La sardine, la plus prisée, était cédée hier à 250 dinars le kilogramme. Un prix qui reste inabordable pour les petites bourses qui se plaignaient déjà lorsqu’elles étaient moins exagérées.Il faut dire qu’à Tizi-Ouzou, les prix n’ont que rarement atteint un seuil à même de satisfaire le client.
100 DA, qui est en moyenne le prix souvent pratiqué dans la capitale de Djurdjura, pour la sardine, est loin d’être raisonnable. Cela pour dire que le poisson en général a de tout temps été cher dans la wilaya qui est pourtant forte d’une façade maritime de 85 kilomètres. A quoi est donc due cette tendence des prix élevés des poissons à Tizi-Ouzou.
Pour plus d’un, ce phénomène est la conséquence du fait que la marchandise doit passer entre trois mains avant d’arriver au consommateur : il s’agit du pêcheur, du transporteur et du vendeur. En cours de route le coût de la sardine et du poisson grimpe d’un donneur à l’autre. Vendu par le pêcheur au client ou du moins au vendeur, le prix n’aurait peut-être jamais atteint ces seuils vertigineux.
Les intermédiaires montrés du doigt
Les intermédiaires entre le pêcheur et le vendeur sont certainement pour quelque chose dans cet état de chose. Bien entendu, ces derniers ont leurs raison, le transport est l’une d’elles. Il faudra noter ici que la grande partie de la marchandise commercialisée à Tizi est acheminée depuis Boumerdès notamment. Cela nous amène à dire que les 85 km de côte de la wilaya de Tizi-Ouzou sont loin d’être suffisamment exploités, du moins pour le moment. “ A Tizi-Ouzou on n’a pas encore cette culture de la pêche qu’ on trouve à Dellys ou ailleurs”, expliquera le directeur de la pêche de la wilaya de Tizi-Ouzou, lors d’une rencontre tenue dernièrement avec la presse locale. Il faut dire que le secteur de la pêche reste toujours à la traîne à Tizi, et ce malgré les efforts fournis par les pouvoirs publics dans le domaine. Cela se reflète inéluctablement sur les prix. En fait, le secteur a de tout temps été négligé dans la wilaya et ce n’est qu’à partir du début de cette décennie qu’on a commencé à s’intéresser vraiment à ce domaine qui s’est avéré être un secteur névralgique. Aussi, il faudra donc attendre quelques années pour “pêcher” les fruits des investissements engagés.
Manque de moyens chez les pêcheurs
Il est utile de signaler, à titre illustratif, que ce n’est qu’en 2003 que les chalutiers ont atterri dans le port d’Azzefoun, cela alors que celui de Tigzirt n’en est pas encore doté. La wilaya de Tizi-Ouzou, qui est loin de produire ce qu’elle consomme en matière de poisson notamment la sardine, se distingue par la pêche côtière pratiquéepar le biais des petits métiers.
Les pêcheurs n’ont pas encore les moyens de garantir une production à même de permettre à Tizi de s’autosuffire. Consciente du problème, la Direction de la pêche a décidé, d’ailleurs de mettre les bouchées doubles afin de booster le secteur.
Cela avec les différents projets initiés mais aussi en instruisant les pêcheurs de passer à la pêche continentale. Aussi, la même direction a fait état du manque de cette culture relative à la pratique du métier, a décidé de procéder à la formation des pêcheurs. Dans ce registre, 169 pêcheurs ont été formés jusque-là. 29 projets ont été également réalisés dans le domaine plus de 1, 6 milliard de dinars. Parmi ces projets, on relèvera la ferme aquacole pour l’élevage du loup de mer et de la daurade installée à Azeffoun qui sera opérationnelle à partir du mois de mai prochain.
En attendant les projets à l’horizon 2014 !
Par ailleurs, plusieurs autres projets sont retenus à l’horizon 2014. Il s’agit notamment des trois plages d’échouage prévues à Aït Chafaâ, Iflissen et Mizrana, d’une station de ravitaillement à Tigzirt, d’une halle de vente à Tigzirt, d’un chantier de construction navale à Azeffoun, des trois entrepôts frigorifiques à Azeffoun…
Ainsi que d’un centre de distribution des produits halieutiques à Tizi-Ouzou.
Des projets qui sont destinés à pousser ce secteur de la pêche à aller de l’avant dans une wilaya riche de son littoral mais pauvre dans la production halieutique. Ces infrastructures permettront de rattraper le temps perdu de toutes ces années durant lesquelles la pêche a été une laissée-pour-compte. En attendant, les citoyens doivent faire avec la situation actuelle.
Les prix exorbitants de la sardine et du poisson ne tomberont pas dès demain, cela d’autant que les conditions climatiques considérées par le directeur de la pêche de la wilaya, comme étant l’une des raisons principales de cette hausse conjoncturelle, mais fracassante de ces prix, n’ont pas tendance à se stabiliser.
M. O. Ben Mokhtar