De fait, les invités du jour, à savoir le directeur de la santé et de la population de la wilaya (DSP) et le DG du CHU Néddir-Mohamed, étaient les personnes les mieux indiquées pour présenter le secteur, évoquer ses perspectives et débattre de ses carences. Après les formules d’usage, les deux invités se sont directement mis dans le bain du forum en procédant à de courtes (mais fiables) présentations chiffrés du secteur qu’ils gèrent. Le DSP, le premier à intervenir, a précisé, d’emblée, que c’est la première fois qu’il se produit dans un tel cadre et qu’il ferait de son mieux pour saisir cette aubaine en vue de combler quelques lacunes de communication.
Dans la foulée, l’intervenant prendra le soin de rappeler les spécifiés (géographiques, politiques et sociales) de la wilaya de Tizi-Ouzou, laquelle, estime-t-il, a toujours eu besoin d’une carte sanitaire spéciale. “C’est pour cela qu’o a œuvré pour un fonctionnement spécifique à la wilaya après moult études et constatations”, dira M. Gachetmi, avant d’ajouter : “Je ne m’étalerai pas trop sur ce qui a été fait à Tizi-Ouzou dans le secteur de la santé. Tout le monde a pu constater les avancées réalisées. Je ne dirais pas, que toutes les lacunes ont été comblées, mais je ne suis pas de ceux qui dressent des tableaux noirs sur des situations qui évoluent. De fait, je vous annonce que nos structures sanitaires sont étoffées et renforcées à très court terme. La ville de Drâa Ben Khedda accueillera un centre hospitalier spécialisé dans la cardiologie pédiatrique qui coûtera plus de 166 milliards. Les travaux, réalisés par une entreprise portugaise, sont à 40 % d’avancement,” conclut-il.
L’exposé de M. Gachetmi en matière de projets ne s’est pas arrêté là. Il dévoilera, aussi, que la localité de Drâa Ben Khedda verra également naître un autre centre pour la lutte contre le cancer, dont l’enveloppe est évaluée à plus de 350 milliards de centimes. Le nouveau hôpital d’Azzefoun, d’une capacité de 60 lits, sera mis en service d’ici l’été prochain. Il aura coûté pas moins de 75 milliards de centimes, en plus des 20 milliards d’équipement. Cet hôpital, qui assurera toute les spécialités de base, aura à soulager toute la population de la Kabylie maritime, dépourvue, il faut le dire, de structures sanitaires d’envergure. Et c’est d’ailleurs sur la base de cette même conception qu’il a été décidé la réalisation d’une extension de l’hôpital de Tigzirt, lequel disposera, désormais, d’un véritable bloc opératoire.
L’hôpital des Ouadhias, d’une estimation de 60 milliards de centimes et l’extension de l’hôpital de Boghni figurent également dans le programme de la DSP concernant le renforcement des structures de la wilaya, et ce, au même titre qu’un établissement “mère et enfant” à Oued Falli, près de Tizi-Ouzou, la polyclinique de la nouvelle-ville, celles de Aïn El Hammam, Rédjaouna, Boukhalfa, Tamda, Mechetras, Drâa El Mizan et Aït Bouaddou.
Toutes ces perspectives, commente le DSP, ont été projetées dans le cadre de la toute nouvelle carte sanitaire de la wilaya, issue des réformes décidées par la tutelle. Des réformes qui ont vu naître de nouvelles nominations en remplacement des ex-secteurs sanitaires, qui, eux, étaient au nombre de huit rien que pour la wilaya de Tizi-Ouzou. Désormais, précise M. Gachetmi, il faudra parler d’Etablissement public hospitalier (EPH) et d’Etablissement public de soins de proximité (EPSP). Ces deux nouvelles structures ont volontairement été séparées pour éviter tout chevauchement de prérogatives.
La première, dotée d’un responsable, s’occupera des soins curatifs. La deuxième également indépendante, se chargera des soins préventifs précise l’intervenant, lequel n’a pas omis d’expliquer qu’en fonction des nouvelles réformes, tous les centres de santé dont dispose la wilaya ont été érigés en polycliniques.
Pour finir son exposé, et avant d’entamer les débats avec les journalistes et les invités du forum, le DSP fera un autre récapitulatif de son secteur, et ce, en dévoilant que la wilaya de Tizi-Ouzou a bénéficié, entre 2007 et 2008, d’une enveloppe de 30 milliards de centimes rien que pour l’équipement et la médicalisation des structures existantes. De plus, Tizi-Ouzou dispose actuellement de 268 salles de soins…
Le CHU de Tizi-Ouzou : Une structure en pleine mutation
Après l’intervention du DSP, c’est au Dr Mansouri, le DG du CHU Neddir-Mohamed, qu’était l’honneur de présenter l’établissment qu’il gère. De prime abord, Dr. Mansouri s’est voulu sincère et pragmatique en affirmant que “ce secteur est d’une sensibilité extrême et que par conséquent, on se doit de tout se dire… !”
De fait, l’intervenant placera immédiatement l’hôpital de Tizi-Ouzou dans un cadre régional puisqu’il couvre quelque 3,5 million de personnes, ce qui représente de 8 à 10 % de la population algérienne. “Notre hôpital est un centre hautement spécialisé. D’énormes efforts ont été consentis pour le réhausser à ce niveau. Pour ce faire, nous avons dû batailler dur pour une mise à niveau de cette structure vieillissante, dont certains mobiliers et équipements dataient des années 60 et 70. De plus, le CHU de Tizi-Ouzou avait hérité, en 2002, d’une dette hallucinante dont le montant dépassait… les… 52 milliards”. C’est avec ces mots, directs et tranchants, que Dr. Mansouri a expliqué le contraste frappant entre le passé et le présent de l’hôpital.
Lors de son discours, l’intervenant précisera qu’il à fallu arracher plus de 200 milliards de centimes pour enclencher la mise à niveau de la structure.
Depuis quelque temps, le CHU de Tizi-Ouzou est passé de 32 à 42 services, ses capacités de formation de spécialistes ont doublé. Des maîtres-assistants sont passées professeurs grâce au concours de l’hôpital et 1 600 étudiants en médecine y sont affectés. L’hôpital de Tizi-Ouzou, c’est chaque année, 40 greffes de la cornée. La pause de la prothèse de l’oreille moyenne, une première en Algérie,y a été réalisée avec succès ces derniers jours. Et ce n’est pas tout ! Le CHU Neddir-Mohamed est actuellement le deuxième centre de prise en charge de la maladie du cancer, car 1 200 malades s’y soignent. Un centre spécialisé dans le cancer du sein et de l’utérus (qui font actuellement des ravages dans la région) a été ouvert et 120 interventions ont été réalisées. Actuellement, l’établissment se penche sur l’utilisation de la technologie de l’ORL pour soigner et opérer de graves cancéreux comme ceux du larynx au même titre que le renforcement des implantations de pace-makers (cardiologie) dont le nombre a dépassé les 270.
Cela sans parler des perspectives à court terme comme le projet de cardiologie interventionnaire d’ici à avril et la greffe d’organe prélevés sur cadavre.
Il va sans dire que l’hôpital a acquis récemment, une IRM et un scanner dernière génération (16 coupes) dont la mise en service est prévue pour les prochain jours. Le bilan fait, les présentations achevées, l’assistance s’est régalée, en compagnie des deux invités, d’un débat riche, passionnant et fortement appréciable dans son niveau intellectuel qui a permis des éclairages sur les jeux et enjeux de la politique de la santé de la wilaya, pivot du développement social et économique. A bâtons rompus, le DSP et le DG de l’hôpital ont répondu, terre à terre, à toutes les questions et autres interrogations des journalistes. Celles-ci sont axées, dans un premier temps, sur la qualité de l’accueil au niveau des établissements hospitaliers. Les réponses, il faut le dire, étaient tout aussi pertinentes tout au long du forum.
Ahmed Benabi