Elles y sont venues en masse. On voyait des femmes de tous âges et de toutes conditions. Il y avait des travailleuses, libérées par leurs employeurs pour la demi-journée mais aussi beaucoup de femmes au foyer qui trouvèrent là, l’occasion de flâner et d’écouter en direct un peu de musique, fait rare de nos jours dans nos contrées.
Il y avait beaucoup de jeunes filles mais également des vieilles dames qui ont tenu à être de la fête. Au Centre culturel se sont tenues des expositions de travaux féminins. On pouvait admirer les robes kabyles toutes plus attrayantes les unes que les autres, des tapis chatoyants aux motifs berbères. Mais c’est le gala qui a marqué cette édition 2009. Il a vu la participation de divers chanteurs, dont Gigi et un groupe local. Il faut dire que des avancées significatives ont été faites en matière de présence féminine dans les administrations, notamment le corps enseignant et la santé, mais aussi la santé animale (les vétérinaires sont déjà en majorité des femmes) ainsi que les métiers de la communication. Elles y apportent charme et délicatesse mais aussi rigueur professionnelle ! D’autres métiers sont investis par les femmes, doucement mais sûrement, cassant les tabous là où ils subsistaient encore, tels que le corps de Police, les corps de notaires, du barreau et bien d’autres. Elles font montre de talent et de compétence qui n’ont rien à envier à leurs collègues masculins. Fait significatif, leur présence au travail a été dans notre région l’élément qui a légitimé leur conquête des espaces publics, notamment la rue.
Le chemin parcouru a été consistant mais beaucoup reste à faire. Si le souvenir des manifestations féminines du début du siècle en Europe et en Amérique, à l’origine d’ailleurs de la consécration du 8 Mars est loin, les femmes continuent de subir dans maints aspects de leur vie, des situations d’infériorité récurrentes et de vivre des anachronismes hilarants, particulièrement dans nos contrées. Elle peut être médecin ou juge, mais elle ne peut entrer dans un café du village. Les femmes sont devenues par la force des choses l’objet de cristallisation de toutes les contradictions mais elles suscitent aussi toutes les avancées.
Dans les régions rurales longtemps abreuvées à la culture du “nif”, leur sort constitue de nos jours la vraie mesure de l’évolution sociale.
M. Amarouche