoir l’argument de leur responsabilité pénale en cas de faute, la direction de l’hôpital affirme, quant à elle, que les médecins sont entièrement protégés par la loi et sont couverts par l’assurance de l’hôpital.
Ce conflit, qui couve depuis la mi-décembre, a jeté ses tentacules partout et soulève divers questionnements sur le fonctionnement, les relations de travail qu’entretiennent les corps médical et administratif et les prérogatives de chacun. Mais, et surtout, le manque de médecins spécialistes, notamment les gynécologues-obstétriciens au niveau de la localité qui ne compte actuellement qu’une gynécologue, d’ ailleurs, partante sous peu de temps.
Pour sa part, le Dr Boubechir, spécialiste en radiologie, évoque “la mauvaise gestion de l’établissement” en mettant en exergue “le manque d’équipements médicaux, notamment radiologiques, indispensables, de nos jours pour faire profiter les malades des avancées techniques dans le domaine médical”. Il enchaîne disant que “le budget de l’hôpital n’a pas été entièrement consommé pendant l’année écoulée alors qu’il était possible d’acquérir toute une panoplie de matériel!”. Ali Kouchah, économe de l’hôpital, dément cette information et affirme : “Le budget est engagé entièrement et l’EPH s’est doté considérablement en équipements médicaux.”
Tandis que les médecins spécialités posent le préalable de la levée des sanctions prononcées à l’encontre de certains d’entre eux pour l’entame de toute discussion, la direction de l’hôpital estime que le seul problème qui se pose réside dans le fait que ces médecins refusent de pratiquer des césariennes.
L’EPH Akloul-Ali d’ Akbou a comptabilisé quelque 2 200 interventions chirurgicales pendant l’année 2008 dont 400 césariennes. La situation actuelle, si elle devait perdurer, pénalisera certainement les citoyens, notamment les plus démunis dont les moyens de subsistance ne leur permettent pas de se diriger vers les cliniques privés où une simple césarienne coûte cinq millions de centimes. Aussi l’Etat est appelé à renforcer son staff médical dans les spécialités en manque et ce pour assurer effectivement le droit d’accès à tous aux soins médicaux.
B. Sadi